La commune rurale de Banié, située à 12 kilomètres au Sud de la commune urbaine de Yomou, a un nouveau maire. Michel Guêkpè Gbanamou, c’est son nom, candidat du RPG Arc-en-ciel, l’a emporté récemment, lors du vote pour l’élection de l’exécutif communal de Banié. Dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de Guineematin.com dans la région forestière, hier, mardi 23 octobre 2018, le nouveau maire a décliné ses priorités.
Dans cette interview, Michel Guêkpè Gbanamou, agronome de profession, a remercié les populations pour le choix porté sur sa personne. Il compte réaliser beaucoup de projets au service de la commune rurale de Banié pour les cinq années à venir.
Guineematin.com : vous avez été élu maire de la commune rurale de Banié. Quel est le sentiment qui vous anime ?
Michel Guêkpè Gbanamou : le sentiment qui m’anime, ça c’est du jamais vu dans la conjoncture actuelle et dans la commune rurale de Banié, dans la mesure où, avant la proclamation même des résultats, j’ai été transporté par la population de Mélékpouma jusqu’à Banié pour dire que c’est notre chef. Ça veut dire que j’ai gagné la bataille avant la bataille. Et puisque les opposants persistaient, il fallait qu’on passe par le vote. Nous sommes passés par le vote et sur les 16 conseillers qui étaient dans la salle, j’ai eu 11 voix. C’est un record, c’est la raison pour laquelle je remercie toute la population de Banié, je remercie tout un chacun. Mon impression, c’est de remercier ceux qui ont prôné la paix, à commencer par monsieur le sous-préfet jusqu’au niveau préfectoral. Parce qu’on ne parlait que de la paix. C’est Dieu qui a choisi et, puisque Dieu passe par les hommes pour choisir leur chef, c’est la raison pour laquelle Dieu m’a choisi. C’est une impression de satisfaction parce que j’étais quelque part. J’ai œuvré à Mandiana, j’ai œuvré à Kouroussa, j’ai œuvré à Kankan, j’ai œuvré à Kissidougou et un peu de temps en Basse Côte. Mais, c’est nos parents qui ont jugé nécessaire de me ramener au bercail et je suis rentré, et je pense que je vais leur donner satisfaction. C’est la raison pour laquelle ils m’ont encore reconduit dans le fauteuil du commandement. Don, ça veut dire que j’ai à peu près fait leur volonté et je voudrais faire leur volonté et la volonté de Dieu. Je suis un instrument de travail, comme vous le savez, c’est la brouette, c’est les machines mécaniques, et je voudrais que mon peuple qui m’a tant aimé, qui m’a tant choisi, me pousse à une finalité. La finalité c’est quoi ? C’est le développement de la communauté de Banié.
Guineematin.com : quelle est la composition du bureau exécutif que vous dirigez ?
Michel Guêkpè Gbanamou : l’équipe que je conduis se compose de la manière suivante : il y a le maire qui est en face de vous. Je suis du RPG arc-en-ciel. Il y a le premier vice maire, qui s’appelle Alexandre Nyangbalamou, toujours du RPG Arc-en-ciel. Le deuxième vice maire s’appelle Noumely Haba, il est du Bloc Libéral.
Guineematin.com : avant d’être maire, on a appris vous aviez assuré la fonction de président de la délégation spéciale. Qu’en est-il réellement ?
