Accusés de viol, ’’Salakougni’’ et Alia Camara libérés après plus de 8 ans de prison

Ce lundi, 28 mai 2018, le Tribunal criminel de Dixinn a ordonné libération de deux personnes qui étaient détenues depuis plus de 8 ans à la maison centrale de Conakry. Le tribunal a reconnu les deux jeunes non coupables des faits de viol pour lesquels ils étaient poursuivis, et a prononcé leur acquittement, a appris un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

C’est en septembre 2009 que Mohamed Camara alias’’Salakougni’’ et Alia Camara alias’’15 ans’’ ont été arrêtés dans la préfecture de Coyah. Accusés de détenir des gris-gris leur permettant de s’introduire de façon invisible dans les concessions pour violer des femmes et sortir sans être vus, les deux jeunes ont été arrêtés et conduits dans un premier temps au Camp Alpha Yaya Diallo de Conakry. Après deux mois de détention dans ce Camp militaire, siège de la junte militaire qui dirigeait le pays à l’époque, ils ont été déférés à la maison centrale de Conakry où ils ont passé encore 8 ans et quelques mois de détention.

Ce lundi 28 mai 2018, ils ont comparu devant le tribunal criminel de Dixinn pour répondre des accusations qui pèsent contre eux. A la barre, les accusés ont nié les en bloc ces accusations. «Les gens nous ont fait arrêter en disant que nous possédons des gris-gris. Mais, moi je n’ai jamais fait ça et je n’ai pas de gris-gris. Ces gens nous ont trouvés assis dans un hangar, ils étaient en groupe, ils nous mis aux arrêts et ils nous ont remis aux bérets rouges qui nous ont conduits immédiatement au Camp Alpha Yaya Diallo. Ils nous ont détenus au Camp pendant deux mois. Après ils nous ont envoyés au PM3 où nous sommes restés pendant un mois avant d’être déposés à la maison centrale. Cela fait 8 ans et 8 mois que nous sommes en détention. Aucune femme n’a porté plainte contre nous et on a jamais fait ça. Nous sommes de simples chauffeurs », a expliqué l’un d’entre eux. Version soutenue par son coaccusé.

Les deux accusés ont juré devant le juge Mangadouba Sow qu’ils n’ont jamais eu de relations sexuelles même consenties avec une femme, à plus forte raison commettre un viol. Des explications rejetées par le procureur Mohamed Samoura qui soutient mordicus que les deux accusés possédaient bel et bien de gris-gris au moment de leur arrestation. Selon lui, c’est lorsque la foule a retiré ces gris-gris qu’elle a réussi à mettre mains sur eux. « Ils utilisaient ces gris-gris pour pénétrer dans les concessions et faire des rapports sexuels sans être vus. C’est lorsqu’ils ont retiré ces gris-gris qu’ils ont été vulnérables. C’est ainsi qu’ils ont été repérés, identifiés, et arrêtés », a-t-il dit, demandant au tribunal de condamner les accusés à 20 ans de réclusion criminelle chacun.

De son côté, le collège d’avocats constitué pour la défense des accusés, s’est évertué à prouver l’innocence des deux jeunes tout en réclamant leur acquittement. Un appel entendu par le tribunal qui a ordonné la libération des accusés pour délit non constitué. Mohamed Camara alias’’Salakougni’’ et Alia Camara alias’’15 ans’’ ont recouvré leur liberté et ont pu rentrer chez eux après avoir passé 8 ans et 8 mois en détention.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel: 654 416 922/664 413 227

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