Tribunal de Kaloum : Paul Moussa Diawara mis à rude épreuve par les avocats de la partie civile

Paul Moussa Diawara, condamné pour le détournement d'environ 40 milliards à l'OGP

Après trois renvois pour des questions de forme, les débats de fond ont été finalement entamés ce mercredi 25 juillet 2018 dans le dossier agent judiciaire de l’Etat contre Paul Moussa Diawara. L’ancien directeur général  de l’Office Guinéen de Publicité (OGP)  est poursuivi au tribunal correctionnel de Kaloum pour le détournement d’un montant de près de 40 milliards de francs guinéens, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

L’audience de ce mercredi s’est tenue pendant près de 8 heures de temps. Paul Moussa Diawara a rejeté  en bloc les accusations de détournement portées contre lui. Tout au long des débats, c’est les rapports de l’inspection d’Etat et de l’expert comptable Kayli Magassouba qui ont polarisé l’attention.

La première mèche a été allumée par maitre Lanciné Sylla, avocat qui défend les intérêts de l’Etat dans cette affaire.  Dans un premier temps, maitre Sylla va revenir sur le montant de 14 milliards de francs guinéens  recouvrés des sociétés de téléphonie mobile. Selon l’avocat de la partie civile, le rapport qui incrimine la gestion de Paul Moussa Diawara mentionne que sur ces 14 milliards GNF, seuls 600 millions de francs guinéens ont été versés dans les comptes de l’OGP domiciliés à a BCRG.  « Où sont passés les autres montants ? Qu’est-ce qu’on en a fait ? »

Dans sa réponse, Paul Moussa Diawara a fait savoir que le rapport en question est provisoire. Il ajoute que le travail en question n’a pas respecté le principe du contradictoire. Toutefois, il reconnait que sur les montants ainsi recouvrés au terme de longues procédures judiciaires, il a fallu payer les honoraires de l’huissier (12%), de l’avocat (10%) et d’autres redevances.

Dans sa réplique, maitre Lanciné Sylla a fait remarquer que les honoraires de l’huissier (12%), de l’avocat (10%) et les autres redevances dépassent même les montants recouvrés.

Ensuite, l’avocat a pris un autre aspect du rapport qui fait état de 17 milliards de francs guinéens dépensés en trois ans pour des voyages d’études de certains membres du personnel de l’OGP. Sur cette question, l’ancien DG de l’OGP a dit que cette démarche visait à qualifier le personnel pour relever l’entreprise qui état presque morte avant qu’il n’en prenne la tête.

Maitre Lanciné Sylla a non seulement expliqué que ce montant de 17 milliards est exorbitant. Mieux, il dira que « les mêmes membres du personnel se sont retrouvés au même moment à des endroits différents  pour des séries de formation. Certains sont donnés pour être au Canada, au Maroc, en Malaisie et en même temps ils sont en mission à N’zérékoré ».

Par la suite, l’avocat de la partie civile a dénoncé l’existence d’une commission de recouvrement créée par l’ex DG de l’OGP. Une commission qui aurait perçue, en plus du salaire de ses membres, la somme de 3 milliards 363 millions 711 mille 612 FG rien que pour l’année 2016. Un état de fait qui a intrigué plus d’un observateur.

Pour leur part, les avocats de la  défense se sont mis à tirer à boulets rouges sur le rapport qui incrimine leur client. Maitres Mohamed Traoré et Salifou Béavogui vont clouer au pilori l’expert comptable qui selon eux, a dressé un rapport conditionné, commandité destiné à nuire à leur client.

Maitre Salifou Béavogui est revenu sur la mise en place du Conseil d’Administration (CA) de l’OGP, en décembre 2016. L’avocat  a fait dire à son client que des montants énormes ont été dépensés par l’OGP. Selon Paul Moussa Diawara, le président du CA de l’époque, Sanoussy Bantama Sow a été logé à Kipé aux frais de l’OGP. « Il a eu beaucoup d‘avantages avec l’argent de l’OGP. Mais, il a voulu m’imposer ses hommes dans la boite. Il a exigé que je nomme la femme de Hady Barry des affaires étrangères comme DAAF de l’OGP. Je n’ai pas accepté. Depuis, on n’était pas d’accord et il m’avait menacé ».

Pour maitre Béavogui l’expert comptable n’a pas pris en compte toutes les dépenses effectuées par l’OGP. C’est ainsi qu’il va demander la comparution de Bantama Sow, mais aussi de Hadia Odia Sidibé (DG adjointe de l’OGP), la désignation d’un expert comptable pour confronter les chiffres.

Le juge Mohamed Chérif Sow a renvoyé le dossier au lundi 30 juillet 2018 pour rendre sa décision sur  toutes les demandes soulevées par les parties au procès.

Alpha Mamadou Diallo Pour Guineematin.com

Tel 628 17 99 17

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