« La rage tue une personne toutes les dix minutes », selon le ministre Frédéric Loua

Sous l’égide du département de l’élevage et des productions animales, un atelier national d’élaboration d’un « plan d’action intégré pour le contrôle de la rage en Guinée selon l’approche ‘‘une seule santé’’, a démarré ce lundi, 26 mars 2018 à Conakry.

Ouvert par le ministre de la pêche et de l’aquaculture, Frédéric Loua, au nom de son homologue de l’élevage et des productions animales, en mission, cet atelier financé par l’USAID et la FAO, a mobilisé une quarantaine de participants dont des experts de l’OIE (Organisation mondiale de la santé animale), l’OMS, la GARC (l’Alliance mondiale de la lutte contre la rage), le CDC (Centre pour la prévention et le contrôle des maladies).

Dans son discours d’ouverture, Frédéric Loua, après avoir rendu un hommage aux partenaires techniques et financiers, a salué la mobilisation des acteurs au tour du thème cité ci-haut.

D’ailleurs, le ministre dira que cette mobilisation « est la preuve éloquente de leur détermination à réussir le pari de l’éradication de la rage à l’horizon 2030 sur la planète ». Pour lui, « ce noble objectif est en parfaite cohérence avec le combat du Chef de l’Etat, le Pr. Alpha CONDE, Président de la République de Guinée, pour l’amélioration de la santé et du bien-être des populations guinéennes ».

Le ministre de la pêche abordant le thème, a défini la rage comme étant une maladie virale connue bien avant notre ère. Elle affecte les animaux à sang chaud. Elle se transmet de l’animal à l’homme par morsure, griffure ou léchage. Une fois déclarée, elle est toujours d’issue fatale chez l’homme et l’animal. Par le passé et avant que le célèbre Louis Pasteur ne découvre en 1885 un vaccin utilisable après une exposition, L’exposition à la rage, était toujours synonyme d’une condamnation à mort et suivie souvent d’horribles scènes de suicides, que les victimes préféraient à affronter l’effroyable horreur de la manifestation des signes cliniques, suivis infailliblement d’une affreuse mort.

Poursuivant, M. loua a expliqué qu’en dépit des efforts consentis par la communauté scientifique mondiale, « la rage demeure un problème de santé publique de premier ordre. Elle est présente dans plus de 150 pays du monde avec plus de 50 mille décès enregistrés par an; ce qui correspond à un décès toutes les 10 mn, soit 151 par jour. En Afrique et en Asie elle menace plus de 3 milliards de personnes. Cette situation est surtout due au faible niveau d’application des mesures de prévention a dit l’orateur.

En Guinée, la rage est endémique dit le ministre qui reconnaît que sa prise en charge « représente un véritable problème pour les services de santé humaine, animale et environnementale ».

Des statistiques qui font froid dans le dos : « Entre 1995 et 2010, les statistiques des services vétérinaires et ceux de la santé publique ont révélé chez les humains : 18.750 cas d’exposition, soit une moyenne de 3.750 cas par an ; desquels 224 ont manifesté des signes cliniques, suivis de décès. Chez les animaux, 47.476 chiens et 3.170 bovins ont été exposés à la maladie ; là également, 737 chiens et 399 bovins ont manifesté la maladie. De 2011 à 2016, 9.286 cas de morsures ont été enregistrés, avec un pic de 1 895 cas en 2015. Durant la même période, 37 et 87 cas de rage ont été respectivement enregistrés chez les humains et chez les animaux domestiques », a indiqué le ministre Loua non sans déplorer son impact sur la santé de la population.

Il s’est empressé de souligner que « ce semblant de baisse du nombre des cas d’exposition en Guinée serait plutôt lié au nombre élevé d‘événements non rapportés aux services vétérinaires ; notamment ceux survenant dans les zones rurales ».

Face à cette inquiétante situation, dit le ministre de la pêche, « le Ministère de l’Elevage et des Productions Animales, a sollicité en 2013, l’appui du Bureau Interafricain des Ressources Animales de l’Union Africaine (UA-BIRA) pour la formulation d’un programme multisectoriel de lutte contre la rage. A cet effet, un atelier national a été organisé au courant de la même année avec l’appui des experts de l’UA-BIRA et ceux de la sous-région ».

Malheureusement, regrette M. Loua, « faute de financement, ce programme n’a pu être mis en œuvre. Aujourd’hui, il mérite d’être actualisé pour l’aligner à la stratégie mondiale d’éradication de la rage à l’horizon 2030 que l’OMS, l’OIE et le GARC se sont fixées en 2015 à Genève (Suisse). Cette actualisation est d’autant plus nécessaire qu’entre temps, l’approche « ONE HEALTH », le Global Health Security Agenda (GHSA) et le « bien-être animal » ont considérablement évolué ».

Avant d’appeler les participants à se mettre à l’œuvre pour doter la Guinée d’un Plan d’action d’éradication de la rage d’ici 2030, Frédéric Loua a expliqué que « c’est pour toutes ces raisons que le gouvernement attache une grande importance à la tenue du présent atelier qui, nous sommes persuadés, permettra à la Guinée de se doter d’un plan d’action budgété de lutte contre la rage dans l’approche ‘’UNE SEULE SANTE’’ ».

Il a enfin exprimé le souhait du gouvernement de réussir le contrôle de la redoutable maladie en collaboration avec les pays de la sous-région ainsi que les institutions régionales et internationales spécialisées.

Avant lui, deux interventions ont été prononcées à cette cérémonie d’ouverture. La première par la directrice de l’USAID en Guinée, Barbara Dickerson et la deuxième par le représentant de la FAO, Mohamed Hama Garba. Chacun des deux partenaires techniques a réitéré l’engagement de son institution à accompagner la Guinée dans le combat contre la rage.

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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