Gares routières de Siguiri : vente et consommation de la drogue à ciel ouvert

Bien qu’interdites en Guinée, la vente et la consommation de la drogue se font au vu et su de tout le monde dans les différentes gares routières de la ville. Des chauffeurs, des apprentis et d’autres personnes y vendent et consomment des stupéfiants sans la moindre inquiétude. Face à cette situation, syndicats des transporteurs et police se rejettent la responsabilité, a constaté le correspondant de Guineematin.com à Siguiri.

A Siguiri, les gares routières sont considérées par certains comme étant des zones hors la loi. Et la réalité sur le terrain confirme bien cette position. Car, la vente et la consommation de la drogue, interdites sur tout le territoire national, se font dans ces lieux à ciel ouvert. La drogue est consommée comme la cigarette sans aucune inquiétude. Sékou Condé, un citoyen qui habite non loin d’une gare routière de la ville, se demande même si la drogue est interdite ou non en Guinée :

« Aujourd’hui, on se pose la question de savoir si réellement la drogue est interdite dans ce pays. Et si elle est interdite, est-ce que les chauffeurs et les syndicats des transporteurs sont soumis à cette loi à Siguiri ? Parce que la drogue est devenue comme la cigarette dans nos gares routières. Moi je suis à environ 200 mètres de la gare, mais j’ai parfois l’impression que c’est chez moi qu’on fume la drogue tellement que l’odeur m’envahit », indique ce citoyen.

Interrogé sur la question, le secrétaire général du syndicat des transporteurs de Siguiri, reconnait cet état de fait et précise que ce ne sont pas seulement les chauffeurs qui sont impliqués dans la vente et la consommation de la drogue dans les gares routières de la ville. Il déplore cette situation qu’il dit avoir tenté vainement de combattre. Mandèn Bakary Magassouba accuse la police d’avoir refusé de l’aider à lutter contre ces pratiques illicites.

« Je ne sais pas ce qu’il faut faire maintenant, j’ai informé toutes les autorités pour nous aider, j’ai même financé la CMIS à hauteur de 5 millions de francs pour qu’elle vienne organiser des patrouilles dans les gares afin de lutter ce fléau mais vain. Ce n’est pas seulement les chauffeurs qui se droguent dans les gares, même les jeunes du quartier viennent ici pour se droguer, parce qu’ils savent que la police a peur de venir ici », soutient-il.

Mais la police dément la version du responsable du syndicat des transporteurs. Selon le Commissaire Pépé Kpoghomou, commissaire central de Siguiri, ce sont les syndicats des transporteurs eux-mêmes qui entretiennent cette situation :

« Le syndicat est une structure bien organisée, ils savent à quelle heure les gens viennent se droguer, il faut donc une synergie d’action entre les syndicats et la police pour pouvoir combattre cette situation. Mais s’ils laissent les gens faire n’importe quoi à la gare sans nous informer, moi je dirais qu’ils sont en complicité avec les drogués », a dit l’officier de police.

Cette contradiction entre syndicats des transporteurs et police qui se rejettent la responsabilité, profite bien aux vendeurs et consommateurs de la drogue dans les gares routières de Siguiri qui peuvent visiblement continuer encore leurs activités sans être inquiétés.

De Siguiri, Bérété Lancéï Condé pour Guineematin.com

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