Fête de la femme : Mariama Sylla appelle à investir dans l’autonomisation de la femme rurale

Le jeudi dernier, 8 mars 2018, la Guinée, à l’instar des autres pays du monde, a célébré la fête internationale de la protection des droits de la femme. Placé sous l’égide du Chef de l’Etat, le Professeur Alpha Condé, l’évènement a réuni au Palais du peuple, décideurs, partenaires et bénéficiaires impliqués dans la promotion de la femme et de l’enfance en Guinée.

Très active sur le front du combat pour l’émancipation, la promotion et la protection de la femme guinéenne, la ministre de l’action sociale, de la promotion féminine et de l’enfance, Madame Diaby Hadja Mariama Sylla, en fidèle porte-parole, a appelé décideurs et partenaires à soutenir les actions d’autonomisation de la femme rurale, empêtrée dans des activités aussi variées que difficiles dans son combat pour le bien être de sa famille.

Lors de son intervention devant le Président de la République, les partenaires au développement et l’ensemble des autres acteurs impliqués dans ce combat en faveur de la femme et de l’enfance en Guinée, Hadja Mariama Sylla a venté les mérites de la femme guinéenne et porté un accent particulier sur les femmes rurales, largement prise en compte par le thème de cette année en Guinée portant sur : « l’Autonomisation des femmes à travers l’expérience des Mutuelles financières des femmes Africaines (MUFFA) ».

Elle a indiqué pour l’occasion que « les femmes rurales sont les piliers de la réalisation des profonds changements économiques, environnementaux et sociaux nécessaires au développement durable. Largement représentées dans la main-d’œuvre agricole, leur autonomisation est essentielle non seulement au bien-être de personnes, de familles et de communautés rurales mais également à la productivité économique ».

Pourtant a rappelé la ministre de l’action sociale, « leur accès limité au crédit, aux soins de santé et à l’éducation est un des nombreux défis auxquels elles sont confrontées. A l’aune des mesures générales du développement, les femmes rurales sont moins bien loties que les hommes ruraux ou les femmes urbaines. Elles sont touchées de façon disproportionnée par la pauvreté et l’inégalité d’accès à la terre et aux ressources naturelles, aux infrastructures et services, ainsi qu’à une protection sociale ».

Or, souligne la ministre, « bien mise en œuvre, l’autonomisation des femmes leur donne plus de pouvoir afin d’améliorer leur propre estime de soi et leur indépendance financière. L’autonomisation aide surtout à prendre des décisions avisées tant sur les plans politique, économique, social que familial ».

Se référant au vœu pieux des Nations-Unies qui travaillent pour assurer l’égalité des chances pour les femmes rurales, Mme Diaby a indiqué aux acteurs que cette « responsabilité est collective et doit aller au-delà des mots ».

Pour cette année, le département, attaché à traduire les mots en actes a collecté et présenté des résultats probants qui mériteraient d’être soutenus et encouragés par l’ensemble des acteurs de la protection et de la promotion de la femme et de l’enfance en Guinée.

Pour une fois, 5 femmes rurales championnes ont reçu une récompense et une reconnaissance nationale dotée du Trophée du Président de la république, Pr Alpha CONDE, pour la transformation économique à petite échelle. « En plus de leur autonomisation, ces femmes ont réussi à extraire leurs consœurs des conditions de vie précaires dans lesquelles elles existaient », a expliqué la cheffe du département.

Il s’agit de Mme Marliatou Diallo qui gère une entreprise de saponification à Gueckédou, de Mme Sitan Diakité, spécialiste dans la production du savon à base de karité à Kankan, de Mme Foulématou Camara de Tougnifily dans la préfecture de Boffa, de la confédération nationale des organisations paysannes de Guinée, de Mme Marie Florence Noramou, de la commune rurale de Boola dans la préfecture de Beyla, où elle dirige le groupement des éleveurs « Kpomaté é Kpoopo », spécialiste dans l’élevage des agoutis, des porcs et d’autres petits ruminants et volaille et Hadja Saran Konaté de la préfecture de Kankan qui dirige le groupement « Konkö Kagni » qui développe le maraichage.

