Kankan : le fleuve Milo menacé de disparition

Affluent du fleuve Niger, le fleuve Milo est une rivière qui traverse la ville de Kankan un peu vers le Sud. Le Milo a une longueur d’environ 330 kilomètre et un bassin versant qui couvre une superficie d’environ 13 500 km2. Mais, le Milo est aujourd’hui menacé de disparition à cause des agissements des hommes, a constaté sur place Guineematin.com, à travers son envoyé spécial à Kankan.

Le débit annuel moyen du Milo a fortement varié depuis plusieurs dizaines d’années : avant 1960, le débit annuel moyen s’élevait à environ 275 km3 ; entre 1980 et 2004, le débit annuel moyen constaté n’était que de 160 km3, a-t-on appris.

Il y a donc plusieurs années, le fleuve Milo était navigable. Mais, aujourd’hui, cela n’est pas envisageable. Le niveau de l’eau a en effet nettement baissé et fait craindre une disparition prochaine du fleuve. Une situation due, selon les spécialistes, au réchauffement climatique et aux activités que les populations de Kankan exercent au niveau de la berge du Milo.

Adama Condé

Parmi ces activités, figure en bonne place la fabrication des briques. Cette activité est pratiquée par des milliers de personnes le long de ce fleuve. La conséquence directe est que toute la berge du cours d’eau est jonchée de trous où stagnent des eaux usées. A cela s’ajoute des tas d’ordures et de l’huile de moteurs laissée par des camions.

Les dangers de cette situation, Adama Condé, fabriquant artisanal de briques, dit en être conscient. Mais il dit être obligé d’exercer son activité malgré ses conséquences sur l’environnement. « J’exerce ce métier parce que je n’ai pas un autre travail. Nous puisons l’eau au niveau du fleuve Milo, mais nous payons des taxes aux autorités, celles qui sont en charge des mines et de la géologie. Nous versons annuellement entre 150 et 200 mille francs guinéens. C’est pourquoi, on nous laisse travailler librement », a-t-il expliqué.

Adama Traoré

De son coté, Adama Traoré un autre briquetier également interrogé par notre journaliste dit travailler au niveau du fleuve Milo à cause du manque de société pouvant les embaucher. « Notre président, le professeur Alpha Condé avait promis de nous envoyer des machines. C’est vrai qu’il a envoyé des machines, mais elles sont insuffisantes, et je pense que c’est pourquoi malgré les conséquences que notre activité peut avoir sur la nature, les autorités de Kankan nous laissent travailler en toute liberté », a-t-il dit.

En plus de la fabrication artisanale de briques, le fleuve Milo souffre aussi des effets du dépôt des ordures ménagères et de l’exploitation du sable sur les lieux entre autres.

Interrogé sur cette situation par l’envoyé spécial de Guineematin.com dans la région, Mohamed Douthi Camara, le directeur du centre de recherche et de documentation environnemental de la Haute Guinée, a reconnu les effets néfastes de ces activités sur le fleuve Milo et sur l’environnement de la zone en général. Il dit avoir agi plusieurs fois dans le sens de mettre fin à cette situation, mais sans succès.

« Avec la fabrication de ces briques, l’eau est troublée. Nous amenons les gens à ne pas faire des briques et tout ce qui concerne la dégradation de l’environnement. J’ai plusieurs fois rencontré ces fabricants de briques. Mais vous savez, moi je ne suis pas un inspecteur, je suis un éducateur, je donne les conseils nécessaires, mais en vain. Cette fabrication de briques continue d’amener la destruction des rives, la dégradation de l’environnement, le manque d’eau. La pluviométrie est complètement mise en cause. Il n’y a pas eu de saison pluvieuse ici cette année. Au mois d’août, il n’y a eu qu’une seule vague de pluie ici à Kankan », a expliqué monsieur, l’air très inquiet.

Pour l’heure en tout cas, aucune disposition n’est prise pour freiner cette dégradation de l’environnement à ciel ouvert dans la ville de Kankan. Ce qui laisse craindre une future disparition du fleuve Milo et plusieurs autres effets de la mauvaise action de l’Homme sur la nature.

De Kankan, Ibrahima Sory Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

Tel. : (00224) 621 09 08 18

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