Ethnocentrisme et torture : les arguments de Nouhou Thiam et Resco Camara au tribunal

Sékou Resco Camara
Sékou Resco Camara

L’ancien chef d’Etat major général des armées sous le régime du CNDD, le général Nouhou Thiam, et le commandant Sékou Resco Camara, ancien gouverneur de Conakry, ont été confrontés avec leurs « victimes » ce lundi, 23 juillet 2018 par le tribunal criminel de Dixinn. Ces hauts gradés de l’armée guinéenne sont accusés d’ethnocentrisme, de régionalisme, de racisme, de crimes et délits commis dans l’exercice de leurs fonctions, a appris sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

Ces infractions remontent à l’entre deux tours de l’élection présidentielle de 2010, lorsque le cortège du président de la transition d’alors, le général Sékouba Konaté a été attaqué à Hamdallaye, dans la commune de Ratoma.

Nouhou Thiam

Pour la journée de ce lundi, c’est le général Nouhou Thiam qui a été entendu. Dans son audition, il a rejeté en bloc les faits qu’on lui reproche. « Moi, je ne reconnais rien et celui qui dit le contraire n’a qu’à venir apporter la preuve. Moi, j’ai été informé que le cortège du président a été attaqué et que les gens sont arrêtés et déposés au niveau de l’escadron de gendarmerie numéro 2 de Hamdallaye. En qualité de chef d’Etat major général des armées et chef de division je suis allé à Hamdallaye pour vérifier. A mon arrivée j’ai trouvé la sentinelle qui m’a rendu les honneurs à la porte. Je leur ai demandé si le commandant de l’escadron est labà, ils ont répondu non. J’ai rebroussé chemin. Je ne suis pas rentré dans la cour. Je n’ai pas vu Resco, ni le défunt commandant Aboubacar Sidiki Camara dit Dégaule et je n’ai pas pris contact aussi avec eux », soutient-il.

Après cette négation des faits, les deux accusés ont été confrontés aux plaignants. Ils accusent les deux officiers supérieurs d’avoir ordonné qu’on les soumette à des séances tortures, ponctuées d’injures à caractère ethnique.

Au cours de la confrontation, le consultant Aliou Barry, l’un des plaignants, dit avoir été déshabillé et bastonné par la garde présidentielle. « Ils ont cassé mon bras, ils nous ont déshabillé. A la gendarmerie de Hamdallaye, je n’ai pas vu personnellement le général Nouhou, mais j’ai vu le commandant Resco qui aurait même facilité ma sortie de la gendarmerie. Donc, moi je tiens responsable la garde présidentielle mais pas Resco ou Nouhou », a-t-il dit.

Par contre, les deux autres victimes, à savoir Amadou Diouldé Barry et Mamadou Billal Guissé, soutiennent mordicus avoir vécu les sévices des policiers et gendarmes dont l’ordre a été donné par le général Nouhou et le Commandant Sékou Resco.

« En premier lieu, c’est le commandant Sidiki Camara Dégaule qui a donné l’ordre de nous bastonner 100 coups de matraque. Entre-temps, Resco est venu. Il nous a demandé si on le connait. Personne n’a répondu. C’est ainsi que, lui aussi, il a ordonné aux tortionnaires de nous bastonner 100 coups. Nous étions torses nues. Resco a dit que c’est Cellou Dalein Diallo et son vice-président qui nous ont dit de jeter les cailloux sur le cortège du président Sékouba Konaté. Et Nouhou nous a trouvé déshabillés. Il est rentré dans la cour, en tenant des propos ethnocentrique en langue Soussou. Il s’est entretenu avec Resco. En sortant le général dit à Resco ‘’faites ce qu’on a conclu. Mâter-les jusqu’à 17 heures, après vous les libérez’’. Mais, ils nous ont torturé puis ils nous ont conduit au PM3 où nous sommes restés trois jours avant d’être libéré », ont-ils expliqué.

Toutes ces accusations ont été balayées d’un revers de main par le Commandant Resco Camara et le général Nouhou Thiam. Le procès a été au 24 septembre 2018 pour la suite des débats.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel: 654 416 922/664 413 227

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