Journée ville-morte à Kaloum : de nombreux citoyens n’apprécient pas la démarche

Soninké Diané

La journée ville morte, appelée par l’opposition républicaine, a paralysé les activités dans de nombreux endroits de la capitale guinéenne. C’est le cas à Kaloum, le centre des affaires de Conakry où le mouvement n’est pas du goût de tout le monde, a constaté sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

Les élections locales tenues le 4 février dernier font l’objet de beaucoup de contestations. L’opposition crie au « holdup électoral » et demande la publication par la CENI des « vrais résultats ». Pour marquer son désaccord, l’opposition républicaine a entamé une série de manifestations, qui a commencé par cette journée ville morte.

Kalil Fofana

Sur la question, de nombreux citoyens n’apprécient pas la journée ville morte. C’est le cas de Kalil Fofana, commissionnaire à la douane. « Cette journée ville morte lancée par l’opposition, vraiment moi je n’ai pas apprécié. Elle devrait rester derrière la CENI. Puisqu’on a dit résultats globaux donnés par la CENI. L’opposition devait penser à la population guinéenne, de voir la crise qu’il y a en ce moment là vraiment pour céder un peu. D’abord, il y a la grève des enseignants qui n’est pas réglée, si les manifestations de l’opposition s’ajoutent à ça, c’est lourd pour nous la population. La ville morte c’est déjà respectée. Parce-que il n’y a pas de circulation, c’est paralysé, tout est paralysé. Ce n’est pas bon pour nous. En Guinée ici, tout le monde ne cherche que le quotidien », dit monsieur Fofana.

Thierno Mamadou Taïré

Thierno Mamadou Taïré, professeur de Philosophie, dit que le constat de la journée ville morte est alarmant. Pour régler les problèmes électoraux, il estime qu’il faut passer par les voix de recours. « Le constat que j’ai de cette journée ville morte est à la fois alarmant et regrettable. Je vois des jeunes qui viennent de partout brûler des pneus, lancer de cailloux. Ce n’est pas comme ça. On a dit de rester à la maison, de ne pas aller au travail et non de barrer les routes. C’est regrettable, dans la mesure où nous sommes à l’apprentissage de la démocratie. C’est-à-dire que les élections doivent se faire sans violence, sans heurts. Parce-que c’est ce qui arranger les citoyens. Nous voulons que le pays se développe, nous ne voulons pas que les investisseurs viennent trouver qu’il y a des problèmes en Guinée, ce n’est pas crédible », soutient-il.

Mohamed Keita

Pour Mohamed Keita, économiste de formation, condamne la classe politique dans son ensemble. « Moi, je viens de la haute banlieue, il y a juste 1h. Boutiques et magasins sont fermés, à Kaloum on ne sent pas, malgré le fait que les choses sont au ralenti. Mais, la fameuse ville morte tant prônée par l’opposition n’a plus lieu d’être franchement. Ils savent que les conditions ne sont pas réunies, il n’y a pas de garantie pour aller aux élections, pourquoi participer à une élection pour laquelle vous n’avez pas toutes les garanties ? Je crois qu’ils ne sont pas sérieux. Ni l’opposition, ni le pouvoir central, aucun d’eux n’est sérieux. On a beaucoup à faire dans ce pays là. Franchement, j’en ai marre. Ces politiciens n’ont qu’à nous laisser en paix. Pour résoudre tous ces problèmes, il faut une prise de conscience collective, une réforme institutionnelle. La démocratie ne se limite pas aux élections, il y a beaucoup à faire », a-t-il lancé.

Soninké Diané

Soninké Diané, activiste de la société civile, dira pour sa part que ces manifestations politiques n’aboutiront à rien. « Je suis triste. J’ai l’impression que nous sommes dans un pays où on répète toujours les mêmes choses. Il faut être fou pour reprendre les mêmes choses: ville morte, marche, ça n’aboutit à rien, parce-que la volonté politique n’y est pas chez les décideurs. Malheureusement, on a une opposition comme le disait feu Jean Marie Doré, la plus bête. Cette élection est communale et communautaire, ça concerne les communautés à la base, mais elle est politique à outrance, elle est présidentialisée à outrance. On a vu Alpha Condé, Président de République, battre campagne. Tous les acteurs, Cellou Dallen Diallo, Sidia Touré,

l’ont fait comme si c’était une campagne présidentielle. Il fallait s’attendre à ça », a dit monsieur Diané.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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