Travail des enfants : ceux « qui vivent » de nos décharges !

La journée mondiale de la lutte contre le travail des enfants sera célébrée aujourd’hui, mardi 12 juin 2018. Une occasion pour les gouvernements, les employeurs et toute la société civile de porter l’attention sur la situation des enfants qui continuent à travailler à travers le monde.

Au moment où l’humanité s’apprête à célébrer cette journée, nombreux sont encore les enfants de Guinée qui passent l’essentiel de leur temps dans les dépotoirs d’ordures à la recherche d’objet à revendre, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

A Conakry, les ordures qui envahissent la capitale guinéenne, malgré leur caractère nocif, sont devenues une source de revenu pour de nombreux enfants. Il suffit de faire un tour dans les dépotoirs et autres plages où s’amoncellent ces déchets pour s’en rendre compte.

Munis souvent de sacs vides, plusieurs enfants de Conakry descendent dans les immondices à la recherche de sachets plastiques, de barres de fer et autres objets usés. Les raisons qui poussent ces enfants à faire cette activité varient d’un enfant à un autre. Mais, les immondices constituent pour eux la matière première commune.

Notre reporter a fait un tour à la décharge de la Minière pour toucher du doigt le quotidien de ces enfants et adolescents, nombreux à arpenter les immondices et à y enfouir leurs mains.

Aboubacar Sidiki Kourouma, âgé de 17 ans, n’a plus ses parents biologiques en vie. Il a déserté l’école par manque de soutien lorsqu’il faisait la 6ème année. Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à s’adonner à cette pratique, l’adolescent répond : « Il n’y a pas de travail, les jeunes souffrent. Nous sommes nombreux à venir chercher les plastiques ici. Parfois, on peut gagner 5O à 60. 000 francs guinéens dans la journée. Comme c’est l’approche de la fête de Ramadan, l’argent que je gagne me permet d’acheter mes collections ».

Toutes fois, Aboubacar Sidiki Kourouma reconnait que travailler dans les immondices a des conséquences sur sa santé. « Je suis conscient que travailler tous les jours dans les immondices peut entraîner des maladies. Quand je passe toute la journée en train de travailler, le soir, arrivé à la maison, j’utilise l’eau de Javel pour laver ma main », a-t-il expliqué.

Au milieu des immondices, on aperçoit un autre enfant qui se nomme Aboubacar Bangoura. Il est élève en classe de 8ème année et vit avec ses oncles au quartier Minière, dans la commune de Dixinn. Il refuse tout contact avec le dictaphone mais accepte de parler en off. « J’ai fait deux ans dans cette activité. Mais, moi je le fais pendant la saison des pluies. Cela trouve que l’eau de ruissellement a drainé beaucoup d’objets à la plage ici. Je me suis lancé dans le ramassage des plastiques pour satisfaire mes besoins. Souvent, dans notre quartier, je peux voir des habits avec mes amis. Donc, moi aussi, je prends la décision d’avoir les mêmes habits. A travers ce que je gagne dans le ramassage des plastiques, j’arrive à satisfaire mes besoins. Si je commence à travailler de 7 heures à 15 heures, je peux avoir au moins 70 .000 francs guinéens par jour », déclare-t-il.

Les deux adolescents rencontrés par le reporter de Guineematin ont demandé au chef de l’Etat, le professeur Alpha Condé de faire face à la préoccupation des enfants de Guinée.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

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