Parlement : explications et assurances de trois ministres devant les députés

Comme annoncé dans nos précédents articles, les honorables députés ont adopté unanimement le mardi, 24 avril dernier, cinq accords de prêts de plusieurs centaines de millions de dollars et un autre accord révisé portant sur l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle.

Mais avant le vote, la présentation des rapports a été suivie de débats marqués par des questions des députés et des réponses du gouvernement, représenté pour l’occasion par les ministres Mariama Camara de l’agriculture, Marc Yombouno du commerce et Cheick Taliby Sylla de l’énergie et de l’hydraulique.

Guineematin.com, qui a suivi les débats, revient sur quelques séquences de réponses fournies par les ministres.

Mariama Camara de l’Agriculture 

Parlant de la durée du projet agricole Gaoual-Koundara-Mali, financé par la Banque islamique de développement (BID), Mariama Camara indique qu’il sera exécuté de 2018 à 2022. L’objectif du projet selon elle, est d’améliorer les conditions de vie des populations des populations de ces préfectures situées dans le nord de la Guinée.

Elle souligne que le projet permettra l’aménagement de bas-fonds, l’apport d’équipements agricoles et post-récoltes, la réalisation de pistes rurales et la construction de ponts entre autres. A ceux qui ont des inquiétudes sur la bonne exécution du projet, la ministre de l’agriculture rassure que sa mise en œuvre se fera de façon participative. Elle évoque la mise en place d’un mécanisme de suivi-évaluation. Et un audit national veillera sur la tenue des comptes conformément aux normes de la BID, a promis Dame Camara.

Dans son speech, la patronne du département de l’agriculture a rappelé que le développement du secteur rural intéresse tout le monde puisqu’il participe au bien-être du monde rural.

De la nature des sols visés par le projet, Mariama Camara, reste confiante qu’avec la SENASOL, des analyses vont être faites pour identifier la fertilité des sols. A ceux qui s’inquiètent de l’absence de la filière riz parmi les cultures citées dans son discours, la ministre soutient que cette céréale, la plus consommée en Guinée, fait partie des cultures visées par ce projet agricole, précédé d’études de base en 2007. De l’unité de coordination, c’est le bailleur et le gouvernement qui vont se mettre d’accord pour sa mise en place, a conclu l’ex-patronne de la SOGUIPAH, visiblement émotive.

Marc Youmbouno du commerce 

Il a entamé ses propos par expliquer la genèse du projet de la chaîne des valeurs, très récent. « C’est en septembre 2016 que j’ai fait la requête auprès du ministère du plan qui l’a soumis à la BID et le projet a été élu lors de la rencontre de Paris », a dit Marc Yombouno.

Dans le cadre de sa mise en œuvre, c’est un projet transversal a-t-il expliqué aux députés. « Plusieurs départements sont impliqués. Le financement du projet est une entente entre le bailleur et le demandeur. L’argent ne vient dans les caisses du département. Ce que nous pouvons, c’est d’aider le paysan à produire ce qui peut intéresser les autres », a indiqué le ministre du commerce.

En termes de montant de ce projet agricole de chaines de valeurs, « il y aura un plan financier opérationnel selon les activités menées. Toutes les préfectures sont concernées, y compris Kérouané dans le cadre de la culture de l’igname. Par rapport au rendement actuel, le maïs donne plus en Haute Guinée et en Forêt. C’est comme la pomme de terre au Foutah ou le riz à Forécariah », a dit Yombouno.

A ceux qui soulevé des inquiétudes sur la culture de l’anacarde, l’orateur a souligné qu’il s’agit là de simples spéculations. « C’est une initiative présidentielle. Elle a permis de passer de 2500 tonnes en 2014, à 17 mille tonnes d’anacarde en 2017 », a-t-il lancé.

Au-delà de ce projet, poursuit Marc Yombouno, « il y a la filière mangue qu’on est en train de développer. Nous luttons pour l’amélioration de la qualité de nos fruits destinés à l’exportation. Il y a la mouche de mangue qui continue d’être une préoccupation pour le département. Mais des dispositions sont en vue pour son éradication », a-t-il promis en substance avant d’expliquer le refoulement l’année dernière à Conakry de plusieurs conteneurs de mangues.

Ceux qui ont des doutes sur les capacités de montage de projets au niveau du gouvernement ou encore l’implication du secteur privé dans le processus, le ministre Yombouno leur répond: « l’Etat ne réalise pas le projet. La plus grande partie du projet sera consacrée aux infrastructures. Des dossiers d’appels d’offres seront établis et accessibles à tous. Ce sont des privés guinéens qui vont les réaliser et les bénéficiaires sont également des guinéens. Les kilomètres de pistes rurales et les mètres linéaires de ponts sont tous étudiés », a-t-il rassuré.

En outre, Marc Yombouno « rassure que le chef du département du commerce n’est pas ce genre de manager qui met l’argent d’un projet dans sa poche. Pour la chaîne des valeurs, cinq centres de conditionnement modernes seront construits dont un à Kankan. Ce qui va apporter plus de valeur ajoutée aux bénéficiaires ».

