Fraudes électorales : Cellou Dalein décrit une justice manipulée et partisane

Dans l’après-midi d’hier, jeudi 15 février 2018, le président de l’UFDG et chef de file de l’opposition guinéenne a animé une conférence de presse dans un espace hôtelier de la place. Entouré de quelques cadres de son parti et de certains candidats, Cellou Dalein Diallo a expliqué aux journalistes la méthode et l’ampleur de la fraude dont ses candidats ont été victimes lors du scrutin du 04 février 2018.

Tout d’abord, l’opposant est revenu sur le processus par lequel son parti s’est organisé à la veille des élections locales. Ce qui leur aurait permis par exemple d’infiltrer certains milieux et de faire arrêter un chef de quartier qui distribuait des bulletins pré cochés en faveur du parti au pouvoir, le RPG arc-en-ciel et une pile de fiches de procuration.

Malheureusement, déplore le président de l’UFDG, ce dernier sera libéré sans être contraint de révéler la provenance de ces documents. En tout, Elhadj Cellou Dalein Diallo s’est félicité du dispositif installé par son parti qui aurait également permis de limiter la fraude au niveau des bureaux de vote pour ce qui est de la capitale guinéenne.

A en croire le principal adversaire d’Alpha Condé, le parti présidentiel ne s’est pas rendu compte qu’il était en train de perdre les élections jusqu’au moment de la centralisation. A partir de là, plusieurs autres méthodes auraient alors été utilisées par le pouvoir, via les responsables des CACV (Commission administrative de centralisation des votes) pour faire disparaître des procès-verbaux où l’UFDG était majoritaire, falsifier certains résultats, etc. S’appuyant sur l’Honorable Aliou Condé, Secrétaire Général de son parti et aussi de certains candidats des communes de Conakry, de Dubréka et de Kindia, le président de l’UFDG a révélé des anecdotes à peine croyables : nombre de bulletins nuls égale au nombre d’électeurs, disparition des PV, usage abusif des procuration, vote avec des cartes électorales non distribuées, inscription des chiffres erronés au moment de la centralisation, etc.

Mais, ce qui semble encore plus grave dans cette opération, c’est la participation des juges dans la fraude. « Et, c’est devant ces mêmes juges que nous avons porté les recours », a fait remarquer Cellou Dalein Diallo, donnant la parole à Aliou Condé pour lire en exemple deux décisions des tribunaux de Mafanco et de Dubréka où l’un rejette leur recours en disant se conformer à un communiqué de la CENI et l’autre motive le rejet du recours en disant le contraire.

Ainsi, ce qui a semblé le plus préoccupant est la manipulation de la justice que les opposants accusent d’être partisane et d’ailleurs active dans ce qu’ils ont décrit comme étant un hold-up électoral.

Réagissant aux accusations d’ethnocentrisme et de violence post-électorale, Cellou Dalein Diallo a dit être encore plus triste de l’entendre parce que c’est justement lui et son parti qui en sont les victimes. Malheureusement, tous ceux qui font semblant d’appeler à la paix ne font rien pour que justice soit rendue. Des personnes tuées par balles ne bénéficient d’aucune compassion de la part de l’Etat à plus forte raison l’espoir d’une justice. Lui-même a été attaqué dans son domicile par des personnes connues de la mouvance présidentielle (Malick Sankhon et Aboubacar Soumah) ; mais, personne ne dit rien sur leur culpabilité et on demande aux victimes de se taire…

Alors, que fera l’UFDG ?

Cellou Dalein Diallo a dit attendre que tous les délégués de son parti (députés et avocats déployés à l’intérieur du pays) reviennent avec leurs rapports respectifs pour tabler sur les initiatives à prendre. Et, l’honorable Aliou Condé estime que ces manipulations des résultats sont tellement graves que ça ne doit pas rester entre l’UFDG et le pouvoir. Le Secrétaire Général du principal parti de l’opposition guinéenne estime que les médias, la société civile, les diplomates et tous ceux qui disent aimer la démocratie et la paix devraient se saisir de la question et ne pas laisser un tel système prospérer dans le monde d’aujourd’hui.

En attendant, les candidats ont déjà, eux une idée de ce qu’il faut faire dans les jours à venir. Abdoulaye Bah, candidat de l’UFDG pour la mairie de Kindia a juré que « le peuple ne se laissera pas faire » ! Le président de la délégation spéciale de Kindia pense évidemment à une mobilisation pour s’opposer « à la mascarade électorale » et pour rétablir la vérité des urnes.

Egalement déçu, révolté et prêt à tout pour reconquérir les voix de ses électeurs, Sorya Bangoura, le candidat pour la mairie de Matam a craché du feu sur le régime Alpha Condé. Il a révélé que le malaise est tellement grand à la base et que les quartiers et secteurs qui savent avoir massivement voté pour sa liste n’accepteront pas qu’on leur vole leurs suffrages valablement exprimés…

A suivre !

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