Déguerpissement au Petit Lac de Taouyah : l’urbanisme promet d’aménager la zone en parc urbain…

La direction communale de l’urbanisme et de l’habitat de Ratoma a décidé de récupérer le ‘’Petit lac’ situé a quartier Taouyah. Le ‘’Petit Lac’’ est une « réserve foncière de l’Etat, un parc naturel, un poumon respiratoire », envahi par des constructions anarchiques de toutes sortes. Une opération de démolition y a eu lieu avant-hier, mercredi 30 mai 2018, a appris sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

C’est pour récupérer ce domaine de l’Etat que la direction communale de l’urbanisme et de l’habitat de Ratoma a engagé cette opération de déguerpissement. Un bulldozer est entré en action pour débarrasser les lieux de plusieurs conteneurs, magasins, boutiques, ateliers de mécanique et de teintures…

Selon Seydouba Bangoura, directeur communal de l’urbanisme et de l’habitat de Ratoma, joint au téléphone, « le Petit Lac de Taouyah est une réserve foncière de l’Etat. C’est un parc naturel, un poumon respiratoire, une zone humide à l’image du jardin de 2 octobre avec une source d’eau intarissable ».

C’est pour redonner sa valeur d’antan à cet espace que « l’Etat a décidé de dégager complètement ces gens de là. Ces dernier temps, il y a eu une occupation sauvage des lieux. Mais, les garagistes et les étalagistes sont venus occuper les lieux comme ça. Pire que ça, ils envoient même des terres de remblai. Pourtant, le lieu n’est pas un domaine privé, c’est à l’Etat. C’est pourquoi, le ministre a décidé de dégager tout le monde et de sécuriser par une clôture grillagée jusqu’à ce qu’on trouve le financement ou jusqu’à ce qu’on trouve un bailleur de fonds pour aménager la zone en parc urbain à l’image du jardin du 2 Octobre », a fait savoir monsieur Bangoura.

Interrogé sur la démolition et la perte de biens subis par certains citoyens, Seydouba Bangoura se montre ferme là-dessus. « Qu’ils aillent se plaindre où ils veulent. Des croix sont mises, ils ont vu ça, qu’est-ce qu’ils attendaient encore pour quitter ? Le petit lac est une réserve foncière qui s’étend sur une superficie 0,42 hectare ».

L’opération de déguerpissement s’est passée sous les regards impuissants des anciens occupants dudit petit lac. Les déguerpis disent y avoir perdu beaucoup d’objets et de numéraires. Ce jeudi 31 mai 2018, dans la matinée, ils ont barricadé la route momentanément, avant que les gendarmes ne viennent y remettre de l’ordre.

Selon Sékou Condé, vendeur de matériaux de plomberie, très en colère, « des gens sont venus hier avec une machine pour casser tous nos biens, on a perdu tout. Le peu qu’on a pu sortir, ça aussi, des voleurs qui sont autour d’ici sont venus ramasser tout. Nous, on n’a été averti pour nous dire qu’ils allaient venir en ce moment là pour casser. Ceux qui sont vers l’autre côté, où ils font le remblai là, eux ils ont été avertis 72h avant. Mais, nous qui sommes par là, vendeurs de pièces de motos et autres, on n’a pas été averti ni par le chef de quartier, ni par le directeur de la commune, aucun papier. Moi, j’avais dans ma boutique comme argent propre environ 2 millions de francs guinéens, plus deux cents pièces d’une valeur de 7millions 500 à huit millions de FG. Et, aucune mesure n’est prise pour nous par les autorités comme dédommagement. Venir nous déguerpir comme ça, sans nous avertir même deux jours, une semaine ou deux mois, surtout en ce mois de Ramadan ? Vraiment, on n’est pas d’accord, on n’est pas du tout content. C’est pourquoi on a barré la route ce jeudi matin pour montrer aux autorités, vraiment ce qu’elles nous ont fait, ce n’est pas bon. Si non, on sait que le local appartient à l’Etat. Mais, qu’on ne vienne pas casser nos biens sans nous donner l’occasion de les prendre. Je vais prendre un avocat et porter plainte ».

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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