Orientation budgétaire : divorce entre les chiffres et les promesses du Gouvernement

Dr. Ousmane Kaba

Comme annoncé dans une des précédentes publications de Guineematin.com, le débat d’orientation budgétaire a été ouvert dans la matinée d’hier vendredi, 20 juillet 2018, à l’Assemblée nationale avec la présentation d’un document intitulé « le Cadre Budgétaire à Moyen Terme (CBMT 2019-2021) ».

Interrogé par les journalistes au sortir de la rencontre, Docteur Ousmane Kaba, président du parti PADES et député non inscrit, a soulevé plusieurs interrogations sur le sujet.

Décryptage !

C’est une nouvelle disposition qui n’a commencé que l’année dernière parce que d’après la loi, les députés doivent participer au débat d’orientation budgétaire pour ne pas être là, à la dernière minute, avoir le budget. Mais, si on peut influencer le budget dans le bon sens, c’est ce qui est dans la loi de programmation budgétaire.

Maintenant, il y a des problèmes de fond qui se posent évidemment à la Guinée. Le budget que nous allons recevoir qui, sur trois ans de programmation budgétaire (programmation budgétaire moyen terme), la première question qu’on se pose est celle de savoir est-ce que ça répond aux préoccupations du gouvernement ? Vous savez très bien que le budget, ce n’est pas seulement la somme des recettes et des dépenses. C’est en même temps un instrument privilégié pour traduire la volonté de politique économique du gouvernement.

Je vous donne un exemple : comme en Guinée on veut de la croissance et de l’emploi, est-ce que la manière dont les dépenses sont effectuées favorise la croissance et l’emploi ? Voilà ce que ça signifie. Est-ce qu’on fait les investissements requis ? Est-ce qu’on tient compte du secteur privé qui crée de l’emploi ?

Encore une fois, ce n’est pas l’Etat qui crée de l’emploi puisqu’il n’y a plus d’emploi de fonctionnaire. Je rappelle que les derniers emplois des fonctionnaires étaient les postes ministériels et le dernier a été attribué pour la pêche. Donc, l’Etat ne crée plus d’emploi. C’est le secteur privé qui crée. Il faut le rappeler tout le temps. Qu’est-ce qu’on fait par rapport à ce secteur privé dans le nouveau budget que nous allons discuter bientôt. Voilà les questions de fond que l’on doit discuter.

Vous avez entendu les représentants et de la société civile et du secteur privé. Donc, ces questions de fond restent là.

On a parlé d’éducation et à juste titre parce que l’éducation est centrale lorsqu’on veut qu’un pays aille de l’avant. Est-ce que c’est le cas de la Guinée aujourd’hui ? Nous ne sommes pas sûrs.

Nous venons juste de recevoir le document ; mais, je l’ai dit : le budget, c’est la traduction de la volonté du gouvernement. Nous avons un Plan National de Développement Economique et Social (PNDES) ; mais, est-ce que le budget qui est fait est cohérent avec ce plan de développement ? Est-ce que ce qui est sur le plan est conforme à la lutte contre le chômage ? Nous voulons préserver l’environnement, est-ce que c’est traduit dans les chiffres ? Ce que nous constatons très souvent, c’est un divorce entre les déclarations et la réalité des dépenses publiques. Donc, le rôle de ce débat, c’est de s’assurer que le budget qu’on va avoir est un budget qui fait la promotion de la croissance économique, qui lutte effectivement contre le chômage des jeunes, qui va renforcer l’éducation, qui va favoriser la création des entreprises.

Propos recueillis et décryptés par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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