Société : immersion dans l’univers des cireurs du carrefour de Bambéto

De nombreux jeunes guinéens se battent contre vents et marrées pour joindre les deux bouts dans une conjoncture économique difficile. C’est le cas de nombreux cireurs qui arpentent les rues de Conakry ou qui sont installés aux abords de certains carrefours. Rencontrés au carrefour de Bambéto, commune de Ratoma, quelques cireurs ont expliqué à un reporter de Guineematin.com les réalités de leur métier et les raisons pour lesquelles ils ont opté cette pratique.

De nos jours, bon nombre de compatriotes tirent le diable par la queue. Toutefois, loin de baisser les bras, les guinéens se battent pour subvenir à leurs besoins.

C’est le cas du jeune cireur Boubacar Diallo, originaire de Mamou, rencontré au carrefour de Bambéto. Selon lui, son choix de pratiquer ce métier n’est pas un fait du hasard. Il est lié à certains problèmes de famille. « Quand j’étais au village, j’étais élève. Mais, j’ai dû abandonner mes études parce que je n’avais pas de soutenance, mes parents n’ont pas les moyens. Ainsi, j’ai jugé nécessaire de venir me débrouiller à Conakry ici. J’ai choisi ce métier parce que je n’ai pas une somme d’argent pour faire le commerce, je n’avais que deux cent mille francs », a-t-il dit.

Par ailleurs, Boubacar Diallo explique s’en sortir tant bien que mal avec son métier. « Pour moi, je trouve ça mieux que d’aller voler. J’ai pris l’argent que j’avais, j’ai cherché un tabouret. Ensuite, j’ai acheté le matériel de travail et j’ai commencé à travailler. Bien que je n’aie pas quelqu’un pour m’aider, je ne vis avec aucun membre de ma famille, mais je parviens à m’en sortir. Je peux épargner entre 20 et 30 mille francs guinéens par jour. Je me nourris de ça, je paye le loyer et quelques fois j’envoie de l’argent pour mes parents au village », précise le jeune homme.

En ce qui concerne les difficultés qu’il rencontre, Boubacar Diallo dit parfois être victime du comportement de certains clients. « Quelques fois, je peux travailler pour certains personnes qui refusent de me payer. Il se trouve que je ne peux pas m’imposer et je ne peux pas les frapper. Vous voyez combien de fois ça fait mal ? », interroge-t-il.

Mamadou Yéro Barry, un autre jeune homme d’une vingtaine d’années, également originaire de Mamou, dit être venu à Conakry chez son oncle. Il a abandonné ce qu’il faisait comme activité. « J’étais à Mamou avec mes parents. Je faisais le lavage des voitures. Mais, ce que je gagnais n’était pas important. Alors, j’ai abandonné ça. Mon oncle Issa m’a dit de venir travailler ici à Conakry. Comme j’avais quarante mille francs guinéens déjà, j’ai acheté le matériel et j’ai commencé le travail. Je lave une paire de chaussures à mille francs, je cire la même paire à mille FG aussi », explique-t-il.

Contrairement au premier cireur, Mamadou Yéro Barry est pris en charge par son oncle. Ce qui l’aide à économiser ce qu’il gagne. « Je ne paye pas la location et pour la nourriture, c’est pour la journée que j’achète. Je commence à avoir une économie parce que je peux avoir quinze mille ou vingt mille francs par jour ».

Il faut rappeler que certains grands opérateurs économiques de notre pays ont commencé par cette activité de cireur avant d’atteindre leur niveau actuel.

Ramatoulaye Diallo pour Guineematin.com

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