« Il faut maintenant quitter le stade des discours pour agir… »

La Guinée participe  à la 23ème Convention de la Conférence des Parties la COP 23. Plus de 10 mille participants venus du monde entier sont présents à ce rendez-vous qui se déroule dans l’ancienne capitale fédérale Allemande.

Quel bilan à mi-parcours peut-on faire de la participation de la Guinée à cette rencontre planétaire ? Quels sont les projets présentés ? Ou encore la place qu’occupe notre pays en tant président en exercice de l’Union Africaine à travers le Président Alpha CONDE également Président de « l’initiative des énergies renouvelables ?

Pour tout savoir nous vous proposons cet entretien qu’a bien voulu accorder la Ministre de l’Environnement des Eaux et Forêts Madame Assiatou BALDE à radio environnement guinée à Bonn.

Madame le Ministre merci de recevoir radio environnement guinée au stand de la Guinée ici à Bonn Zone. Dites-nous que peut-on retenir de cette première semaine et de la participation Guinéenne à la COP 23 ?

Bonjour, je dirai qu’avant la COP  il y’a eu des rencontres bien avant. Dénommées « «pré cop », rencontres aux quelles des cadres de mon département ont pris part notamment le Directeur National de l’Environnement, le point focal climat et le Directeur National de la Météorologie.

La Guinée est bien représentée, diversement, avec des cadres de l’Administration publique, des parlementaires, des ONG, du secteur privé et des médias. La COP 23 a démarrée comme vous le savez le 06 novembre dernier, avec plusieurs interventions dont celle du Président sortant et entrant de la COP, la Secrétaire Exécutive des Nations Unies sur les changements climatiques, la Ministre Allemande de l’Environnement.

Dans tous ces messages, l’appel était le même. Il s’agit maintenant de quitter le stade des discours pour agir par des actions car, les effets du dérèglement climatique n’attendent pas. Nous devons tous mettre en œuvre pour cela. Et dans le cadre des négociations, la Guinée appartient à trois groupes à savoir la Chine et les pays 77, les Pays Moyens Avancés et naturellement le Groupe Afrique.

Justement Madame le Ministre tout le monde sait aujourd’hui les effets des changements climatiques, les inondations, la forte chaleur ou le froid intense par endroit, la sécheresse, mais que fait la Guinée pour faire face au phénomène ?

Vous avez tout à fait raison, les effets sont connus de tous, à des degrés plus ou moins élevés, et donc pour répondre à votre question je dirai que la Guinée participe aux négociations, dans la mise en œuvre à travers l’adaptation, l’atténuation, le transfert de technologies et la question cruciale du financement. A côté de cela, nous participons en parallèle avec les autres pays aux « side events » des conférences sur des thèmes précis toujours en rapport avec l’environnement et le climat.

Vous êtes venus avec des projets  à cette COP ?

Tout à fait nous avons une vingtaine de projets et d’idées de projets « innovants et structurants » avec nous que nous essayons de vendre aux partenaires. Notre objectif est de trouver des partenaires techniques et financiers pour leur mise en œuvre. Vous savez la question du financement est une chose qui est difficile et sans les moyens on ne peut pas faire grand-chose. Nous avons dans ce cadre rencontré de nombreux potentiels partenaires, Chinois, Maliens, Libériens et Marocains. Avec le Maroc d’ailleurs nous avons signé une convention de partenariat.

Parmi les projets, il y’a 5 projets dans le cadre du transfert de technologies appelé des projets « champions ». Parmi eux, la reconversion des fabricants de briques cuites, la protection des aires marines maritimes, fauniques et forestières et  un projet sur le développement de l’écotourisme dans le parc de Badiar qui est un projet transfrontalier que nous avons en commun avec le Sénégal.

Si nous arrivons à trouver des partenaires nous allons faire du tourisme durable dans ce parc, ce qui généra forcément des revenus pour le pays.

Nous avons également rencontré les responsables du « fond vert » au plus haut niveau, vous savez ce fonds est l’outil essentiel de mise en œuvre des programmes sur le changement climatique dont ceux issus de l’Accord de Paris. L’entretien s’est bien déroulé et ils nous ont recommandé la mise en place rapide d’une entité nationale déterminée pour faciliter le drainage de tous ces financements pour la mise en œuvre des projets.

La Guinée préside aux destinées de l’Union Africaine à travers le Président CONDE il est aussi le Président de l’initiative des énergies renouvelables dites-nous que pourrait être la contribution stratégique du pays à ces challenges ?

Vous l’avez dit la Guinée occupe une position géo-politico stratégique déterminante aujourd’hui en Afrique dans la COP. La Guinée n’est pas seulement un scandale géologique mais c’est aussi un scandale écologique avec quatre régions naturelles bien distinctes et des microclimats différents. La plupart des grands fleuves prennent leurs sources en Guinée, je veux citer le fleuve Gambie, Sénégal et le fleuve Niger qui, à lui seul arrose 9 pays du continent.

Les problèmes de l’Afrique notamment sur l’environnement et le climat quasi-identiques, que faudrait-il aujourd’hui pour lutter ou pour s’adapter contre le phénomène, l’Afrique doit-elle parler d’une seule voix ?

Je voudrais vous rejoindre en disant les problèmes climatiques sont similaires sur le continent, je pense et je crois que les solutions doivent être communes, nous devons nous mettre ensemble pour relever les défis de notre monde, puisque seuls on y arrivera pas. A ce titre le Président Alpha CONDE doit faire une intervention au nom de l’Afrique afin que les efforts soient conjugués ensemble, puisque vous le savez l’Afrique émet moins de CO2 mais elle est l’une des plus grandes victimes du réchauffement climatique. Nous sommes embarqués dans le même bateau et plus nous sommes unis plus nous serons forts pour faire face aux changements climatiques.

Interview réalisée à Bonn (Allemagne) par Idiatou Camara

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