Drame à la décharge de Dar-Es-Salam : 7 mois après, aucune action n’a été entreprise

Le 22 août 2017, un éboulement est survenu à la décharge publique située au quartier Dar-Es-Salam dans la commune de Ratoma. Neuf personnes dont une femme enceinte qui habitaient aux pieds de la montagne d’ordures avaient été tuées et des maisons détruites.

A l’époque, l’Etat avait pris plusieurs engagements, dont notamment le déguerpissement des populations riveraines et leur recasement dans un endroit plus approprié. Sept mois après, qu’en est-il aujourd’hui de ces engagements ? Comment vivent les populations victimes de l’éboulement ? Un reporter de Guineematin.com est allé à leur rencontre le lundi, 26 mars 2018 pour le savoir.

Amadou Sadio Diallo

Le 22 août 2017, fut un jour cauchemardesque pour Amadou Sadio Diallo, qui habite à quelques mètres de la décharge publique de Dar-es-Salam. Ce jour-là, l’éboulement survenu sur les lieux a coûté la vie à trois membres de sa famille et démoli sa maison. Il se rappelle que lui et les autres victimes avaient été en partie consolés par les promesses tenues par les autorités du pays à leur endroit. Mais aujourd’hui, le père de famille est partagé entre précarité et désillusion.

« Depuis le 22 août, nous vivons difficilement. C’est vrai, les gens nous ont aidés quand le drame est survenu ; mais, l’Etat n’a pas respecté ses engagements. L’Etat avait annoncé qu’il allait dédommager les gens ; mais, cela s’est arrêté à la promesse. Même pour notre recasement, rien n’a été encore fait. Nous sommes abandonnés à nous-mêmes. Ils ne sont venus que pour marquer le reste de nos maisons sans même échanger avec nous. Cela nous a rendus encore plus inquiets. Aujourd’hui, si l’Etat nous dédommage, le même jour nous, nous allons quitter cet endroit. Nous sommes là parce qu’on n’a pas les moyens pour quitter», indique Amadou Sadjo.

madame Adama Benthé Bah

Aujourd’hui, un mois seulement nous sépare de la date intervient la saison pluvieuse. Une période qui va vraisemblablement retrouver ces citoyens aux pieds de cette décharge publique. Une situation qui inquiète profondément madame Adama Benthé Bah, mère de familles qui avaient perdu six proches dont une femme en ceinte dans le drame d’août dernier.

« Depuis ce drame, nous sommes toujours là. Les autorités avaient promis qu’elles allaient se retrouver et que dans trois mois, on allait nous dire ce qu’il faut. Jusqu’à présent, on ne voit rien et l’hivernage approche. Actuellement, c’est la fumée qui nous fatigue et le manque d’eau potable. Puisqu’on n’a pas là où aller, nous sommes là », a-t-elle lancé au micro de Guineematin.com, ajoutant que les familles des victimes de reçoivent même plus d’aide.

Charles Damba

Charles Damba est le chef de quartier de Dar-Es-Salam 2, où se trouve la décharge publique. Tout comme les victimes de l’éboulement, il déplore aussi la suite donnée à ce drame : « Aucune mesure n’est prise ; ni par les privés, ni par l’Etat pour reconstruire les maisons cassées ou bien dédommager les habitants afin de les déguerpir. Certaines personnes viennent parfois pour nous interroger et annoncer des dispositions dans la bouche ; mais, concrètement, rien n’a été fait.

Le ministre de l’habitat et la directrice régionale sont venus en personne pour marquer les maisons (près de 400). Mais, ils n’ont échangé ni avec la commune, encore moins avec la population de la localité. Il semblerait que le ministre est venu aussi une fois avec des arabes à qui il aurait dit que si ceux-ci veulent travailler qu’ils vont déloger tout le monde sans dédommagement » », a-t-il expliqué.

Il ajoute qu’il n’y a même pas eu d’enquêtes sérieuses pour situer les responsabilités dans cette affaire : « Si des enquêtes ont été ouvertes, aucun résultat ne nous a été donné. Quand il y a eu la catastrophe, l’Etat est venu au secours ainsi que nos compatriotes vivant à l’étranger. Mais, depuis, aucune autre mesure n’a été prise pour nous soustraire de cette décharge », a expliqué le chef quartier, précisant que « si l’Etat veut que les gens quittent les lieux, il va d’abord les dédommager ».

Charles Damba prévient que si des dispositions idoines ne sont pas prises avant la période des grandes pluies, on risque d’enregistrer plus de morts que ceux de l’an dernier. Car, dit-il, les machines qui viennent pousser régulièrement les ordures au niveau de la décharge, ont contribué à maximiser les risques d’éboulement.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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