Le Gouverneur de Mamou aux députés : « le problème de l’environnement dépasse un pays ou un continent »

Pour la deuxième journée de sa tournée dans le bassin versant du Fouta Djallon, la délégation des députés de la commission environnement, développement rural et ressources naturelles a été reçue hier, lundi 19 février 2018, par le gouverneur de la région administrative de Mamou, Amadou Oury Lémi Diallo, entouré de ses cadres.

Mais avant, les honorables députés avaient échangé avec les services techniques du gouvernorat en charge de l’environnement, a constaté le journaliste de Guineematin.com qui est avec la délégation.

Le directeur régional de l’environnement, Mamadou Tounkouka, interrogé par les députés sur les initiatives développées en vue de protéger l’environnement dans cette région abritant d’importants cours d’eau comme le Konkouré, la Kaaba (qui continue au Liberia) et le Bafing (qui arroge trois autres pays de la sous-région dont le Sénégal) a expliqué avec force détail les problèmes auxquels son service est confronté.

Devant les agents des eaux et forêts, de la direction préfectorale de l’environnement de Mamou, de la filière bois, du corps de la conservation de la nature, de plusieurs chefs de cantonnement, M. Tounkara a indiqué qu’à Mamou, vu les menaces qui pèsent sur l’environnement, des instructions ont été données aux 36 chefs de cantonnement forestier de préparer chacun une pépinière en vue de reboiser en juillet prochain une certaine superficie.

En plus de cette belle initiative, Mamadou Tounkouka entend encourager la création des comités de protection de l’environnement dans chaque commune de la région et regroupant l’ensemble des acteurs de la société.

Déjà, grâce aux efforts conjugués de part et d’autres, à Mamou, relève t-il, « l’habitat des chimpanzés est reconstruit, les efforts de surveillance et de protection des 29 forêts dont 18 classées sont poursuivis et même des forêts privées sont créées pour lutter contre les feux de brousse et faciliter la régénération des domaines forestiers ».

Les explications du directeur régional de l’environnement ont été suivies de celles des missionnaires qui ont dépeint la dangereuse situation de l’environnement de la région, caractérisée par une méprise des textes de loi et un laisser-aller qui ne profitent qu’aux destructeurs de la nature.

Les députés, sous la conduite de l’Honorable Alpha Mamadou Baldé, Chef de délégation parlementaire, ont donné d’amples informations sur les menaces qui pèsent sur la vie des populations avec la disparition progressive des cours d’eau, de la faune et de la flore. Il a souhaité l’implication de tout le monde pour freiner le phénomène qui hante la vie des citoyens dans la l’ensemble.

Pour sa part, le Gouverneur de région après avoir salué l’arrivée de la mission dans ses murs a tiré la sonnette d’alarme. « Le problème de l’environnement dépasse un pays et même un continent ». Comme pour partage les inquiétudes de ses hôtes, le gouverneur a indiqué que lorsqu’il était jeune, l’environnement est totalement différent par rapport à maintenant. « Les cours d’eau ne tarissaient pas avant, les forêts étaient partout touffues, épaisses et nombreuses, la pluviométrie plus abondante,…ce qui n’est pas le cas maintenant », a-t-il déploré.

Parlant des coupeurs de bois, M. Lémi n’a pas mâché ses mots. « Il y a des prédateurs de bois connus de tout le monde ici. Si on les arrête pour les déposer à la gendarmerie, tu les retrouves libres peu après comme par une pirouette ». Le Gouverneur de région finira par apporter tout son soutien à la réussite de la mission et dire son engagement croissant à accompagner les efforts de lutte pour la protection de l’environnement dans sa région.

Techniciens et administrateurs, énumérant les pistes de solution pour freiner la désertification du pays, pensent qu’il faut augmenter les effectifs du personnel de l’environnement, devenu vieillissant et insuffisant, équiper et motiver les services techniques de l’environnement, subventionner et porter le prix du gaz au même niveau que le sac de charbon, faire la promotion des briques en terre stabilisée (BTS), remplacer la filière bois par celle reboisement, ventiler les textes de loi sur l’environnement et le code forestier …

Après ces entretiens fructueux, la délégation est partie visiter la tête de source du Bafing qui arrose la Guinée et certains pays de la sous région et rencontrer les promoteurs de certaines forêts communautaires dans la commune rurale de Tolo.

Selon le programme, la délégation financée par le PNUD, se rendra mardi au barrage Kinkon de Pita et à la tête du fleuve de la Gambie (la Dimma) à Tountouroun à Labé.

A suivre !

Abdallah Baldé, envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : 628 08 98 45

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