Conakry : dégringolade des prix du bétail après la Tabaski

Connue pour être une aubaine pour les vendeurs de bétail, la fête de Tabaski de cette année laisse plutôt de la tristesse et de la désolation chez plusieurs d’entre eux. Ces derniers ont subi des pertes immenses à cette occasion. Faute d’avoir écoulé leur bétail à temps, ils ont dû casser les prix pour revendre leurs chèvres et moutons à perte, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Comme chaque année, les vendeurs de bétail de Conakry sont allés à l’intérieur du pays et même au Mali pour acheter beaucoup de moutons et de chèvres qu’ils vont revendre dans la capitale guinéenne. Mais si habituellement ce plan fonctionne très bien, ça n’a pas été le cas cette année. Selon Abdoulaye Bah, vendeur de bétail au parc de Simabayah Gare, il a subi d’énormes pertes dues principalement au blocage de la route au niveau de Linsan à la veille de la fête.

Le commerçant dit avoir acheté 50 têtes de chèvres et de moutons à Dinguiraye. A son retour, il a trouvé que la circulation est coupée à Linsan. Il y a passé trois jours avec ces bêtes avant de pouvoir traverser. « A notre arrivée à Conakry, il s’est trouvé que beaucoup de nos moutons et de nos chèvres sont tombés malades, d’autres sont morts sous l’effet de la souffrance subie à Linsan. Cette année, on a perdu énormément. Je ne dirai pas qu’on ne gagnera pas les années prochaines si nous sommes vivants et en bonne santé, mais cette année, on a vraiment perdu. J’avais 50 têtes de moutons et de chèvres, 20 sont morts. Les 30 autres, je les revends à un prix très bas parce qu’on est arrivé ici tard, les bêtes sont fatiguées, les autres sont malades, c’était déjà la fête, la plupart des citoyens avaient déjà acheté leurs bêtes qu’ils allaient immoler », témoigne ce vendeur de bétail.

Et selon Abdoulaye Bah, il n’est pas le seul dans cette situation : « Nos amis qui sont allés en République du Mali par exemple pour acheter du bétail, ont eux aussi subi énormément de pertes. Une tête de mouton qu’ils ont achetée là-bas à 130 mille francs CFA se revend ici à 600 mille francs guinéens. Moi les moutons et chèvres que j’ai achetés entre 600 et 900 mille, je les revends entre 200 et 350 mille francs guinéens. Même avec ça, ça ne marche pas trop, il reste encore ».

De son côté, Mamadou Ramadan Bah et ses collègues ont envoyé près de 200 têtes de moutons et de chèvres et plusieurs vaches. Mais aujourd’hui, ils sont aussi dans la désolation. « C’est le pont de Linsan qui nous a beaucoup fatigués. On est arrivé à Linsan le vendredi, on est resté là-bas jusqu’au lundi (veille de la fête). Il n’y avait pas de passage, on a beaucoup souffert avec nos bêtes.

Il a fallu qu’on amène le camion en brousse et qu’on débarque les bêtes afin qu’elles puissent brouter et boire. Elles ont tellement souffert que certaines sont mortes sur place et d’autres sont tombées malades. Beaucoup de vaches achetées à 7 millions et 8 millions sont mortes. Moi, 4 de mes moutons sont morts. Actuellement, les moutons qu’on a achetés à 600 mille, nous les revendons entre 300 et 350 mille francs guinéens », a dit Ramadan Bah.

Face à cette situation, ces citoyens interpellent l’Etat sur l’entretien du réseau routier guinéen. Ils souhaitent désormais que les autorités soient proactives afin de prévenir des situations comme celle enregistrée cette année au niveau du pont de Linsan.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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