Un ordinateur fabriqué en Guinée : son inventeur Mountaga Kéïta à Guineematin (Interview)

Mountaga Kéïta est un génie guinéen inventeur et innovateur. Depuis deux ans, il a créé un ordinateur premier du genre et dont les domaines d’activités sont aussi nombreux que variés. En marge de la plénière parlementaire du 24 avril dernier, il a accepté de répondre aux questions de Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Décryptage !

Guineematin.com : Vous êtes au Parlement pour présenter votre invention. Parlez-nous-en, de quoi s’agit-il au juste ?

Mountaga Kéïta : Très simplement, j’ai vu que nous avons un problème de numérisation et de digitalisation dans notre société avec un taux de 65% d’illettrés. Ma préoccupation était de trouver une solution et faciliter à ces millions de concitoyens l’accès au numérique. Nous avons vu qu’il était plutôt possible d’adapter le monde numérique à eux et non le contraire. Alors ma solution était de créer un système à travers cet appareil que de milliers de personnes peuvent utiliser sans qu’il ne soit détérioré. Tout le matériel a été testé à la performance pour arriver à un design très fort par apport à toutes les agressions venant de l’extérieur. Il a le wifi et une boutique qui sont laminés à l’intérieur, il a un haut-parleur de grande performance, une caméra de 10 méga pixels et des micros multidirectionnels, une imprimante A4 de grande capacité et une dalle tactile incassable. Le tout logé dans un coffre-fort en acier. Nous avons un ordinateur aux capacités supérieures aux lap-tops habituels avec 8 Go de ram et un disque dur de 32 Go qui peut porter jusqu’à 3 terras. Cela dépend de l’utilisateur. Nous adaptons les disques durs selon les utilisateurs. Il est alimenté avec une simple batterie de 220 v et adapté aux conditions et aux possibilités de l’utilisateur.

Guineematin.com : Dites-nous, comment vous avez eu cette idée ?

Mountaga Kéïta : Nous sommes partis d’un constat. Dans l’administration, les hôpitaux, les mairies, bref un peu partout, le manque d’électricité, l’utilisation des machines à taper à l’ancienne, la lenteur dans les services, j’ai vu qu’au lieu de blâmer les gens, il faut chercher des solutions pour les équiper et moderniser ce qu’ils font.

Guineematin.com : Comment est-ce qu’il est alimenté ?

Très simple, il est alimenté à partir d’une énergie hybride de 220 v. ce qui veut dire, à partir d’un panneau de 100 w,  cela suffit à alimenter les composantes et recharger les batteries à lithium qui sont à l’interne. Ce qui veut dire qu’on peut utiliser cette machine dans des zones plus lointaines que possible pour faire des travaux numériques à plein temps.

Guineematin.com : Vous avez pris combien de temps pour concevoir cette machine ?

Mountaga Kéïta : Rien que pour faire la modélisation en 3D, il m’a fallu un à deux ans. De 2014 à 2015, nous avons travaillé sur la maquette pour aboutir à un prototype qui a été présenté l’année dernière. Et les modèles commerciaux sont à l’usine et attendent les commandes pour être livrés aux clients.

Guineematin.com : Vous parlez d’usine. Où est-ce qu’elle se trouve réellement ?

Mountaga Kéïta : Ici même en Guinée, à Sonfonia dans la commune de Ratoma. L’usine nous appartient à 100% et ceux qui y travaillent sont tous des guinéens. Au départ, mes parents voulaient construire un immeuble d’habitation, mais à mon arrivée, je les ai conseillés d’accepter de transformer l’intérieur en usine. Ce qui fut fait sans trop de problème.

Guineematin.com : Vous employez actuellement combien de personnes dans cette unité de production ?

Mountaga Kéïta : Actuellement, il y a 40 personnes. Soit la taille optimale pour faire tourner une telle unité industrielle. Pendant 3 années, j’ai travaillé avec des électriciens, des soudeurs, des ouvriers mais également et surtout des programmeurs guinéens dont certains sont présents avec moi aujourd’hui au Parlement.

Guineematin.com : Parlez-nous de l’utilisation de cette machine. Qui peut l’utiliser, où et comment ?

Mountaga Kéïta : Dans les aéroports, les administrations publiques et privées, ici même au Parlement. Pour contrôler les présences par exemple, il suffit juste de présenter son badge pour qu’il soit scanné. L’Etat en a besoin aujourd’hui avec son programme de biométrie et de contrôle des effectifs de la fonction publique, n’est-ce pas ? Pour les banques par exemple, il y a les tickets qui peuvent être tirés, des relevés bancaires également sans déranger le personnel, dans les mairies avec les tous les actes administratifs, les miniers, les jeunes, les commerçants avec le e-commerce. Bref, notre machine est utile dans tout et partout. Il suffit d’une simple programmation et vous verrez le reste.

Guineematin.com : Il sert à tout pratiquement, mais on constate qu’il est très grand. Est-ce qu’il peut être miniaturisé ?

Mountaga Kéïta : En le rendant un peu plus petit, on crée un autre problème qui est majeur. Cet ordinateur n’est pas destiné à être petit. D’accord qu’il doit être beau et attractif, mais assez lourd, imposant et stable aussi. En le rendant petit, on le rend vulnérable au vol.

Guineematin.com : Il pèse combien de kilogrammes :

Mountaga Kéïta : Il  pèse 60 kg.

Guineematin.com : Est-ce que vous avez commencé à le commercialiser et à quel prix ?

Mountaga Kéïta : Depuis mercredi le 18 avril, nous avons commencé à le vendre. Son prix varie de 30 millions à 50 millions avec une garantie de 3 ans.

Guineematin.com : Avez-vous participé à la semaine nationale du numérique qui vient de s’achever?

Mountaga Kéïta : Oui, l’année dernière j’ai participé à la compétition et j’ai décroché le deuxième prix. Cette année, nous étions présents et il y avait tellement d’engouement qu’on nous a demandés de le fermer un moment et permettre à la foule de suivre les panels.

Guineematin.com : Avez-vous dans votre programme d’autres inventions ?

Mountaga Kéïta : Nous en avons au moins six, dont une invention pour les écoliers. Les autres ne sont pas trop en avance pour le moment. Nous sommes tenus de suivre l’évolution de nos sociétés et aller un peu à son rythme.

Guineematin.com : Avez-vous un appel à lancer à nos décideurs ?

Mountaga Kéïta : Nous n’avons pas besoin de dons. Les dons affaiblissement. Nous avons simplement besoin de commandes pour acheter nos produits. Nous faisons confiance à ce que nous produisons et nous assurons la garantie de ce que nous vendons. C’est aussi simple.

Propos recueillis et décryptés par Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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