20 ans de Guineenews : Edwy Plenel de Médiapart, Salam Fall de Seneweb, Bouba et Gassama aux étudiants

Nos confrères de Guineenews.org continuent de fêter le 20ème anniversaire de leur site. Dans la matinée de ce samedi, 28 octobre 2017, ils ont organisé une conférence-débat à l’université de Sonfonia devant un parterre d’étudiants avec comme thème : « Presse en ligne et démocratie », rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a assisté à la rencontre.

Parmi les personnalités présentes, il y avait Edwy Plenel de Médiapart, Salam Fall de Seneweb, Kalifa Gassama Diaby, ministre guinéen de la Citoyenneté, Sansy Kaba Diakité, commissaire général de l’évènement ‘’Conakry capitale mondiale du livre’’, les responsables de l’université de Sonfonia et toute l’équipe de Guineenews.

Edwy Plenel de Médiapart et Boubah de GuineenewsDans l’exposé du thème, le conférencier, Edwy Plenel de Médiapart, a rappelé qu’il y a 20 ans, l’internet était « balbutiant » et les réseaux sociaux actuels n’existaient pas. « Il y a lieu de comprendre que cette révolution technologique est une arme démocratique. Désormais, chacun d’entre nous, sans distinction d’origine, de condition sociale, d’appartenance, d’identité, de nationalité, nous avons le pouvoir de communiquer. Communiquer horizontalement, partager nos expériences, faire connaître nos savoirs et c’est ce qui s’est passé avec Guineenews qui est devenu avec tous ceux qui l’ont rejoint, le point de ralliement de tous les guinéens pour savoir de façon sérieuse, rigoureuse, ce qui se passait à propos de leur pays», a-t-il expliqué.

Selon Edwy Plenel, l’expérience de Guineenews.org procure quelque chose d’important et qui concerne tous, surtout la jeunesse guinéenne.

Revenant sur le thème de la conférence, le patron du redoutable site français explique que la démocratie ne sera jamais parfaite. « Elle sera toujours un enjeux de bataille, de combat. Il faut des pouvoirs, des contre pouvoirs, il faut une société vivante. Je vous le dit très nettement, sinon brutalement : la démocratie, ce n’est pas le droit de vote. Quoi qu’il suffise de voter, de choisir des représentants et quand il s’agit de nos systèmes présidentiels, de choisir à intervalle de plusieurs années une seule personne qui va dire le tout. C’est une vision pauvre, une vision limitée et du coup fragile de la démocratie », a-t-il dit aux étudiants massivement mobilisés.

Pour lui, si le citoyen n’est pas informé, s’il n’a pas la possibilité de trouver les informations honnêtes, de façon pluraliste et indépendante, il peut voter en étant « aveugle » comme s’il avait un bandeau sur les yeux. « C’est comme si j’en étais prisonnier de la propagande, de la communication partisane des idéologies », dit-il.

« Pour qu’il y ait une démocratie authentique et pour que ce droit de vote ne soit pas une fiction, il faut qu’il y ait à côté, le respect d’un droit fondamental et aussi important, sinon plus que le droit de vote : le droit de savoir. J’ai le droit de savoir tout ce qui est fait en mon nom, tout ce qui est d’intérêt public, etc. » ajoute Edwy Plenel.

De son côté, le fondateur du site sénégalais, Salam Fall a vu beaucoup de similitudes entre son médium ‘’Seneweb et Guineenews’’. Le premier point est qu’au début de leur parcours, les deux sites étaient animés à partir de l’extérieur. Le second point, ils ont tous commencé par le bénévolat parce qu’il n’y avait pratiquement aucune source de revenue.

S’adressant aux étudiants, le fondateur de Guineenews.org, Boubacar Caba Bah a invité tout un chacun à ne pas se « sous estimer ». Pour lui, on ne peut jamais être seul dans la vie. « Si on a ce que l’on a aujourd’hui, c’est tout simplement parce qu’on a une équipe », a-t-il rappelé, avant d’insister sur le fait que la presse et la démocratie sont deux concepts liés.

Prenant la parole, le ministre de la Citoyenneté, Kalifa Gassama Diaby a souligné quand à lui, l’importance de conceptualiser les termes liberté, indépendance et justice. « Classiquement, dans des pays qui sont constitués avec un Etat fiable, fonctionnel et qui remplit toutes les conditions politiques, structurelles et fonctionnelles de l’Etat, lorsqu’on parle de la liberté de la presse, les menaces qui sont relatives à ces libertés, l’Etat est souvent montré du doigt », a-t-il reconnu.

Par ailleurs, le ministre Gassama Diaby a rappelé qu’en matière de garantie des libertés, l’Etat est le principal débiteur. « En Guinée, cela peut-être le cas. Mais, cela n’est pas le seul cas. Lorsque nous suivons le débat de société dans notre pays, il est assez flagrant de constater que les gens, manifestement, ignorent la vérité factuelle parce qu’ils se refusent de croire à ce qui est vrai parce que cela ne les arrange pas dans leur confort politique ou idéologique ».

Selon le ministre guinéen des Libertés et de la Citoyenneté, les gens ne veulent savoir que ce qu’ils aiment savoir. « La vérité ne les intéresse pas. Cela pose un problème dans le débat démocratique en Guinée», a-t-il souligné.

Aux dires du ministre Gassama Diaby, dans notre pays, lorsqu’un journaliste fait des investigations, publie des articles dérangeants, « les gens s’empressent de faire dérouler l’écran pour avoir le nom du journaliste. En fonction de son nom, on est en position de croire et de ne pas croire. Et, le plus souvent, lorsque le nom correspond à notre communauté ethnique d’origine, la personne est considérée comme un traître, un lâche ou alors on lui a donné de l’argent ». Le droit de savoir, dit-il, impose ce devoir de vérité.

Mamadou Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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