Plusieurs membres de l’association guinéenne pour la formation et la réinsertion des personnes handicapées de Kindia étaient dans la rue ce jeudi, 02 août 2018. Ils ont bloqué la circulation pour protester contre un opérateur économique qu’ils accusent de vouloir les expulser du centre où ils vivent et travaillent pour récupérer les lieux, rapporte le correspondant de Guineematin.com dans la ville.
Une profonde consternation, c’est ce qu’on ressentait sur les visages et dans les actes des personnes handicapées qui sont descendues dans la rue ce jeudi, 02 août 2018 pour se faire entendre. Ils ont bloqué la route reliant le marché Yenguéma au centre commercial Elhadj Ly situé dans le quartier Abattoir1dans la commune urbaine de Kindia, et procédé à la fermeture de plusieurs magasins construits par l’opérateur économique Elhadj Alpha Oumar Ly. Ces membres de l’association guinéenne pour la formation et la réinsertion des personnes handicapées, accusent cet opérateur économique de vouloir s’accaparer de leur centre où ils vivent et travaillent depuis de longues années.
Parmi les manifestants, Boubacar Diallo, trésorier de l’association qui fabrique des fauteuils à base de rotin dans ce centre pour personnes handicapées : « Nous sommes en conflit avec un opérateur économique. Ce dernier dit qu’il n’y a nulle part de la place pour construire des magasins sauf chez nous où nous handicapés travaillons pour chercher le quotidien sans aller quémander comme le font certains handicapés de Conakry. Nous sommes là depuis longtemps, c’est feu Général Lansana Conte et son épouse qui avaient ouvert ici pour nous. Maintenant cet opérateur économique veut nous chasser d’ici et récupérer les lieux. Là où nous avons barré ce n’était pas un passage, il nous avait demandé de lui trouver un passage à cause de ses magasins en haut, on a accepté.
Ces magasins que vous voyez Elhadj Alpha Oumar Ly les a construits sur notre domaine il y a de cela de 9 ans. Jusqu’à présent il n’a payé que 500 000 GNF une seule fois, et cela aussi c’est l’ancien procureur qui lui avait demandé de nous remettre ce montant. Il nous a trahis mais nous n’avons rien dit. Maintenant, comme il a les moyens, il veut à tout prix nous retirer notre domaine qui constitue notre lieu de travail pour construire d’autres boutiques et magasins. Il a donné de l’argent à la justice et au service du patrimoine bâti public pour bailler notre domaine. Il veut nous dégager d’ici pour se faire des fortunes même si nous nous allons sortir mendier dans la rue. Mais nous lui avons dit que nous ne sortirons pas d’ici sauf si on meurt », explique-t-il l’air très remonté.
Ce responsable de l’association des personnes handicapées de Kindia dénoncent le « silence coupable » des autorités de Kindia face à cette situation. Et c’est pourquoi, dit-il, qu’ils sont sortis exprimer leur colère dans la rue et exiger une solution à ce conflit.
De son côté, Elhadj Alpha Omar Ly que nous avons interrogé, dément catégoriquement la version des manifestants. L’opérateur économique indique qu’il a acquis légalement le domaine litigieux à la demande des personnes handicapées qui trouvaient l’endroit restreint pour eux, et qu’il a même construit un autre centre où ils doivent déménager. Il dit ne pas comprendre donc leur revirement : « Ce qu’ils racontent, ce sont des accusations pures et simples. Ces magasins, c’est nous qui les avons construits, mais le domaine appartient à l’Etat. Avant de commencer les travaux, j’avais d’abord construit des latrines et un portail pour les handicapés à leur demande, j’ai fait les latrines et les portails. A l’issue de cette convention nous sommes allés à la préfecture, au gouvernorat et au service de l’action sociale. Le protocole a été signé à tous les niveaux. Après, les handicapés m’ont dit que l’endroit est devenu restreint pour eux, ils nous ont demandé de les aider à avoir un local plus approprié pour y déménager.
On leur a dit pour cela aussi, d’aller devant les autorités parce que ce domaine appartient à l’Etat. C’était au temps du secrétaire général Aboubacar M’Bop Camara, nous sommes allés à la préfecture de Kindia. On fait le papier et on a signé en présence des représentants des handicapés notamment Boubacar Diallo, Fodé Bacar, Boubacar Balde et Kabinet Kandè Sylla. Suite à ce protocole d’accord, j’ai donné une somme de plus de 224 millions pour construire un autre centre à côté de la prison civile de Kindia pour qu’ils puissent déménager là-bas. Mais finalement, ils ont dit qu’ils n’iront nulle part et ils racontent du n’importe quoi », soutient l’opérateur économique.
Pour l’instant, chacune des parties en conflit dans cette affaire reste campée sur sa position en attendant une décision des autorités de Kindia qui devraient les départager.
De Kindia, Amadou Bailo Batouala Diallo pour Guineematin.com
Tel. 628516196