Débarcadère de Kaporo : quand les vendeurs de bois tirent le diable par la queue

Lansana Sylla

Les pluies abondantes que nous enregistrons actuellement ne sont pas sans conséquences sur certains secteurs d’activités qui tournent carrément au ralenti. C’est le du débarcadère de Kaporo, dans la commune de Ratoma où l’approvisionnement en palétuviers, arbres très prisés qui servent entre-autres de bois de chauffe, dévient de plus en plus compliqué, a appris sur place, Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les palétuviers sont destinés à plusieurs usages. Ils servent à la fois de bois de chauffe et d’échafaudage dans le domaine de la construction. Mais, pendant cette saison hivernale, les palétuviers deviennent de plus en en plus rares dans les débarcadères en raison des difficultés liées à la coupe et au transport de ce précieux sésame.

Lansana Sylla

La mer étant fortement agitée, il est difficile d’effectuer l’acheminement de ces bois au débarcadère de Kaporo. Selon Lansana Sylla, vendeur de bois et responsable chargé des conflits au port artisanal de Kaporo, « toutes les saisons de pluies jouent sur notre activité parce qu’il y a beaucoup de pluie. La mer est en mouvement, beaucoup de barques ne sortent pas à cause du vent et de la pluie. On ne gagne que très peu de bois à l’heure là, ça manque beaucoup ».

Concernant les lieux d’approvisionnement et les redevances forestières, Lansana Sylla précise que c’est avec les bûcherons de la basse Côte que ça se négocie. « Il y a des bûcherons qui sont sur la côte de Dubréka, de Bouramaya et de Boffa. Ils coupent les bois que les piroguiers vont prendre là-bas pour nous les envoyer. C’est nous qui achetons les bois et payons leur transport par chargement. Pour ce qui est des taxes, c’est moi-même qui les fait payer. C’est la direction de l’environnement de la commune qui donne les tickets. Toutes les pirogues vont payer les taxes. A chaque sortie on paye 5 000 FG par pirogue ».

Par ailleurs, le responsable chargé des conflits au port artisanal de Kaporo a fait savoir qu’au temps du président Lansana Conté, la mangrove était bien entretenue, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui. « On a un groupement appelé Lallayah qui est formé depuis le temps de Lansana Conté pour la coupe, le transport et la vente. Le gouvernement était appuyé par un projet qui se trouve à Dubréka et qui était chargé des palétuviers. C’est ce projet qui finançait toutes les activités liées la gestion des palétuviers, c’est-à-dire qui s’occupait du reboisement, de la coupe et de la sécurité de la forêt. Il y avait des agents dans des barques qui circulaient le long de la forêt pour contrôler la forêt. C’est eux qui disaient de couper par-ci, il ne faut pas couper par-là. C’est eux qui veillaient à sa sécurité, montraient où est-ce qu’il faut couper, où est-ce qu’il ne faut couper les bois. Ça, c’était au temps de Lansana Conté. Mais actuellement, il n’y en a pas. Il n’y a pas de barques ou de moyens pour surveiller la forêt », regrette Lansana Sylla.

S’agissant du transport et de la vente des palétuviers au port à bois de Kaporo, monsieur Lansana Sylla dit que c’est les barques qui les approvisionnent. « Nous négocions le chargement entre 500 mille et 800 mille francs guinéens. Nous revendons l’unité à un prix qui varie entre 3 500 et 5 000 francs guinéens ».

Pour sa part, Souleymane Condé ne travaille pas depuis quelques jours. Une situation qui le pénalise énormément. « Ça fait trois semaines que nous n’avons pas de bois ronds parce qu’il y a beaucoup de problèmes dans la forêt et dans la mer. Les gens qui coupent les palétuviers dans la forêt souffrent beaucoup à l’heure là. Il y a trop de mouches tsé-tsé qui piquent les bûcherons, il y a trop de pluie et de boue. Pour le transport aussi les piroguiers souffrent beaucoup à cause du vent. Ils vont faire beaucoup d’heures en route avant d’arriver ici. Leurs pirogues n’ont pas de moteur, c’est le vent. Mais, avec la pluie, il faut attendre longtemps pour avoir le vent qui va faire marcher les pirogues », se désole notre interlocuteur.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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