Enlèvement d’Elhadj Doura : Ce qu’il faut savoir de son bourreau de Conakry à Bissau

Les enquêteurs de la gendarmerie nationale sont parvenus, de fil en aiguille, à retracer le chemin emprunté par le présumé auteur de l’enlèvement d’Elhadj Abdourahmane Diallo. Mamadou Diallo, plus connu sous le nom d’Elhadj Mohamed, est détenu depuis le dimanche, 7 mai 2018 à Conakry, après un séjour en Guinée Bissau. Des sources proches du dossier ont expliqué à un reporter de Guineematin.com les différentes péripéties de cet enlèvement digne d’un scénario hollywoodien.

Le vieil homme a été enlevé le 5 décembre 2017, vers 5 heures du matin à son domicile Hamdallaye, alors qu’il se rendait à la mosquée. Son corps a été exhumé le mercredi 9 mai 2018 à Maleya, une petite localité relevant de la préfecture de Forécariah.

Mais, qui est Mohamed Diallo, le présumé cerveau du kidnapping d’Elhadj Doura ?

Selon les enquêteurs, Mamadou Diallo, se disant commerçant, est originaire de la commune rurale de Kankalabé,  dans la préfecture de Dalaba.  Le défunt Elhadj Doura est également originaire de Dalaba, plus précisément de la localité de Bindi. Le présumé cerveau du rapt, est également un voisin direct de la famille d’Elhadj Doura au quartier Hamdallaye dans la commune de Ratoma. Mamadou Diallo, qui a séjourné en Europe, ne serait pas un inconnu des services de sécurité. « C’est un récidiviste », soutient une source généralement bien informée.

 Qu’en est-il de la rançon versée aux kidnappeurs ?

 Après l’enlèvement de l’opérateur économique, il a été successivement conduit à Sonfonia ; à Kenendé, dans la préfecture de Dubréka, avant de mourir dans les mains de ses ravisseurs le 19 décembre 2017.

Selon cette source, Mohamed Diallo a bel et bien reçu une rançon de 100 mille dollars US et s’apprêtait à demander un second versement lorsque le vieil homme est mort dans leurs mains à Forécariah. « Thierno (fils d’Elhadj Doura, ndlr) nous a dits que ce jour, il l’a fait promener partout à Conakry.  Selon le jeune homme, ‘’il me dit, vient à Sonfonia. Non, c’est à l’aéroport, non, va à Hamdallaye, monte par ci, descend par là, avant de me dire de déposer l’argent à Lambanyi ». Et, poursuit notre informateur, « après avoir obtenu les 100 mille dollars US, Mohamed Diallo a joué le plus mauvais tour à ses amis. Il ne leur a rien donné. Il aurait pris seul l’argent pour l’utiliser à sa guise après ».

Qu’a fait Mohamed Diallo après réception des 100 000 dollars US ?

De là, sentant les enquêtent se rapprocher de lui, Mohamed Diallo a quitté Conakry pour Gaoual où il s’est installé dans un hameau à Koumbia. Il y est resté pendant un bon moment et avait réussi à développer des activités commerciales, notamment l’achat de la noix de cajou.

De Koumbia, il est parti à Bissau, loger dans un quartier qualifié de rebelle. Pour échapper aux soupçons, il a changé de nom et d’identité. Il se faisait appeler Amadou Diouldé Baldé. Il s’est payé deux véhicules de marque Mercedes pour en faire des taxis. Il a pris une chambre et salon et sortait peu de sa cachette. Il avait autour de lui des jeunes du quartier à qu’il aimait donner le prix du thé. A Bissau, il affichait un air de bonhomie et se faisait passer pour quelqu’un de gentil et sérieux, dévoile notre informateur.

Après avoir changé de pays et d’identité, le présumé kidnappeur s’est fait un nouveau téléphone portable et un nouveau numéro à partir duquel il communiquait. Prudent, il avait soigneusement évité de le donner aux guinéens restés au pays. Seules deux personnes pouvaient échanger avec lui depuis la Guinée, révèlent les enquêtes.

Comment les agents ont-ils réussi à lui mettre le grappin dessus ?

Son arrestation est intervenue grâce à la perspicacité et au courage des gendarmes guinéens dépêchés à Bissau. Ils ont été appuyés par des policiers de la Guinée Bissau et par l’appui des ressortissants guinéens vivant dans ce pays. Finalement, c’est aux alentours de 4 heures du matin que le présumé cerveau du kidnapping d’Elhadj Doura est tombé dans les filets des enquêteurs. Plaqué au sol, menotté, il n’aurait pas cherché à résister. Il a collaboré avec les agents pour dénoncer ses complices : un élève policier du nom de  Sacko et un commando chinois radié de l’armée, Alpha Oumar Barry.

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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