Michel Guêkpè Gbanamou : je n’ai jamais été président d’une délégation spéciale. Celui qui était là comme maire, c’est mon père, je peux vous le dire comme ça. Il s’appelait aussi Michel Haba, paix à son âme. C’est à lui qu’on a dit, tu commences à vieillir et il faut que vous partiez chercher notre fils qui est à Kissidougou. Quand on est venu me chercher, j’ai refusé. Mais, c’est à travers un écrit de nos vieux parents ici que Michel Haba est allé déposer devant Alain Koyon Camara, qui était à l’époque préfet de Kissidougou. Quand Alain m’a dit que les gens viennent me chercher, mais c’est du mensonge, il ne faut pas aller. Par après, il y a eu un deuxième écrit que Michel Haba lui-même a déposé. J’ai fini par accepter et je suis venu. Je suis arrivé à Banié en 2015 et quand je suis venu, il a dit que je suis son dauphin, c’est lui qui est allé me chercher. On a œuvré ensemble et quand il a été suspendu, on a cherché des gens. Mais, il a fini par dire aux gens en coulisse que vous m’avez poussé à ramener un homme ici. C’est lui seul qui peut m’hériter. C’est en ce moment que les gens sont venus me chercher, j’ai dit qu’on ne peut pas suspendre mon frère et que je me présente à sa place, puisque je suis venu, il devait me préparer pour que je sois son successeur, mais prématurément comme ça, je n’en veux pas. Je voudrais encore qu’il me prépare, mais c’est lui-même qui m’a dit de partir. A l’époque, j’étais convoqué à Kissidougou pour une réunion de concertation de tous les maires. Il m’a donné tous les documents et je suis parti là-bas. De la façon dont j’ai travaillé à Kissidougou à ces lieux et places, le secrétaire général d’alors est venu rendre compte à la population de Banié pour dire que lui, il mérite. C’est la raison pour laquelle j’ai été maire maintenant, comme il était suspendu.
Guineematin.com : donnez-nous les grandes lignes de vos différentes réalisations ?
Michel Guêpkè Gbanamou : nos grandes lignes étaient d’abord de développer, à travers la sensibilisation, de créer des centres de santé ou des postes de santé un peu partout, parce que tout commence par la santé. Celui qui n’est pas en bonne santé ne peut pas travailler.
Ensuite, l’éducation, qui est une source intarissable qui forme les hommes, il fallait aussi développer le secteur éducatif. Il y a aussi l’adduction d’eau potable. Il fallait apporter à la population de Banié de l’eau potable en commençant par les forages. Il y a eu une multitude de forages que je ne peux pas déterminer. J’ai au moins en idée une cinquantaine, mais qui ne sont pas tous fonctionnels.
Sur le plan éducatif, nous avons construit des écoles un peu partout en commençant par Banié, à Gotoye, à Melepkouma, Dowointa, à Fofognè, à Yowa, à Gangamou par un fils bienfaiteur qui a construit une école primaire, à Bafala par la bonne volonté de la population, à Yowi, à Tolonta, à Koliyé, à Yaye grâce à Plan Guinée et au PACV (Programme d’Appui aux Communautés Villageoises), à Djékény et un peu partout.
Grâce à ces appuis, on a réalisé de multiples travaux. Et ici, nous avons fait le commissariat de police, nous avons fait la gendarmerie, nous avons rénové la résidence de monsieur le sous-préfet, nous avons rénové le bureau de la Commune Rurale, nous avons construit la résidence du futur maire.
Nous avons construit un bloc, parce qu’il y a un fleuve qui sépare Banié de l’autre côté de la grande montagne. Pour aboutir à Yowi, c’était tout un problème, nous avons fait un triple daleau là-bas, et entre Yomou et Gotoye nous avons fait deux daleaux.
Nous avons fait classer des forêts, nous avons classé la forêt Koulahié, nous avons classé la forêt Zognan, de Yowa, nous avons classé la forêt de Gotoye et tant d’autres. Nous avons créé aussi des forêts protégées, parce que la forêt doit être enrichie. Parce que, je suis un agent des eaux et forêts, ma vocation, c’est de voir la verdure de la forêt, c’est de voir les hommes dans la forêt. C’est l’une des raisons qui fait que les grands fils d’alors ont décidé pour que je retourne au bercail. Je suis retourné dans le bercail et je remercie mes parents par leur soutien tant bien moral que financier.
Guineematin.com : vous êtes reconduit à la tête de la mairie pour encore cinq ans, qu’est-ce que vous ambitionnez de faire ?
