Maltraitance des enfants : des mineurs racontent leur quotidien dans les marchés de Conakry

Depuis de nombreuses années, les enfants sont victimes de viols et de maltraitance familiale, aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur de la Guinée. Ils sont exposés à toutes les intempéries pour vendre divers produits, soit pour leurs parents ou pour leurs tuteurs. Les autorités tentent tant bien que mal à endiguer le phénomène malgré leurs maigres moyens. Un reporter de Guineematin.com a rencontré des enfants dans cette situation, ce mercredi 28 mars 2018, dans certains quartiers de Conakry.

Kadiatou Camara, en classe de 2ème année à l’école primaire de Taouyah, vendeuse de friperie, dit être victime de la pression exercée par sa mère. « Je viens ici au marché de Taouyah chaque jour. Je viens à 8h avec mon petit frère pour vendre ce que ma maman nous a donné. Nous sillonnons tout le marché pour chercher des clients. A 10h, nous retournons chez notre mère pour prendre notre petit déjeuner, après nous revenons au marché. Puis, on reste ici jusqu’à 13h avant d’aller à l’école. Je laisse mon frère ici. Si je reviens tôt, je continue jusqu’à 19h. Après, on rentre à la maison. Le lendemain encore elle nous réveille à 6heures pour que je fasse mes travaux ménagers avant de venir au marché », a-t-elle expliqué.

De son côté, Mamadou Dian Diallo, vendeur de Coyah Yé (eau minérale en sachet), explique que c’est parce qu’il n’y a personne pour aider sa maman qu’il fait cette activité. « Moi, je suis avec ma mère. Mais, je constate qu’elle a beaucoup de travaux à faire. Comme je n’ai pas de frères ni de sœurs, je l’aide à faire certaines choses avant d’aller à l’école. Pour moi, vendre cette eau et donner à ma maman cet argent c’est mon plaisir », a dit cet élève de la 4ème année à l’école primaire de Dixinn.

Pour savoir ce que dit la loi dit par rapport à cette question, notre reporter a pris langue avec Mayo Doré, chargé de la question de l’enfance à la commune de Dixinn. Selon lui, une vingtaine d’articles du Code Pénal protège les enfants dans notre pays. « Selon l’article 3 de notre Code Pénal, toute personne qui n’a pas 18 ans est considérée comme enfant en Guinée, sans distinction. Donc, pour nous acteurs de la protection, il n y’a pas de différence entre un enfant d’un riche et celui d’un pauvre. Le quatrième article dit que tout adulte doit agir dans l’intérêt de l’enfant, que ça soit ses propres parents ou un tuteur », a expliqué monsieur Doré.

Mayo Doré

Revenant sur l’exploitation des enfants, le chargé de la question de l’enfance à la commune de Dixinn va citer l’article 16 selon lequel « les enfants doivent être protégés contre les tortures et les maltraitances ». Monsieur Doré va citer aussi l’article 19 qui stipule que « tout enfant a le droit à la protection de ses parents et à des soins ».

Pour ce qui est des mesures prises à la commune de Dixinn pour faire face à la problématique de l’exploitation des enfants, Mayo Doré dit que « nous nous referons aux articles qui protègent les enfants pour les défendre. Nous avons mis en place des comités qui pourront repérer rapidement les cas de maltraitance des enfants ou des viols, puisque nous travaillons beaucoup sur ces cas dans toutes les communes. A ce niveau, nos représentants c’est les CLEF (Comités locaux Enfant et Famille). Ce comité est composé de jeunes filles et garçons qui sont formés pour repérer les enfants vulnérables qui sont violés ou qui sont maltraités par leurs parents. Nous avons une structure au niveau de la police qui s’appelle l’OPROGEM, chargée de la protection de l’enfance et de la femme. Récemment, à travers cette structure, nous avons mis main sur un monsieur qui a battu sa femme qui était en état de famille à Hafia ».

Le chargé de la question de l’enfance à la commune de Dixinn a rappelé quelques difficultés rencontrées dans l’exercice de cette lutte. « Nous rencontrons pas mal de difficultés, parce que le ministre de l’action sociale fait seulement des plaidoyers et nous aussi, au niveau communal, nous n’avons pas les moyens puisque l’État n’a mis aucun budget à notre niveau », se plaint-il.

Ramatoulaye Diallo pour Guineematin.com

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