« Nos militants ne renonceront pas à leur victoire », dit le candidat de l’UFDG à la mairie de Kalinko

Ousmane Kolela Diallo

Après la proclamation des résultats provisoires issus des élections locales du 04 février, un violent affrontement a opposé les militants du RPG arc-en-ciel et à ceux de l’UFDG à Kalinko, dans la préfecture de Dinguiraye, en Haute Guinée. Le bilan fait état d’au moins 5 morts (4 enfants et 1 imam), d’importants dégâts matériels et entraîné plusieurs arrestations.

Récemment, un reporter de Guineematin.com a joint au téléphone monsieur Ousmane Kolela Diallo, tête de liste UFDG à Kalinko qui est sorti vainqueur des élections locales du 04 février 2018.

Décryptage !

Guineematin.com : Des affrontements meurtriers ont été enregistrés à Kalinko au lendemain des élections locales du 04 février. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

Ousmane Kolela Diallo : Après les élections du dimanche 04 février, les résultats provisoires ont été proclamés à Kalinko le lundi 05 févier 2018 vers 18 heures 30’. A la sortie des résultats, la victoire était au compte de l’UFDG. Aussitôt, les militants du RPG se sont rués sur les militants de l’UFDG avec des cailloux. Ils ont blessé certains d’entre eux. Ils les ont aussi pourchassés jusqu’au QG de notre parti, dans le quartier Dioulakounda. A leur arrivée, il y avaient aussi d’autres militants de l’UFDG qui étaient là qui ont aidé à les repousser.

La situation s’est calmée jusqu’à 23 heures. A partir de cette heure, les militants du RPG ont ciblé des boutiques et magasins des proches de l’UFDG qu’ils ont défoncés et vandalisés. Il n’y a pas eu de réaction cette nuit. Le matin, au moment où les gens déjeunaient pour se retourner dans les différents villages, les militants du RPG se sont mobilisés encore pour envahir le marché où se trouve la boutique d’un sympathisant de l’UFDG, Elhadj Ousmane Diallo. Ils sont venus avec des gourdins, de l’essence et d’allumette pour mettre le feu dans la boutique. En même temps, ils ont identifié d’autres boutiques et magasins qu’ils ont saccagés et calcinés. On dirait que c’était planifié parce qu’au moment où ils calcinaient la boutique d’Elhadj Ousmane, un autre groupe assiégeait ma résidence privée avec des cailloux, des lances pierres, etc. Ils ont encerclé tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur de ma résidence. Pendant deux à trois heures, ils étaient en train d’identifier les boutiques et magasins des militants de l’UFDG. Quand ils ont voulu faire plus de mal, les militants de l’UFDG se sont révoltés parce qu’ils étaient maintenant beaucoup plus nombreux. Ils ont contre-attaqué. C’est ainsi qu’il y a eu une grande bagarre dans le centre ville de Kalinko. Les militants de l’UFDG aussi ont identifié les boutiques et concessions appartenant à ceux du RPG pour les détruire et les calciner. Cela s’est passé le mardi.

Avant l’arrivée des forces de l’ordre nous, on été coincé dans nos logements. C’est après leur intervention qu’on a pu sortir et faire le constat. Beaucoup de concessions des militants de l’UFDG avaient été vandalisés et calcinées ; mais, on avait réussi à évacuer les personnes. Personnellement, on m’a sorti de la ville et je me suis réfugié en brousse. C’est le mercredi matin qu’on m’a informé qu’il y a un de nos partisans, un imam qui avait reçu des balles. Il a été admis dans un centre de santé ; mais, le médecin qui voulait le traiter à vu la gravité de la situation, lui-même a aidé pour acheminer l’imam vers son village où il a rendu l’âme suite aux blessures. On ne comprenait plus ce qui se passait parce que moi-même j’ai échappé de justesse.

Le mercredi, j’ai été informé qu’il y a eu 5 personnes qui ont reçu des balles et trois enfants ont été calcinés dans un bâtiment. J’ai compris que la situation était grave. Nous avons cherché à évacuer nos blessés vers les villages. Quand les forces de l’ordre sont venues, ils partaient même dans les familles pour arrêter les gens. Certains ont été arrêtés sur le chemin de retour au centre ville. C’est comme ça que les choses se sont passées à Kalinko, le mardi 05 et le mercredi 06 février 2018.

