Marches des journalistes de Labé : front commun contre les prédateurs de la liberté de la presse

Les journalistes, techniciens et autres employés de médias qui étaient dans les rues de Labé ce jeudi matin pour protester contre les atteintes à la liberté de la presse par le régime du président Alpha Condé ont officiellement transmis leur mémorandum aux autorités régionales à travers le chef de cabinet du gouvernorat, Ouremba Traoré qui avait à ses côtés le secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de la préfecture, Lanciné Sangaré, rapporte un correspondant de Guineematin.com dans la région.

Dans ce mémorandum de la presse locale présenté par notre consœur Kadiatou Keïta de la radio BTA FM, les journalistes, techniciens et autres employés de médias à Labé ont exprimé un certain ras-le-bol qu’ils éprouvent « depuis déjà si longtemps. Des cas de violence au quotidien sur la corporation sont perpétrés, mais n’ont jamais altéré la volonté de servir le peuple de Guinée comme on s’y est engagé, mais hélas ! La presse y a laissé trop de plumes cette dernière décennie. Faudrait-il dans un lot de cas rappelé certains que l’opinion a encore en mémoire tels que : lors de la première visite présidentielle du Professeur Alpha Condé à Labé, la presse a été molesté sous ses yeux et pas une fois dans ses discours qui ont suivi, il n’a répété ce fait et nul autre administrateur répondant de lui ne l’a fait ; la disparition de Chérif Diallo, journaliste reporter d’images à Hadafo, l’assassinat de Mohames Koula Diallo et tout récemment des gendarmes de l’Eco 3 de Matam à Conakry ont perpétré une véritable barbarie sur des hommes de médias. Bilan : des blessés et plusieurs matériels de travail endommagés. A cela, on peut rajouter un acharnement sans précédent de la Haute Autorité de la Communication (HAC) contre des médias comme ce fut le cas du groupe de presse Gangan, de la radio Espace et de la Télévision privée Evasion Guinée. Au vu donc de la situation que tout homme est censé connaitre, cela démontre un véritable recul net des acquis démocratiques ».

C’est pourquoi, les journalistes évoluant à Labé ont souhaité que le gouverneur de région, Sadou Keïta soit leur porte-parole pour assurer un des ses devoirs en ses titres et fonctions, notamment la garantie de la liberté de la presse au sens strict, sans laquelle on ne saurait parler de démocratie.

« Il n’y a pas de démocratie sans une presse libre et indépendante. C’est pourquoi, vu l’allure des choses, nous nous sommes dit qu’il est temps que nous nous levions dès maintenant pour crier haro sur les violences faite à la presse et faire front contre tous ceux qui veulent s’ériger en fossoyeur de la démocratie, notamment de la liberté de penser et de s’exprimer. Nous disons halte aux exactions faites aux journalistes, aux tentatives d’intimidation, aux mépris de la Haute Autorité de la Communication vis-à-vis des médias privés en Guinée » a-t-elle ajouté, au nom de la presse locale.

En recevant ce mémorandum de deux pages, le chef de cabinet du gouvernorat de Labé, Ouremba Traoré, a , au nom du gouverneur Sadou Keïta, en mission à Conakry, remercié les journalistes, techniciens et autres employés de médias pour le caractère pacifique de cette marche.

« Je voudrais très sincèrement me réjouir de votre présence parmi nous ce matin. Une présence civilisée, une présence démocratique. Vous avez traversé la ville de Labé. Personne n’a été blessée, personne n’a été violentée, personne n’a été empêché d’aller là où il veut. C’est la veut tout simplement dire que notre démocratie est en marche. C’est pour cette raison que je voudrais vous féliciter et vous remercier », a-t-il indiqué.

Poursuivant son intervention, le chef de cabinet de Labé, Ouremba Traoré a reconnu la légitimité de la démarche des journalistes guinéens.

« Légitime, parce que les auteurs de l’acte, nos frères et sœurs de la gendarmerie ont eux-mêmes reconnus leur faute et ont présenté les excuses à la presse nationale. C’est ce qui est extrêmement important. Vous devez vous remémorer, chacun en ce qui le concerne, qu’il y a quelques années, cela ne pouvait pas se faire. Que les forces de sécurité et de défense présentent des excuses à la presse, c’était vraiment un rêve. Mais, aujourd’hui, c’est chose faite. Tout cela, c’est grâce à votre bravoure et votre détermination à instaurer dans notre pays les éléments fondamentaux de la démocratie. La presse s’est battue, corps et âme, pour que cette démocratie soit une vérité, une réalité. Nous vous encourageons et nous vous invitons à persévérer, à continuer pour que la Guinée à l’instar des autres pays soit effectivement un pays de droit », a-t-il ajouté.

Pour terminer, le proche collaborateur du gouverneur de Labé a pris l’engagement solennel de ne ménager aucun effort pour que ce mémorandum de la presse locale arrive à qui de droit et à temps.

De Labé, Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com






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