8 mars : pourquoi je ne fête pas cette journée

Par Faty Diallo : En tant que guinéenne, je considère qu’aujourd’hui, je n’ai aucune raison de célébrer cette journée internationale de la femme ! Au contraire, au vu des derniers évènements qui secouent encore le pays et sa diaspora, cette journée me pousse plutôt à me questionner et à méditer sur le sort réservé à la femme guinéenne.

Grincheuse, me direz-vous! Sans doute !

Je me permets tout de même de rappeler quelques faits divers (partie visible de l’iceberg) des dernières semaines qui font que je ne fêterai pas la femme guinéenne cette année non plus.

  • À l’heure où la violence envers les femmes est monnaie courante et où certaines perdent leur vie aux mains d’époux qui ne voient en elles qu’une propriété dont ils peuvent disposer à leur guise;
  • À l’heure où certains hommes pensent que c’est sûrement « sexy » d’humilier publiquement des femmes dont le seul tort a été de croire en eux et à leurs promesses;
  • À l’heure où nos braves mamans ploient sous la tâche pour pouvoir assurer ne serait-ce un repas par jour à leur famille;
  • À l’heure où les mariages précoces sont force de loi dans plusieurs coins du pays, et ce au vu et au su de tout le monde;
  • À l’heure où certaines femmes guinéennes se font traiter de tous les noms, simplement pour avoir osé dénoncer certaines tares qui gangrènent notre société.

Je considère donc que je n’ai aucune raison de fêter cette journée.

Toutefois,

Je garde espoir que cette nouvelle génération de femmes de plus en plus conscientes et courageuses, saura réclamer la place qui lui est due dans la société et renverser ainsi la vapeur.

Je garde espoir que je pourrai réellement célébrer un jour la femme guinéenne, sans que cela me paraisse  paradoxal!

D’ici là, en tant que femme guinéenne, je soupire et regarde avec détachement,  tous ces messages de « bonne fête ! »

Bonne fête tout de même à celles qui ont une « vraie » raison de célébrer cette journée internationale des femmes !

Faty Diallo est mariée et mère de deux enfants. Diplômée de l’université de la Sorbonne-Nouvelle, elle est spécialiste bilingue en marketing et communication. Elle a travaillé plusieurs années en Guinée avant de s’installer au Canada en 2010.

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