Guineematin.com : Quelle est la situation actuelle à Kalinko ?

Ousmane Kolela Diallo : Disons qu’il y a un calme précaire sur le terrain. Le ministre Gassama Diaby est venu faire une sensibilisation des deux côtés. Les autres, quand ils venaient, ils ne cherchaient pas à rencontrer l’opposition. Ils venaient directement voir les militants de la mouvance qui leur racontent toute sorte de choses. C’est ce qu’ils prennent en compte et font circuler…

Guineematin.com : Vous avez parlé des cas d’arrestations. Est-ce que vous avez une idée sur le nombre ?

Ousmane Kolela Diallo : Ils ont arrêtés 53 de nos militants et partisans entre le 05 et le 06 févier 2018. Même dans les villages ils partaient faire des arrestations. Un de nos militants a été arrêté dans un district et a été trimbalé à Diankourou. Le mercredi 22 février, nous avons appris qu’un de nos militants (qui avait fuit parce que sa concession a été saccagée) a été arrêté à N’Zérékoré par les ressortissants de Kalinko favorables au RPG mais, qui se trouvent en forêt. Actuellement, il est à la gendarmerie de N’zérékoré. D’ailleurs, j’ai fait la remarque au ministre Kalifa Gassama Diaby.

Guineematin.com : Qu’est-ce que le ministre Kalifa Gassama Diaby a dit aux populations de Kalinko ?

Ousmane Kolela Diallo : Le ministre est venu nous dire qu’il faut se réconcilier et qu’il faut désigner dix (10) personnes de chaque bord pour aller à Conakry et appeler les fils et filles de Kalinko à se réconcilier.

Guineematin.com : Vous avez l’espoir sur un éventuel rapprochement entre les deux camps ?

Ousmane Kolela Diallo : On a un peu d’espoir malgré la position des autres… Ils ont ciblé tous les militants actifs de l’UFDG de Kalinko pour les mettre sur une liste noire. Selon eux, ce sont ces personnes qui sont les commanditaires des évènements. Nos militants sont recherchés activement un peu partout. Qu’à cela ne tienne, si nos prisonniers sont libérés, il n’y aura pas de problème de leurs côtés. Mais, les gens du RPG tiennent à être responsables au niveau de la mairie, alors qu’ils ont perdu les élections. S’ils ne changent pas cette position, je pense que les choses seront toujours difficiles. Ils font circuler sur les réseaux sociaux un message pour dire qu’il faut quelqu’un qui est né à Kalinko centre pour diriger la commune comme si nous, nous ne sommes pas de Kalinko.

Si le ministre arrive à les convaincre, peut-être ça ira. Avant lui, tous nos ressortissants sont venus ici sans pouvoir résoudre le problème. Ça n’a pas marché parce que ceux du RPG campent sur leur position.

A Kalinko, 2/3 de la population est peulh et si on dit qu’un peulh ne va diriger ici, vous voyez déjà ce que ça fait. Dans ce cas, la réconciliation ne sera pas facile. En tout cas, à notre niveau, on veut qu’il y ait réconciliation parce que malgré l’annulation de certains bureaux de vote, nous avons remporté les élections avec 12 sièges contre 10.

Guineematin.com : Etes-vous prêts à renoncer à cette victoire pour obtenir la paix à Kalinko ?

Ousmane Kolela Diallo : Là, ce n’est pas à moi de décider. Ce sont tous les militants de l’UFDG qui peuvent le décider. Mais, je ne crois pas qu’ils soient prêts à accepter de renoncer à leur victoire parce que les autres n’ont pas réellement suivi un chemin de réconciliation. Je ne crois pas que les militants puissent accepter de le faire.

Guineematin.com : Merci monsieur Ousmane Kolela Diallo.

Ousmane Kolela Diallo : A moi de vous remercier.

Entretien réalisé au téléphone par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41 

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