Guinée : des responsables de la prison centrale de Conakry poursuivis pour complicité d’évasion

Trois responsables de la maison centrale de Conakry ont comparu ce mardi, 10 avril 2018, devant le TPI de Dixinn. Ils sont poursuivis avec deux autres personnes pour évasion et complicité d’évasion. Les prévenus ont tous plaidé non coupables, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Mohamed Chérif Yansané, gardien en chef de la maison centrale de Conakry, Elisabeth Mansaré, greffière en chef et Facinet Guilavogui, un autre responsable de la maison carcérale, sont poursuivis dans le cadre de l’évasion d’Alpha Oumar Barry, un jeune qui était détenu à la maison centrale de Conakry, en septembre 2017. Ils sont poursuivis en même temps que le jeune en cavale et autre jeune nommé Mamadou Diallo, soupçonné d’avoir aidé Alpha Oumar Barry à s’évader de la prison.

A la barre, les quatre prévenus présents ont tous nié les faits qui leur sont reprochés. Le gardien en chef, Mohamed Chérif Yansané, a expliqué qu’il a reçu le jeune Alpha Oumar Barry le 19 septembre 2017 avec le mandat de dépôt : « Le 19 septembre, maman Elisa (Elisabeth Mansaré ndrl) est venu dans mon bureau avec le jeune et le mandat de dépôt. Elle m’a dit de le placer dans la cale C5, je l’ai placé là-bas. Quelques temps après, elle est allée encore voir mon adjoint pour lui dire de transférer le jeune dans la cale mécanique.

Elle a dit que son ami est là-bas et qu’ils peuvent donc manger ensemble quand le riz vient. Sans me consulter, mon adjoint a déplacé le détenu de la cale C5 pour la cale mécanique. Moi c’est seulement le 22 septembre, quand on a constaté que le jeune s’est évadé que je me suis rendu compte qu’il avait été déplacé de là où je l’avais placé », a expliqué le gardien en chef de la maison centrale de Conakry, déclinant toute responsabilité dans l’évasion d’Alpha Oumar Barry. Une version soutenue également par Facinet Guilavogui qui a la charge de surveiller les sorties de la prison.

De son côté, Elisabeth Mansaré a nié en partie les explications de ses collègues. Elle reconnaît avoir demandé le déplacement d’Alpha Oumar Barry de la cale où il était vers une autre, mais elle indique qu’elle l’a fait une seule fois, et pour des raisons purement humanitaires : « Le lendemain de son arrivée à la maison centrale, sa maman m’a appelé au téléphone, elle m’a dit que son fils l’a appelée la nuit précédente pour lui dire qu’on le maltraitait là où il était détenu, elle m’a demandé alors de l’aider pour qu’il soit déplacé vers un endroit pour assouplir ses conditions carcérales.

C’est ainsi que je suis allé dans le bureau du gardien en chef, mais lui il n’était pas présent, j’ai expliqué la situation à son adjoint et je lui ai demandé de déplacer le jeune pour l’envoyer dans une autre cale où il sera tranquille, il a accédé à ma demande », a-t-elle dit. Elle ajoute qu’elle était à la maison lorsqu’il a été constaté que le détenu s’est évadé. « C’était un vendredi vers 18 heures, ils m’ont appelé pour me dire qu’ils n’ont pas vu Alpha Oumar Barry, je leur ai dit de le chercher là-bas parce qu’en ma connaissance il n’est pas sorti de la prison. Comme il n’a pas été retrouvé, le samedi matin je ne devais pas travailler, mais je suis allée à la maison centrale pour me renseigner davantage », explique la greffière en chef.

Elle précise qu’elle s’est rendue immédiatement chez la mère du jeune homme, puis ensuite chez son père à la recherche du jeune sans pour autant le trouver à ces deux endroits. C’est ainsi qu’elle a réussi, en complicité avec la mère du détenu qui s’est évadé, à mettre main sur Mamadou Diallo, son complice présumé. « Il (Mamadou Diallo) a appelé la maman d’Alpha Oumar pour lui dire qu’il est sergent et que c’est lui qui a aidé son fils à s’évader de la prison, il lui a demandé une somme de 200 mille francs en guise de récompense, la dame a dit qu’elle lui donnerait 250 mille.

Elle lui a demandé où est-ce qu’on peut le trouver pour lui remettre l’argent, il a nous dit de le trouver au niveau de la station de « Sans Fil » à Kaloum. J’ai déplacé deux taxi-motos je leur ai expliqué qu’on va arrêter quelqu’un, ils ont accepté, on est parti le trouver là-bas. Les deux jeunes et la maman du jeune qui s’est évadé l’ont pris avec l’aide d’un gendarme qui était à côté, moi j’ai déplacé un taxi pour l’envoyer à la maison centrale, je l’ai conduit immédiatement au bureau du régisseur », a-t-elle narré, les larmes aux yeux.

Après les questions du procureur et des avocats de la défense, le président du tribunal, Ibrahima Sory Tounkara, a décidé de renvoyer l’audience au 17 avril pour les plaidoiries et réquisitions. Mais avant, la défense a sollicité la mise en liberté provisoire des prévenus qui sont détenus depuis le 27 septembre 2017, mais la demande a été rejetée par le juge.

Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628124362

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