Le maréchal des logis Ibrahima Sory Sidibé, alias « Gros Bébé » a été assassiné sur l’axe en août 2010. Accusé de cet assassinat, Mamadou Diallo, alias Massinga a été interpellé le 17 octobre 2012, environ de deux ans après les faits. Ce lundi, 15 janvier 2018, il était au Tribunal de Première Instance de Dixinn face au juge Mangadouba Sow. Âgé d’une trentaine d’années, Massinga est poursuivi pour association de malfaiteurs, assassinat, vol à main armée, meurtre et recel. Au terme des débats, le procureur Mohamed Samoura a requis la réclusion criminelle à 30 ans contre l’accusé, a constaté sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.
Appelé à la barre par le juge Mangadouba Sow, l’accusé a nié les faits pour lesquels il est poursuivi, estimant avoir été arrêté pour un cas de vol de téléphone. « Il y avait une grève de l’opposition en 2012. On a barré la route vers Bambéto, à côté de la mosquée. J’étais avec mon petit, Gnankoye Guilavogui. On est à monté à bord d’un taxi pendant la nuit. Il y avait un couple dedans. On a pris leurs deux téléphones et une somme de 300 mille francs guinéens. En traversant la route, les gendarmes nous ont arrêté », soutient Massinga.
Des explications qui ont poussé le juge à poser une cascade de questions. « Etes-vous de l’opposition ou de la mouvance ? Pensez-vous avoir rendu service à l’opposition en barrant la route ? Avez-vous le droit de barrer le chemin ? Est-ce une bonne chose que de barrer la route ? ». Autant de questions qui vont désarçonner Massinga.
Interrogé sur l’assassinat du gendarme Ibrahim Sory Sidibé, Massinga dira ne rien savoir de cette affaire. Devant cette dénégation, c’est le procureur qui va intervenir pour rappeler les faits.
Mohamed Samoura a rappelé le contenu des déclarations de Massinga à l’enquête préliminaire tout comme sa confrontation avec ses coaccusés Mory Dabo, Ehadj Ibrahima Baldé, Tely Diallo, Abdoul Karim et Mamadou Sy Savané devant le juge d’instruction.
Selon le procureur, ce groupe opérait dans tout Conakry en 2010 en se faisant passer pour des taximen. « Ils roulaient la nuit dans une voiture de marque Nissan Primera, bleue foncée, non immatriculée. Dans la nuit du 21 au 22 août, ils ont commencé par Wanindara où ils prenaient les passagers avant de les dépouiller dans le véhicule sous la menace d’armes à feu. Massinga est le cerveau de ce réseau de malfaiteurs », a dit monsieur Samoura.
Revenant sur les faits qui ont coûté la vie au gendarme, le procureur a rappelé que c’est pendant cette nuit d’août 2010 qu’une course poursuite s’est engagée entre les malfaiteurs et les services de sécurité. Une balle tirée par Massinga est à la base du décès du gendarme Ibrahima Sory Sidibé. D’ailleurs, a précisé Mohamed Samoura, cet assassinat a provoqué une réaction des citoyens qui ont brûlé la concession des parents de Massinga.
Des détails que l’accusé a rejetés en bloc, se contentant du même refrain : « j’ai été arrêté pour vol de téléphone. Je connais rien de l’affaire d’arme et d’assassinat ».
Dans ses réquisitions, Mohamed Samoura va expliquer que les coaccusés de Massinga, ont déjà été jugés et condamnés par la cour d’Assises pour enfants. Il s’agit notamment d’Abdoul Karim Diallo et d’Elhadj Ibrahim Baldé, qui étaient des mineurs à l’époque des faits. Le procureur va demander au juge de retenir Massinga dans les liens de la culpabilité et de le condamner à 30 ans de réclusion criminelle.
L’avocat de la défense, maitre Abou Camara s’est dit dépassé par cette réquisition du ministère public. Pour lui, « c’est le droit qui doit être défendu ». Après quoi, il va mettre en doute le dossier à travers une série de questions. « Qui a été tué ? Où est la matérialité des faits ? Où est l’expertise du médecin légiste puisqu’elle n’est pas versée au dossier ? Peut-on se fier à la justice populaire qui a brûlé la concession familiale de Mamadou Diallo, alias Massinga ? Où est la vérité ? Il y a une accumulation d’infractions dans ce dossier. On parle de sang sans parler de l’expert en matière de sang. La matérialité des faits de meurtre n’est pas là, il n’y a pas de scellés, ni de plainte. Comment peut-on mentionner que le ministère public est partie civile dans ce dossier ? »
A la suite de cette série de questions, maitre Abou Camara va demander d’apprécier la loi et d’acquitter son client. « Je vous prie de le renvoyer des fins de la poursuite ».
Les débats étant clos, l’affaire a été mise en délibéré pour décision être rendue le 29 janvier 2018.
Détenu depuis le 17 octobre 2012, Massinga est reparti à la maison centrale de Coronthie en attendant d‘être fixé sur son sort.
Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com
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