Elections locales, insécurité, insalubrité, 3ème mandat… à cœur ouvert avec Ismaël Baldé de l’UFDG

A l’heure où les élections locales du 04 février prochain polarisent l’attention, de nombreux acteurs de la vie nationale souhaitent voir cette échéance se dérouler dans de meilleures conditions pour « finaliser totalement la transition » ouverte depuis la disparition du président Lansana Conté le 22 décembre 2008. Telle est la position de Mr Ismaël Bah, doyen de la faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Kofi Annan et membre du bureau exécutif national de l’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée). Il l’a dit ce jeudi 18 janvier 2018, dans une interview accordée à un de nos reporters. Il a été également question avec Mr Baldé de l’insécurité grandissante, de l’insalubrité et de la question du 3èmemandat pour le président Alpha Condé.

Guinnematin.com : l’actualité est dominée actuellement par les élections locales qui se profilent à l’horizon. Quel regard jetez-vous sur les préparatifs de ces élections, notamment dans votre parti ?

Mr. Ismaël Baldé : du côté de l’UFDG je pense que les préparatifs vont bon train, j’espère la même chose pour les autres partis. Je souhaite que ces élections se déroulent dans une atmosphère de paix pour permettre à notre pays de franchir cette étape qui marquerait en fait la fin de la transition qui n’a que trop duré.

Guineematin.com : nous remarquons actuellement des problèmes à divers endroits. Des agents distributeurs des cartes d’électeurs qui dénoncent le caractère dérisoire des sommes allouées par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI)  à cette opération, alors que dans certains quartiers comme Fassia, Gomboya ou Kountia, dans Coyah, n’avaient pas reçu de cartes d’électeurs jusqu’au lundi dernier. Quelle lecture faites-vous de cet état de fait ?

Mr. Ismaël Baldé : je pense qu’il fallait s’y attendre. Celui qui crache là-haut doit s’attendre à des gouttes. Vous savez bien dans quelles circonstances nous avons récemment changé le président de la CENI. Je pense qu’il y a au niveau de la CENI présentement un groupe qui a tendance coûte que coûte à se mettre plein la poche, à profiter de ces dernières élections leur champ de riz pour se faire la part  belle. Je ne suis pas étonné de cette situation, je pense qu’il revient aux partis politiques d’exiger de la CENI qu’elle respecte le chronogramme et les conditions d’exécution de ce chronogramme.

Guineematin.com : ce manque de cartes d’électeurs ne risque-t-il pas d’avoir un impact négatif sur le processus électoral ?

Mr. Ismaël Baldé : Bien évidemment que ça peut avoir un impact. Sans cartes d’électeurs, il n’y a pas de votation, cela est évident. Je dis encore une fois, qu’il revient aux partis politiques d’exiger de la CENI de jouer pleinement son rôle. C’est de leur droit et du devoir de la CENI de distribuer les cartes d’électeurs.

Guineematin.com : parlant de cette distribution, il y a la députée Tata de l’UFDG qui a demandé aux militants de votre parti de « casser la gueule »  à ceux qui ne leur donneraient pas leurs cartes d’électeurs. Qu’en dites-vous ?

Mr. Ismaël Baldé : Je ne vais pas tomber dans ce genre de propos, je suis membre du bureau exécutif de l’UFDG. Assez responsable que je suis, je pense qu’il y a d’autres voies et moyens qui vont permettre aux partis d’exiger de la CENI de donner les cartes d’électeurs aux militants. Ceci dit, madame Tata que je respecte beaucoup, je pense qu’elle dit ce qui l’engage.

Guineematin.com : Bah Oury, exclu de l’UFDG est aujourd’hui en compétition pour les élections locales en soutenant des candidats. On l’accuse d’utiliser un logo très semblable à celui de l’UFDG. Que faire ?

Mr. Ismaël Baldé : je pense que c’est à l’Etat et à la CENI  de trancher sur cette question. L’exclusion de Bah Oury  est un fait acté désormais à l’UFDG. Je pense qu’il a le droit de se présenter à ces élections, mais à quel titre ? Il revient à la CENI, conformément à la loi.

Guineematin.com : est-ce que vous êtes optimistes quant aux chances de l’UFDG de remporter beaucoup de communes urbaines et rurales ?

Mr. Ismaël Baldé : mais pourquoi pas. L’UFDG est un grand parti politique présent sur toute l’étendue du territoire national. Si les élections sont organisées da manière crédible et transparente, je crois  que l’UFDG engrangera  le maximum de conseillers sur toute l’étendue du territoire.

