Dinguiraye : entretien avec Macky GACK de « Diambar pour la protection de l’environnement »

Dans le souci de protéger l’environnement, fortement menacé en Guinée, des acteurs de la société civile s’engagent. C’est le cas de l’ONG « Diambar pour la protection de l’environnement ». Créée en 1996, Diambar vient d’un terme ouolof qui signifie « combattants », en hommage aux combattants du waliou Elhadj Oumar TALL en 1849 à Dinguiraye pendant la guerre pour l’islamisation de la cité religieuse.

Pour la petite histoire, c’est cette marre dénommée Montegondy à l’époque inondée de poissons de tous genre, est aujourd’hui à cause de l’action de l’homme notamment la déforestation et la divagation des animaux en train de disparaitre.

Dans cet entretien, Idiatou CAMARA a rencontré le Président de l’association Macky GACK. Avec lui il est question des missions et activités menées par l’organisation, des défis qui se posent à l’environnement en général dans cette partie de la Guinée.

Il s’agit entre autres de la déforestation, des effets des changements climatiques, avec la menace de la sahélisation et des cours d’eau en souffrance dans la cité religieuse d’Elhadj Oumar TALL..

M.GACK, merci de nous rendre visite. Première question, dites-nous comment est venue l’idée de créer cette association et quels sont ses objectifs ?

Merci de me recevoir, pour vous répondre je dirai que « Diambar pour la protection de l’environnement » est une organisation non gouvernementale qui a vu le jour en 1996, il y a aujourd’hui 22 ans.

Les objectifs sont de restaurer le couvert végétal fortement menacé dans la ville sainte, d’informer et sensibiliser les populations sur la nécessité de protéger l’environnement.

Aujourd’hui le désert avance j’avoue que c’est avec un cœur serré et beaucoup de regret que j’observe ce qui s’y passe. Tenez-vous il a fait plus de 42 degré en avril dernier pour vous décrire le temps qu’il fait. Vous conviendrez avec moi que nous ne pouvions pas rester indifférents à tout cela, il fallait donc agir. C’est ainsi que DIAMBAR pour la protection de l’environnement a vu le jour.

C’est vrai que vous décrivez une situation plutôt difficile et même préoccupante, mais dites-nous à votre avis comment en est-on arrivé là ?

La situation est vraiment préoccupante comme vous vous le dites, et j’accuse la section préfectorale de l’environnement des eaux et forêts qui est complice avec les éco gardes, lorsque nous prenons le domaine du forestier, qui au lieu de protéger l’environnement s’associent à des exploitants de bois comme la filière bois pour détruire le couvert végétal.

Avez-vous des preuves de vos accusations ?

Bien évidement sinon je ne dirai pas de telles choses. Il n’y a même pas longtemps lorsque j’ai aperçu 2 tronçonneuses dans la marre de Montigondy, j’ai alerté, mais rien comme d’habitude.

Si on vous demande de comparer Dinguiraye d’aujourd’hui à celle d’il y’a 50 ans, que répondriez-vous sur le plan environnemental bien sûr ?

J’ai beaucoup de regret et c’est avec beaucoup d’émotion que je vous vais vous répondre..

Dinguiraye autrefois était vert, il pleuvait suffisamment, les cours d’eau étaient nombreux et empoissonnés, et ce qui est important de souligner c’est que le citoyen avait le souci de préserver son environnement. Les bœufs n’avaient pas de problèmes pour trouver de l’eau, les agriculteurs aussi, cette année il y’a un manque criard d’eau à Dinguiraye. Malheureusement ceci n’est qu’un lointain souvenir.

Vous dites également que vous êtes seuls dans ce combat ?

L’environnement n’est pas une priorité pour les autorités préfectorales de Dinguiraye. La seule personne qui nous accompagne c’est le Directeur Préfectoral de l’Environnement de la préfecture.

Sur le terrain, pour parler de preuves de mes accusations, il arrive très souvent que lorsqu’on donne un agrément à une personne pour exploiter le bois, 10 autres viennent s’accrocher dessus, conséquence le couvert végétal est détruit comme ce qu’on observe impuissant actuellement.

M.GACK, il ne suffit pas de critiquer ou d’accuser les autres ; mais, vous, qu’avez-vous fait pour sauver l’environnement à Dinguiraye ?

Nous avons fait beaucoup d’activités mais je citerai ici quelques-unes qui sont importantes à mes yeux et qui doivent être connues de l’opinion.

Pour votre question, je citerai des actions de reboisement comme celle effectuée sur un site de 15 hectares, les plants se portent bien et nous les surveillons. C’était une restauration d’un site dégradé.

L’année dernière en 2017 donc, nous avons réalisé des actions sans financement je dois rappeler toujours dans le cadre du reboisement pour sauvegarder le peu qui nous reste.

Nous menons également des séances d’information et de sensibilisation pour faire comprendre aux citoyens la nécessité de protéger l’environnement pour nous, et surtout pour les générations futures.

Actuellement nous avons un projet sous la main pour la sauvegarde de la marre de bannora, donc si nous arrivons à trouver des financements ce qui n’est pas toujours aisé, nous comptons mener des actions de reboisement, de dragage, relever le niveau de la digue de protection à ces endroits.

Un message pour nous quitter ?

Je demande à la population Guinéenne d’agir pour l’environnement. Si vous entendez l’eau c’est parce qu’il y’a des arbres, les ressources halieutiques, la vie même est liée à l’existence des arbres. Les arbres sont comme les couvercles des marmites, donc si vous coupez les arbres, il n’y a plus de couvercle l’eau disparaît.

Je souhaite et je demande aussi à nos autorités de penser à l’intérêt général et non à leur intérêt personnel comme c’est le cas actuellement.

Je pense aussi que la culture de l’environnement doit être enseignée depuis le bas âge. Le Ministère de l’éducation nationale devrait intégrer des cours sur l’environnement à l’école primaire déjà pour inculquer aux enfants, futurs de nos nations, l’importance de protéger le couvert végétal, de maintenir son environnement propre, de ne pas jeter les ordures n’importe où, de lutter contre les pollutions, la liste est longue.

Merci pour l’opportunité.

Propos recueillis et décryptés par Idiatou CAMARA pour Guineematin.com et radioenvironnementgn.com

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