Sidiki Camara : « nous (ébénistes) avons des difficultés respiratoires »

L’ébénisterie, qui consiste à fabriquer des meubles de luxe en utilisant notamment la technique du placage, est une activité qui occupe nombre de jeunes de Conakry. Dans plusieurs quartiers de la ville, des ateliers d’ébénisterie sont visibles, même si leurs gérants parviennent difficilement à joindre les deux bouts dans une conjoncture pour le moins compliqué, a constaté sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

Pour obtenir le produit fini, l’artisan passe par plusieurs étapes de fabrication: le choix du modèle et du bois, le sciage et la réalisation des assemblages, du décor et du montage.

Dans l’atelier d’Aboubacar Sidiki Camara, ébéniste au quartier Kipé-Dâdia, dans la commune de Ratoma, on rencontre un dizaine de jeunes guinéens et léonais. Selon lui, la réalisation des meubles nécessite l’obtention de quelques matières premières tels que le bois appelé ‘’Samba’’, les contreplaqués, la peinture, les pointes, le sapin et le mastic.

A la question de savoir comment on obtient ces matières, l’ébéniste répond qu’avant, « on achetait la peinture importée. Mais maintenant, c’est la peinture locale de Topaz que nous achetons. Pour l’ébène, c’est l’importé que nous achetons. Toutefois, nous achetons aussi le bois de la Guinée qui vient de la forêt. Pour les contreplaqués aussi, nous les achetons ici, ça vient de N’Zérékoré. Avant, c’était l’importé qu’on achetait et c’était moins cher. Mais, maintenant qu’on en fabrique en Guinée, ça coûte cher ».

Pour ce qui est des prix de ces produits, Aboubacar Sidiki Camara précise que « nous achetons une planche à 70 mille francs guinéens, une feuille de contreplaqué de 4 mm à 75 mille FG, celle de 12 mm à entre 110 et 115 mille francs guinéens. Pour une boîte de peinture, il faut débourser 115 mille francs guinéens ».

Par ailleurs, notre interlocuteur a confié à notre reporter que la fabrication des meubles peut durer deux semaines ou un mois, en fonction de la demande et des modèles. « Nous pouvons faire les meubles ici en deux semaines ou un mois. Ça dépend du client et du modèle demandé. Il y a des clients qui sont pressés. Il y a d’autres aussi qui paient petit-à-petit. Comme tout le monde se plaint que le moment est dur, on est obligé de les suivre. À l’heure là, il n’y pas de clients. Ils viennent très rarement », se plaint monsieur Camara.

S’agissant des prix des meubles, Aboubacar Sidiki Camara indique qu’un lit et ses accessoires, c’est-à-dire le lit, l’armoire et la coiffeuse, se vendent entre 6 et 8 millions de FG, selon le modèle. Le lit simple peut se vendre à un prix variant de 5 à 6 millions de FG. Une armoire se négocie entre 3 millions 500 mille et 4 millions de nos francs.

En outre, l’ébéniste énumère un certain nombre de difficultés dont souffre son équipe. « On a souffert pour apprendre le métier là. Maintenant, on a commencé à travailler et il y a toujours des difficultés. Parce que, les lits que voyez là, si on les vend entre 5 à 6 millions de FG, il n’y a pas assez d’intérêt. En plus, la peinture nous fatigue beaucoup en peignant les meubles. On a des difficultés respiratoires. On paye le courant, la location… »

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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