Discrimination des femmes : deux dames élues du RPG remplacées par des hommes non élus à Siguiri

Deux dames élues sous la bannière du RPG Arc-en-ciel à la mairie de Doko dans la préfecture de Siguiri viennent de perdre leurs postes de conseillères. Kadiatiou Magassouba et Djénèbou Condé, ont été remplacées par deux hommes qui étaient sur la liste de candidature du parti au pouvoir mais qui n’avaient pas réussi à se faire élire.

Les deux élues dénoncent une discrimination liée au genre, a appris le correspondant de Guineematin.com à Siguiri.

Depuis le scrutin du 04 février 2018 qu’il a remporté à Doko, le RPG Arc-en-ciel fait face à des difficultés dans cette commune rurale de Siguiri. D’abord, pour le choix du candidat à la mairie, puis sur les conseillers même qui vont siéger. Car, deux membres de la liste de candidature du parti au pouvoir aux élections locales et qui sont influents dans leurs villages respectifs n’ont pas été élus à l’issue du scrutin. Ce qui a été jugé inacceptable pour leurs parents qui se sont mobilisés pour aller mettre la pression sur la sous-section du RPG Arc-en-ciel à Doko. Chacun de ces deux villages a demandé à ce que son fils puisse siéger à la mairie de Doko.

Face à cette situation, les responsables locaux du parti au pouvoir ont décidé de trouver la solution la plus simple à leurs yeux, quitte à violer la loi. Ils ont décidé alors de remplacer les deux dames élues sur leur liste par les deux hommes. Ainsi, Kadiatiou Magassouba, présidente des femmes du RPG de Doko qui était 7ème sur la liste du RPG s’est vue remplacer par Bourlaye Magassouba qui était 33ème sur la liste, et Djénèbou Condé, 16ème sur la liste a été remplacée par Bourlaye Keïta, 31ème sur la liste.

Une décision que dénonce Kadiatou Magassouba : « La commune rurale de Doko compte 33 conseillers, le RPG a eu 27 élus sur ces 33. Moi, j’étais 7ème sur la liste et je suis donc élue. Au moment où on s’apprêtait à être installés, les habitants de Massala et ceux d’Allagninè sont venus dire qu’il faut obligatoirement prendre leurs fils qui n’étaient pas élus, vu leurs positions sur la liste. Alors, ma camarade et moi qui étions les seules femmes, ils nous ont éliminées pour prendre les deux hommes », a réagi la dame.

Cette dernière soutient qu’elle n’a pas été associée à la prise de cette décision et dit ne même pas savoir qui de la sous-section du RPG Arc-en-ciel à Doko et du comité directeur du parti à Siguiri a pris la décision. Tout ce qu’elle sait, c’est que elle et sa collègue ont été éliminées uniquement parce qu’elles sont des femmes. Et c’est aussi ce que pense Djénèbou Condé. « Ils nous sont éliminées tout simplement parce que nous sommes des femmes.

Moi, j’étais en 16ème position sur la liste et je suis élue. Je crois que ce sont les citoyens qui m’ont élue et non une sous-section. Mais, nous sommes victimes de discrimination liée au genre », a-t-elle dit.

Interrogé par Guineematin.com sur la question, Youssouf Kouyaté, porte-parole de la sous-section du RPG Arc-en-ciel à de Doko, justifie cette décision par l’influence des deux villages. « Vous savez, les Magassouba de Massala sont les pères fondateurs de la contrée de Sèkè (sous-préfecture de Doko), ils se sont imposés en qualité de propriétaires de la terre de Sèkè. La sous-section a trouvé donc que la solution possible était d’enlever les deux dames pour prendre les deux hommes Bourlaye Magassouba de Massala et Bourlaye Keita d’Allagninè », explique le responsable du RPG Arc-en-ciel.

Bien qu’elles soient élues, Kadiatou Magassouba et Djénèbou Condé ne pourront pas donc siéger à la mairie de Doko. Et cette mairie n’aura aucune femme dans ses rangs pendant qu’on parle d’un objectif de parité homme-femme dans les instances de prise de décision.

De Siguiri, Bérété Lancéï Condé pour Guineematin.com

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