Guineematin.com : lors des législatives de 2013, l’alliance UFR-UFDG avait permis de remporter les 5 communes de Conakry à l’uninominal. Est-ce que le départ de l’UFR pour la mouvance présidentielle ne constitue pas un handicap pour votre parti ?

Mr. Ismaël Baldé : il faut être sincère que le fait de perdre l’UFR est un handicap, le fait de perdre des personnalités populaires comme Baïdy Aribot et d’Aboubacar Soumah va constituer sans nul doute un handicap pour l’UFDG. Encore faut-il remonter les manches et faire avec.

Guineematin.com : l’autre actualité, c’est l’insécurité grandissante avec des attaques à main armée, des kidnappings. Comment percevez-vous cette situation ?

Mr. Ismaël Baldé : je pense qu’il faut comprendre une chose. L’explosion démographique et la lenteur de l’Etat par rapport à cette explosion pourrait expliquer cette insécurité. Nous avons des préfectures ou des sous-préfectures qui n’ont même pas de policiers ou qui n‘ont qu’un ou deux policiers. Je pense qu’il revient aux dirigeants de ce pays, notamment l’actuel pouvoir, de faire en sorte que tous les quartiers soient quadrillés pour réduire, autant que faire se peut, ce phénomène de criminalité qui existe dans tous les pays du monde.

Guineematin.com : il y a également l’insalubrité qui fait parler d’elle, notamment sur la route LE PRINCE où les ordures sont déversées sur la chaussée. Un mot là-dessus ?

Mr. Ismaël Baldé : cela m’inspire un dédain étant donné que ce n’est pas la manière, à mon avis, de manifester par rapport à une telle question. Posez-vous la question de savoir pourquoi c’est sur l’axe qu’on se comporte de cette manière. Quand on regarde, de Dabondy à Lansanayah, on ne trouve pas de gens qui se comportent de la sorte. Est-ce une politisation de l’insalubrité ? Il faudrait bien se poser cette question. Maintenant, moi je demande à nos militants, s’ils font partie de ceux qui se comportent comme ça, de cesser parce que cela  va au contre-courant de tout ce que nous ambitionnons de faire pour ce pays quand nous serons au pouvoir.

Guineematin.com : cette question du 3ème mandat revient souvent dans les débats avec les faucons du RPG même si le président Alpha Condé ne s’est pas exprimé explicitement sur la question. Quelle est votre position là-dessus ?

Mr. Ismaël Baldé : je voudrais préciser en tant que juriste que, légitimement parlant, le professeur Alpha Condé est fondé en pouvoir de demander au peuple de Guinée, par voie référendaire, un changement de Constitution. Et, légalement parlant, rien ne lui interdit aussi de faire ce geste.

Guineematin.com : n’y a-t-il pas des articles de la Constitution qui verrouillent par deux fois cette éventuelle modification ?

Mr. Ismaël Baldé : les articles de la Constitution actuelle interdisent au président de la République élu pour un second mandat de se représenter. Mais, aucun article ne lui interdit de demander au peuple, par voie référendaire, un changement de Constitution. C’est pourquoi, je pense que c’st dès maintenant que nous devons nous y préparer et savoir que très certainement nous aurons encore devant nous le professeur Alpha Condé comme adversaire au-delà de 2020.

Guineematin.com : avec tous les risques encourus, êtes-vous convaincu que le président condé fera ça ?

Mr. Ismaël Baldé : moi je crois pertinemment que le président Alpha Condé se représentera, c’est un secret de polichinelle. Il le fera dans le cadre d’une nouvelle Constitution qu’il aura proposé pour sa reconduction à la magistrature suprême de notre pays. C’est le moment, au lieu de fausser la stratégie, de se préparer pour une grande coalition qui pourrait se présenter éventuellement contre lui en 2020.

Guineematin.com : est-ce qu’on en viendrait à des actes de violence. Est-ce que ce n’est pas à craindre ?

Mr. Ismaël Baldé : tout est à craindre. Mais, connaissant bien notre pays, je pense que les conditions sont propices à une telle éventualité. C’et le moment de se préparer.

Guineematin.com : est-ce que vous avez un dernier mot ?  

Mr. Ismaël Baldé : c’est à l’endroit des militants et sympathisants de l’UFDG. C’est de leur demander d’aller coter massivement pour notre parti, pour nos candidats,  pour que nous puissions avoir le maximum d’élus communaux afin de peser dans a gouvernance locale.

Propos recueillis par Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tel 628 17 99 17

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