Sortie d’Etienne Soropogui de la CENI : Aliou Condé de l’UFDG laisse éclater sa colère

On le voit très rarement prendre la parole à l’occasion d’une manifestation politique. Mais cette-fois, Aliou Condé, secrétaire général de l’UFDG, a décidé de le faire, et surtout de le faire à fond. A l’occasion de l’Assemblée générale hebdomadaire du principal parti d’opposition du pays de ce samedi, 08 septembre 2018, le député a pris la parole pour réagir à la dernière sortie médiatique du commissaire de la CENI, Etienne Soropogui.

Ce dernier a reconnu dans une radio que les magistrats qui ont présidé les CACV lors des élections locales du 04 février 2018, ont reçu de la pression pour falsifier les résultats sortis des urnes en faveur du parti au pouvoir. Une sortie face à laquelle Aliou Condé n’a pas pu se retenir.

Décryptage !

Je suis très révolté par rapport à ce qui s’est dit hier à la radio Lynx FM. Je pense que beaucoup d’entre nous ont suivi ce que le commissaire Etienne Soropogui a déclaré à la radio Lynx FM. Vous savez que l’UFDG, nous nous sommes plaints en 2010 au premier tour, normalement nous avions gagné. On a annulé nos résultats, on a proclamé un second tour et ce second tour a pris près de quatre mois pour être organisé. Et on a déclaré qu’on a perdu.

Je donne une anecdote, Kindia au premier tour, l’UFDG a eu plus de 40% des voix en devenant premier. Il y a eu au second tour. Avec l’appui de l’UFR et de la NGR, vous savez quel résultat on a eu ? On a eu moins de fois qu’au premier tour parce que nos résultats ont été modifiés et transférés.

Il y a eu après 2013. Nous nous sommes plaints du vol, du détournement des voix de l’UFDG. Il y a eu 2015 le coup chaos. On s’est plaint, c’était tellement ridicule que nous avons dit que nous ne portons pas plainte à la Cour Constitutionnelle parce qu’on sait qu’on ne prendra pas en compte.

En 2010, pour votre information, nous avons mis en évidence toutes les fraudes, on a sorti les vrais résultats. On ne les a jamais proclamés les vrais résultats de 2010, on n’a jamais pu les proclamer parce qu’on a voulu sauvegarder la paix.

Mais là aussi toutes les preuves ont été démontrées et ce sont les pièces justificatives que nous avons envoyées à la Cour Suprême à l’époque qui n’a même pas voulu ouvrir un seul carton, une seule chemise et qui a reconduit les résultats qui avaient été proclamés par la CENI. Donc 2015, on a préféré ne même pas nous fatiguer parce qu’on savait qu’on n’allait pas donner les vrais résultats.

Arrivent les élections communales que nous avons demandées, pour lesquelles nous avons insisté, nous avons pris des dispositions. On s’est vraiment déployés sur le terrain pour essayer d’encadrer tous les bureaux de vote pour nous permettre d’obtenir les bulletins, les procès-verbaux des bureaux de vote. Donc tous les résultats issus des bureaux de vote, nous avons pu les obtenir.

L’élection a eu lieu dans la journée du dimanche et le lundi avant midi nous avions les résultats de toutes les communes de la Guinée. Et l’UFDG les a mis en ligne sur les réseaux sociaux pour que tout le monde sache qu’on a effectivement gagné ces élections.

Après cela qu’est-ce qui s’est passé ? Les autres d’en face se sont retrouvés pour dire nous avons été pris à défaut, nous n’avons pas pu modifier les résultats sortis des bureaux de vote. Parce que d’habitude, on volait les PV sortis des urnes et on mettait d’autres PV à leur place. A cette élection, ils n’ont pas pu le faire, ils ont été pris de vitesse pensant qu’ils allaient gagner ces élections.

Alors qu’est-ce qu’ils ont fait ? La seule chose qu’il leur restait c’était à la centralisation des magistrats pour modifier les résultats en mettant de côté les PV, en annulant par là ou en falsifiant par là au profit du pouvoir. Nous avons pris la communauté internationale à témoin, on leur a montré les résultats, les PV sortis des urnes. On leur a montré les calculs qui nous donnent largement vainqueur à Conakry, à Kindia, à Dubréka, à Boké, à Kamsar, un peu partout.

