Dar-Es-Salam : menacées de déguerpissement, de nombreuses femmes élisent domicile dans la rue

Après leur manifestation d’hier qui n’a pas porté fruit, les femmes de Dar-Es-Salam concernées par le déguerpissement en vue, des riverains de la décharge publique de située dans ce quartier ont investi à nouveau la rue ce vendredi, 11 mai 2018. Elles sont venues cette fois avec beaucoup de bagages pour élire domicile sur la chaussée dans l’espoir de pouvoir être entendues par les autorités du pays, a constaté un reporter de Guineematin.com qui s’est rendu sur les lieux.

Après avoir passé toute la journée de jeudi dans la rue où elles ont cuisiné et fait leurs prières, les femmes de Dar es-salam qui habitent aux abords de la décharge publique et qui sont menacées de déguerpissement, sont revenues ce vendredi encore sur les lieux. Déterminées à poursuivre leur mouvement de protestation jusqu’à ce qu’elles soient entendues par le gouvernement, ces femmes ont occupé la transversale numéro1 très tôt le matin.

Et cette fois, elles ont pris soin d’apporter plusieurs bagages comme des bidons, des valises, des postes téléviseurs, des nattes, des bouilloires et d’autres colis remplis de vêtements. Les manifestantes assurent qu’elles resteront dans la rue jusqu’à ce que les autorités les entendent. Car, disent-elles, si elles habitent aujourd’hui auprès du dépotoir d’ordures, ce n’est pas de leur faute.

« Nos parents ont occupé ici avant l’arrivée des ordures. C’est les ordures qui nous ont trouvés, ce n’est pas nous qui les avons trouvées. Il y en a parmi nous dans ce quartier qui ont fait 50 ans ici, d’autres 30 ans, d’autres aussi ont vécu ici pendant 15 ou 20 ans. Moi, j’ai mes 34 ans bien sonnés ici, je ne connais nulle part ailleurs. J’ai des enfants qui étudient ici comme d’autres, comment on va faire avec ces enfants ? C’est la saison des pluies qui arrive, ils sont en train de pousser les ordures vers nos bâtiments. En 2017, les machines ont poussé les ordures jusqu’à ce qu’il y ait eu éboulement, il y a eu morts d’hommes. Maintenant on nous dit de quitter à la place des ordures. C’est dommage pour la population guinéenne ! Depuis qu’on a commencé à manifester ici, nous n’avons entendu aucune autorité. Tant qu’on n’entend pas Alpha Condé, on n’entend pas Ibrahima Kourouma, on ne va pas quitter ici (la rue) parce qu’on n’a pas où aller » a déclaré au micro de Guineematin.com, M’Mah Sylla, l’une des manifestantes.

A côté de cette dernière, Djènaba Sylla, des jumeau en mains, fond en larmes. Elle déplore leur situation et interpelle le président Alpha Condé. « Alpha Condé n’a qu’à avoir pitié de nous. Nos enfants doivent étudier, nous devons avoir à manger. On nous vide de nos maisons, nous n’avons pas où aller, on va rester dans les rues. Nous demandons à Alpha Condé de nous aider pour qu’on quitte la rue ici », lance-t-elle.

Ces femmes ont une nouvelle fois fait la cuisine en plein carrefour et campent dans la rue, empêchant toute circulation sur la T1. Les autorités elles, n’ont pas encore réagi sur cette affaire, alors que l’ultimatum donné aux riverains de la décharge de Dar es-salam pour quitter les lieux a déjà expiré.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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