Michel Guêkpè Gbanamou : tout ce qui a été fait, ce n’est qu’un début du commencement. De toutes les façons, mon ambition est grande, je ne peux pas énumérer tout. Mais, je veux d’abord m’occuper de la jeunesse, qui est la génération montante, qui va nous relever en commençant par leur maison des jeunes. La maison des jeunes est prioritaire parce que, comme a eu à dire Ahmed Sékou Touré, paix à son âme, « la jeunesse, c’est l’air marchand ». C’est grâce à la jeunesse qu’on peut faire tout. Donc, je commencerai par la construction de la maison des jeunes et j’en appelle à tous les bailleurs de fonds de me venir en aide.
Ensuite, après la maison des jeunes, c’est la cité de monsieur le sous-préfet qui doit être digne d’un magistrat et j’en appelle à tous les hommes de bonne volonté.
Banié n’a qu’un seul centre de santé, pourquoi pas deux ou trois pendant que j’ai sept districts et huit secteurs ? Je voudrais que tout commence par la santé dans ma juridiction géopolitique pour avoir des centres de santé et des postes de santé.
Je voudrais aussi multiplier les écoles, parce qu’il y a des grands centres tels que dans Gotoye, une grande agglomération qui est derrière la montagne, et nous voudrions qu’il y ait des écoles. Cela a été déjà programmé et nous sommes partis avec les drapeaux de la Guinée parce que ce coin-là est entre le Libéria et la Guinée.
Grâce au gouvernement, la société Sogum est en train d’évoluer à Banié. Je voudrais, à travers cette société, que le pont entre le Libéria et la Guinée soit établi pour éviter les noyades. Ensuite, que cette même société s’occupe des routes interdistricts, inter-secteurs. J’en appelle à tous les hommes de bonne foi, de bonne volonté, qui sont engagés pour la cause de leur pays, de nous venir en aide.
Je voudrais encore qu’on laisse les jeunes filles aller au niveau des structures scolaires, que le pourcentage des jeunes filles soit élevé par rapport aux hommes, parce que la femme est maîtresse de son foyer. Au lieu de donner sa fille à un homme et si la fille même se gérait ?
Je n’oublie pas les jeunes garçons aussi, parce que qui parle d’une famille, parle d’un homme et d’une femme, je voudrais que les hommes aussi redoublent d’ardeur et que les hommes rapprochent les femmes.
Je ne veux pas et je lutterai avec efficacité contre la drogue, contre la discrimination et que les jeunes cessent de boire, cessent de se droguer. Je lutterai farouchement contre ça, avec l’appui des services de sécurité et de monsieur le sous-préfet.
J’approcherai nos mamans, les vieilles femmes, en initiant des projets de développement, comme le maraichage qui est en train de développer la Basse Côte.
Je demanderai la bénédiction de nos vieux parents pour que la terre sainte de Banié soit bénie.
Guineematin.com : quel est le message que vous portez à la population qui vous a fait confiance?
Michel Guêkpè Gbanamou : je demande à la population, qui m’a tant soutenu, de continuer à me soutenir et que le PDL (Programme de développement Local) qu’on va renouveler pour un ajout soit respecté par chacun et de tous. Je n’oublierais pas un campement à plus forte raison un secteur ou un district. Je m’occuperai de tout un chacun et je voudrais que les gens s’occupent de moi en m’écoutant, en suivant mes lignes et, lorsque je suis en déroute, je voudrais qu’on me ramène à l’ordre. Je suis leur bélier, je suis le bélier de Banié. Si on demandait de sacrifier un bélier, je dis que je suis le bélier de Banié, parce que toi qu’on a cherché, tu dois être reconnaissant. Je demeure et je reste à l’entière disposition de la population de Banié et pourquoi pas de toute la préfecture de Yomou.
Interview réalisée par Siba Guilavogui pour Guineematin.com
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