Chacune de ses femmes championnes de Guinée a montré son génie et sa volonté de contribuer à la réduction de la pauvreté dans leur milieu et contribué sensiblement à l’amélioration des conditions de vie non seulement de leurs familles mais également de leurs collègues et de leur entourage direct et indirect, à en croire un film documentaire convaincant qui a levé le voile sur les prouesses des femmes de diverses communes rurales du pays.

Cette journée du 8 mars en Guinée, a été également l’occasion pour une centaine de femmes de montrer leur génie créateur et de savoir-faire dans des spécialités aussi diverses que variées tels la saponification, la teinture, le tissage et bien d’autres domaines artisanaux, a évoqué Mme Diaby.

Pour elle, cela démontre autant de preuves matérielles mais aussi d’acquis symboliques à « multiplier à l’infini pour peu que nous nous investissions tous dans l’autonomisation des femmes rurales qui est aussi fortement tributaire de la solidarité des femmes urbaines en particulier de celles qui ont eu la chance d’acquérir une éducation plus poussée », a appelé la ministre de l’action sociale.

Elle citera plusieurs autres exemples de participation à l’autonomisation de la femme rurale avant d’aborder la clôture par le département de deux études d’envergure à savoir le Rapport National de la Condition Nationale de la Femme pour la période 2015-2017 et les Acquis et Défis de l’autonomisation des femmes à travers l’expérience des Mutuelles Financières des Femmes Africaines (MUFFA) en Guinée. « Les résultats de ces deux travaux seront présentés à la 62e Session de la Condition de la Femme qui se tiendra à New York », a expliqué Mme Diaby, visiblement heureuse des prouesses de son département.

La ministre en veut pour preuve, les MUFFA installées dans les cinq communes de Conakry, du Marché d’Avaria et 27 préfectures qui ont suscité une forte adhésion, avec quelques 60 000 mutualistes et près de 30 000 bénéficiaires de crédit pour un financement global de cinquante-cinq milliard huit cent millions de Francs Guinéens (55 800 000 000 GNF).

Une expérience qui a permis selon Hadja Mariama Sylla, de promouvoir l’entrepreneuriat féminin à la base, de dynamiser et de diversifier les activités économiques et de créer des micro-entreprises ;

Pour autant, la patronne de l’action sociale, de la promotion féminine et de l’enfance, refuse de verser dans l’autosatisfaction. « Les résultats de nos recherches montrent l’immensité des défis à relever. Si la volonté politique ne fait l’ombre d’aucun doute, il est opportun de faire remarquer quelques actions prioritaires comme le renforcement des capacités des femmes, l’augmentation des dépenses d’investissement en faveur des projets et programmes d’autonomisation, l’extension des MUFFA en zones rurales ou encore la lutte contre les pesanteurs socio-culturelles ou les préjugés sexistes ».

Hadja Mariama Sylla sera suivie et appuyée par la Coordinatrice du Système des Nations Unies en Guinée, Mme Séraphine Wakana qui a assuré la Guinée du soutien inconditionnel de son institution pour l’amélioration des conditions de vie de la femme guinéenne. Séraphine Wakana a souligné que « pour la première fois au sein des Nations Unies, la parité est appliquée au niveau du Secrétariat Général qui va être bientôt étendue à l’ensemble de l’Organisation des Nations Unies ».

Clôturant les interventions, et après avoir félicité les femmes récipiendaires de son trophée et salué les artistes dont l’équipe des handicapés, le Pr Alpha Condé a rappelé une nouvelle fois que son second mandat est entièrement dédié « aux femmes et jeunes de Guinée ».

Pour lui, le combat, le courage et la détermination de la guinéenne doit être salué au-delà même de nos frontières. C’est par la visite des stands montés pour la circonstance que cette fête a pris fin dans une ambiance assez particulière, marquée par la demande des femmes à la réouverture des classes pour les enfants de Guinée, fermées par la grève syndicale lancée le 12 février dernier.

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 628 08 98 45

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