De l’organisation africaine pour la propriété intellectuelle, le ministre se veut rassurant. « Cet accord révisé est une loi. En votant et en acceptant de ratifier l’accord de Bangui, la Guinée accepte de protéger la propriété intellectuelle. Un pays s’était hasardé à copier la création de nos artisans comme les pagnes lépi et forêt sacrée. Nos services ont sévi », a expliqué l’orateur.

Aux chercheurs et inventeurs, Marc Youmbouno révèle qu’un fonds d’appui à l’institution elle-même, l’OAPI, existe. « C’est l’OAPI qui a appuyé la création des prototypes de nos braves créateurs présentés ici », a-t-il expliqué aux honorables députés, se réjouissant de l’initiative de l’Assemblée nationale d’instituer une journée nationale de créativité.

Pour les pompes de la FAPEL, indique-t-il, « il a été dit au SNAP de tenir compte, dans ses marchés de la production de FAPPEL. C’est dans ce cadre qu’il faut saluer le contenu local actuel guinéen. Actuellement à qualité égale, on se tourne vers la production locale », a rassuré le ministre du commerce.

Cheick Taliby Sylla de l’énergie et de l’hydraulique

 Dans un langage convainquant, le ministre de l’énergie est venu au parloir donner les grandes lignes de son secteur, pourtant décrié (surtout par l’opposition).

« Nous avons un atlas avec 309 sites identifiés qui donnent 6900 MW d’électricité à travers le pays. Avec la mise en service de Kaleta, la ligne interconnexion qui existait a été alimentée. L’année dernière, Kaleta a produit en moyenne 100 MWH mais le reste on n’avait pas où envoyer et c’est du perdu », s’est désolé M. Sylla.

Toujours parlant des projets hydroélectriques, le ministre Sylla a expliqué qu’en tant que président du Conseil d’administration du projet de barrage de Koukoutamba, prévu dans la préfecture de Tougué en Moyenne Guinée, le projet va très bien et il est adjugé par une société chinoise avec 294 MW ».

Plus loin, il souligne que « le complexe Kaléta-Souapiti-Amaria en Basse Guinée, nous fera près de 1000 MW d’énergie et sans l’interconnexion on va envoyer l’énergie où ? C’est pourquoi le Pr Alpha Condé nous a demandés de mettre l’interconnexion. Mieux, il faut reconnaître que nous sommes membres de la CEDEAO qui a mis en place le programme WAP. D’où la raison de cette ligne Guinee-Mali, le Mali est interconnecté avec le Sénégal et la Mauritanie. Avec le barrage Fomi en Haute Guinée, les études de faisabilité sont terminées. Il produira 90 MW. Les travaux vont démarrer cette année pour finir en 2021. Avec ce barrage, c’est aussi six milliards de m3 d’eau et l’irrigation de 100 ha cultivables. Le bateau va relier la ville de Kankan en Guinée à Bamako au Mali pendant 8 mois de l’année. C’est également 3 500 tonnes de poissons » a-t-il indiqué.

« Il ya le projet Fancolédou-Cobédou en Guinée forestière. Allez-y sur les lieux voir ce site, si on ne travaille pas. Vous avez à N’Zérékoré, à Lofoura, Palan à Macenta, à Kéro en accompagnement de l’ONUDI. Je n’ai pas vu non plus la pose d’une pierre », faisant allusion à ceux qui se moquent des projets se limitant à l’effet d’annonce.

« Ce barrage sera partagé avec le Libéria. Il était prévu pour 3 MW, nous avons 7 MW disponibles pour 7 millions de dollars. La semaine dernière nous étions en réunion avec l’ONUDI. Pour transporter cette énergie, nous avons créé la boucle de Guinée. Il y aura aussi une ligne en direction de Sambagalou en passant par la préfecture de Mali en Guinée. Sambagalo c’est 120 MW ».

«En termes de financement, vous avez plusieurs bailleurs de fonds pour la ligne Guinée-Mali. Ils sont bouclés. C’est également valable pour le financement de la ligne de Kankan–Fomi et le poste de Fomi, ces financements sont également disponibles. C’est le Chef de l’Etat qui a demandé d’alimenter les villes et villages traversés par ces lignes. Ils doivent être alimentés de 10 km de part et d’autres. Mais nous voulons aller plus loin », promet Cheick Taliby Sylla, qui parle plutôt la possibilité d’aller à 20 km de part et d’autres de cette ligne.

A l’opposition qui qualifie le gouvernement de rêveur, le ministre répond : « ceux qui n’ont pas la main dans la patte, il faut rêver. Mais nous qui gérons, on vous assure qu’on les réalisera. Tous ces projets ne finiront pas en 2020 certes, mais d’autres vont se terminer en 2021 », a-t-il assuré.

De l’eau potable, le ministre de l’énergie et de l’hydraulique appelle de ses vœux à éliminer les pompes à motrice humaines. « Le Président nous a demandés de développer les pompes solaires pour finir avec les pompes à motrice humaines », a conclu le ministre dans une salle restée silencieusement accrochée à ses lèvres.

C’est sans suspens que les trois groupes politiques, à travers leurs porte-parole, Hadja Aïssata Daffé de l’Alliance républicaine, Dr Fodé Oussou des Libéraux-démocrates et Aly Kaba du Rpg-Arc-en-ciel ont appelé leurs collègues députés à réserver un vote positif à l’ensemble des textes soumis au Parlement

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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