Ibrahima Kourouma à Mamou : « notre ministère est considéré comme un vendeur de terrain »

Le ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire, Dr. Ibrahima Kourouma a été reçu à Mamou où il a conféré hier, ce Mercredi 28 Février 2018, avec les cadres techniques de son département, venus des préfectures de Pita, Dalaba et Mamou, rapporte le correspondant de Guineematin.com à Mamou.

L’objectif de la rencontre était de faire le constat des structures du ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire et leur fonctionnement dans la région administrative de Mamou, mais aussi travailler avec les cadres du Département sur des questions des réserves et des domaines fonciers pour que « tout ce qui appartient à l’Etat soit récupéré et remis dans le portefeuille de l’Etat ».

Dans un langage franc et direct, le ministre Ibrahima Kourouma a commencé par dénoncer la responsabilité des cadres du ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire dans « le désordre » qui existe au sein du cadastre et les problèmes domaniaux que rencontrent quotidiennement les citoyens guinéens. « Le désordre qu’il y a au niveau du cadastre, les difficultés que les populations ont en ce qui concerne les problèmes domaniaux, nous, cadres du ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire, sommes les premiers responsables », a déclaré Dr. Ibrahima Kourouma.

Répondant au directeur régional adjoint de son département à Mamou qui, dans son discours introductif a évoqué l’insuffisance du personnel comme l’une des difficultés rencontrées par son service, le ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire s’est mis à dénoncer. « Je m’interroge souvent quand on dit qu’on a un déficit de personnel. Sur 36 personnes (que compte le ministère de la ville dans la région de Mamou) plus de la moitié sont des bénévoles. Mais, ces bénévoles travaillent pour vous, qui êtes des fonctionnaires. Ce sont eux que vous envoyez pour faire des aménagements ; et, après, on parle d’aménagement clandestin. Ce sont eux que vous envoyez pour faire en sorte que ce qui appartient à l’Etat soit bradé (…) pour ensuite jeter l’opprobre sur eux. On a des terrains, des domaines qui sont aménagés trois ou quatre fois et qui appartiennent à trois ou quatre personnes », a dénoncé le ministre. Dr Ibrahima Kourouma a d’ailleurs ajouté que « 70 voire 80% des problèmes au niveau de la justice sont des problèmes domaniaux. Et, quand ces problèmes sont épluchés à la justice, il se trouve que tous ceux qui sont en conflit présentent des documents signés par les autorités de l’administration ».

Parlant du code foncier, le ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire a encore égratigné les cadres de son département. « Vous parlez de coutumier, vous parlez de la vulgarisation du code foncier. Mais, j’ai l’impression que vous-mêmes vous ne le maîtrisez. Quelle partie du code parle de coutumier ? Le code n’a jamais parlé de coutumier, il parle de personne morale. C’est le réel problème qu’on a créé en Guinée pour dire que la terre appartient aux coutumiers. Est-ce que le coutumier est une personne morale ? » interroge Dr. Ibrahima Kourouma, avant de poursuivre : « pour vulgariser quelque chose, il faut la maîtriser. Ce qui se passe est extrêmement grave parce que nous sommes dans une situation où la population n’est pas informée du code, (…) parce que si la population est informée, personne n’entrera dans une situation conflictuelle. Je pense qu’il faut qu’on se regarde en face et qu’on ait le courage de reconnaître ce qui ne marche pas chez nous pour qu’ensemble nous essayions de corriger. Parce qu’aujourd’hui, notre ministère est considéré comme un ministère de vendeur de terrain ».

Pour finir, le ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire a exprimé sa volonté de récupérer tous les domaines appartenant à l’Etat. « Avec l’appui de Dieu, nous allons nous battre contre vents et marrés pour que tout ce qui appartient à l’Etat soit récupéré. On ne peut pas accepter qu’impunément des gens vendent les domaines de l’Etat, réservés à des équipements pour la population, parce qu’ils veulent de l’argent », a dit Dr. Ibrahima Kourouma.

De Mamou, Keïta Mamadou Baïlo pour Guineematin.com

Tél. : 622 97 27 22

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