Conakry : témoignages sur le décès d’Amadou Sow, victime des violences à Kindia

Blessé à l’occasion des violences enregistrées en début de semaine dernière dans la ville de Kindia, Amadou Sow, 45 ans, a rendu l’âme à Conakry où il avait été évacué d’urgence. Malgré les efforts des médecins pour tenter de le sauver, le père de famille a succombé de sa blessure contractée à la tête, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Émotion, tristesse et indignation, ce sont les sentiments qui se lisaient sur les visages des proches et amis d’Amadou Sow, massivement mobilisés à l’hôpital Jean Paul II de Taouyah, dans la commune de Ratoma hier, dimanche 21 octobre 2018. L’homme âgé de 45 ans, a été admis dans cette structure sanitaire de Conakry après avoir reçu les premiers soins à l’hôpital régional de Kindia suite à un violent coup de pierre qu’il a reçu à la tête le mardi, 16 octobre 2018.

C’était à l’occasion des violences qui ont suivi l’élection controversée de Mamadouba Bangoura à la tête de la mairie de Kindia. Après un long coma, Amadou Sow a fini par succomber de sa grave blessure dans cet hôpital.

M. Mamadou Madjou Sow

Selon monsieur Mamadou Madjou Sow, frère de la victime, Amadou Sow était en train de vendre comme d’habitude du thé, lorsqu’il a été pris à partie par des manifestants en colère qui l’ont grièvement blessé.

« Mon défunt frère était un vendeur de thé ambulant. Il était allé servir des clients. A son retour, des jeunes lui ont jeté une grosse pierre à la tête. Alertés, nous sommes allés le chercher. Mais, depuis qu’il est tombé, il ne parlait pas, n’ouvrait pas les yeux et ne mangeait pas. Après deux (2) jours de soins intensifs à l’hôpital de Kindia, les médecins nous ont dit qu’il faut qu’on fasse le scanner. C’est ainsi que nous sommes venus ici (Jean Paul II) pour le scanner. Après l’opération, les médecins nous ont prescrit des médicaments que nous avons achetés. Mais, malheureusement, il est décédé la nuit vers 2 heures du matin », a-t-il dit, l’ère très triste.

M. Mamadou Madjou Sow déplore ce qui est arrivé à son frère et accuse les forces de l’ordre de complicité avec les meurtriers. « Un groupe de jeunes étaient en train de venir casser nos boutiques. Les gendarmes n’étaient pas loin de là. Des pluies de cailloux pleuvaient là où se trouvait mon frère, c’est à ce moment qu’il a pris une pierre à la tête. Mais je puis vous assurer que les gendarmes étaient là, en train d’observer et laisser faire les jeunes qui pillaient nos boutiques et qui attaquaient nos frères », a dit notre témoin.

M. Ibrahima Sow

De son côté, monsieur Ibrahima Sow, frère aîné de la victime, pense que la mort de son jeune frère a été commanditée : « Il y avait beaucoup de monde sur les lieux, mais son bourreau avait une pierre et n’attendait que lui. Quand il est allé servir du thé à des clients, le jeune qui était arrêté derrière le conteneur a jeté une grosse pierre sur la tête de mon frère. Quand je suis venu voir mon frère à l’hôpital, je l’ai appelé mais il ne m’a pas répondu. Aujourd’hui, il est décédé laissant derrière lui sa femme et ses huit enfants. Je suis choqué et je ne sais pas quoi dire. Je demande à tous mes frères de prier afin d’éviter de connaître un tel sort ».

A noter que le défunt Amadou Sow est originaire de la sous-préfecture de Niagara, dans la préfecture de Mamou. Son corps a été rapatrié à Kindia où il sera inhumé. Les membres de sa famille annoncent qu’ils vont se retrouver pour voir s’il y a lieu de porter plainte.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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