On nous a priés de ne pas exiger la correction de tous les résultats. En Haute Guinée, il n’y a pas eu de dépouillement, il y a eu des dotations. On n’a pas eu accès aux procès-verbaux, ils se sont retrouvés pour décider de la répartition des votes. Alors avec la communauté internationale, nous nous sommes entendus de publier quelques résultats simplement pour donner un exemple pour que cela ne se répète plus dans le pays. Avec eux, le chef de l’Etat a été convaincu d’accepter que la CENI noud reçoit pour qu’on examine les PV que nous avons.

Ce qui fut fait. Nous avons été à la CENI avec nos résultats. La CENI nous a demandé de leur donner les PV des bureaux de vote que nous avons pour qu’ils puissent eux-mêmes faire la confrontation. C’était même jeudi et la CENI nous a donnés rendez-vous pour le mardi. Mais ce jour-là, lorsque la délégation de l’UFDG est arrivée, la CENI nous a dit qu’elle ne va plus refaire le contrôle. Donc si nous avons des rapports à faire de le faire et de déposer. Vous savez à partir de là, il y a eu des protestations. Nous avons manifesté et y a eu plus de 10 morts, des magasins saccagés un peu partout.

Et un peu partout, on dit que l’UFDG est en train de raconter des histoires. Malgré tout, nous avons organisé des conférences de presse où nous avons présenté tous les résultats mais il n’y a pas eu un accompagnement de la campagne de l’UFDG pour que la vérité puisse triompher en République de Guinée. Beaucoup ont mis en doute ce que nous disions et vous savez en fin de compte, il y a eu ce compromis qui a été signé tout dernièrement.

Mais maintenant, c’est un commissaire de la CENI qui vient confirmer tout ce que nous avons dit par le passé. Et ce qui est grave, c’est que personne ne s’en est mêlé, ça passe comme une lettre à la poche comme si de rien n’était. Alors, on est en train de montrer qu’en République de Guinée, les élections c’est une farce. On ne rend jamais les vrais résultats puisque les magistrats qui sont chargés de dire la vérité peuvent modifier les résultats, donner les résultats qu’ils veulent et que le peuple de Guinée reste tranquille et que personne ne bouge le petit doigt.

Pourquoi j’interviens aujourd’hui ? C’est pour informer tout le monde, interpeller la presse, interpeller les forces sociales, les syndicats, tous les partis politiques pour qu’on se lève et qu’on dise que ça suffit, ça ne peut plus continuer. Les magistrats ne peuvent pas modifier les résultats des élections et que nous soyons calmes et que nous ne disions rien. Si on se tait, c’est inutile d’aller aux élections législatives, c’est inutile d’aller aux prochaines élections présidentielles.

Maintenant que c’est un commissaire de la CENI qui a reconnu que les magistrats ont eu des pressions de la part des autorités administratives pour mettre les bons résultats de côté, je pense qu’aujourd’hui ce n’est plus le combat de l’UFDG seule, mais c’est le combat de tout le peuple de Guinée de se lever contre cette mascarade.

Je pense qu’on ne peut pas se taire, je pensais que toute la presse hier soir allait vraiment tirer à boulets rouges sur la CENI, tirer à boulets rouges sur la justice pour avoir fait cette forfaiture qui nous a amenés près de sept mois de retard sans publier les résultats parce que tout simplement des individus ont décidé que l’UFDG ne doit pas gagner et que c’est le pouvoir qui doit toujours remporter les élections.

Je pense que ça suffit et que vraiment nous n’allons pas nous taire et que nous allons faire le lobbying qu’il faut pour que tout le monde se lève et que les véritables coupables soient recherchés et sanctionnés. On ne doit pas simplement se limiter à la mise en place des exécutifs communaux mais maintenant que la CENI elle-même le reconnait, nous allons nous lever tous ensemble pour rechercher tous ces coupables pour que le peuple de Guinée les connaisse et les sanctionne à la hauteur de leur forfaiture pour que cela ne se répète plus.

Si nous voulons vivre en paix, il faut que l’élection soit crédible, il faudrait qu’on ne touche pas à ces résultats. Combien de morts ? Combien de biens détruits en République de Guinée à cause des élections ? Tous les grands conflits en Afrique naissent sur la base de ces résultats falsifiés.

Est-ce que nous allons accepter de continuer à la falsification des résultats ? Alors, levons nous et disons au gouvernement, à la CENI et à tout le monde qu’il n’est plus question, que ça suffit et que la lumière doit jaillir et que tout le tout le monde se sente chez soi en République de Guinée.

Propos recueillis par Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel : 620 21 39 77 / 662 73 05 31

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