Myriam Makéba : une princesse Xhosa, belle-fille de Télimélé

Myriam Makéba, elle avait mis sa belle voix au service de l’Afrique combattante, dont la Guinée était le cœur palpitant. Et comme tel, elle avait fait de notre pays sa terre d’adoption. Et, à l’intérieur de celui-ci, Myriam Makéba avait été citoyenne d’honneur de la ville de Dalaba.

Le président Ahmed Sékou Touré avait fait construire, sur ces terres paradisiaques du Fouta Djallon, une somptueuse villa pour Myriam Makéba. Mais, à ses yeux, cela ne suffisait pas. Alors, décida-t-il de donner sa sœur bien aimée en mariage à un jeune guinéen dont le charme le disputait à l’élégance : Amadou Oury Bageot Bah, employé à la compagnie nationale Air Guinée.

L’heureux élu est un fils de Télimélé Höré-Loübha, du quartier Menyéré. Le mariage est célébré le 28 février 1981 à Conakry. Et voilà les nouveaux mariés en route pour Télimélé. La réception est grandiose. C’est tout ce que la ville compte d’autorités, de forces vives et de sages qui se pressent à la maison familiale de Koto Bageot pour voir et congratuler leur belle-fille, dont la majesté de la voix et l’engagement politique en faveur des peuples en ont fait une légende vivante de par le monde.

Malgré toute cette aura à la limite de la sublimation, Myriam Makéba, dans une extrême humilité, se montre avant tout femme au foyer en allant elle-même puiser de l’eau au marigot, faire la cuisine et rendre visite à sa nombreuse belle famille.

La princesse Xhosa d’Afrique du Sud est fortement ancrée dans les traditions africaines. Elle n’est pas grisée par son succès mondial. Ce qui constitue un bel exemple. Mais, l’un des temps forts du séjour de Myriam Makéba à Télimélé aura été sa visite au Télé jazz, l’orchestre fédéral de Télimélé. Inutile de dire que là, elle était dans son élément.

La musique, c’est toute sa vie et c’est toute joyeuse, qu’elle découvre les rythmes et chansons du folklore Peul, dont certains morceaux étaient tirés de la poésie pastorale, brillamment mise en valeur par un groupe aux talents immenses et variés : Moussa Solano à la guitare basse, Zito et Sambou Yaya à l’accompagnement, et l’exubérant Aly Kania Bangoura au solo, Garanké, maitre Sek au vent, Sory Godo à la batterie, Abdoulaye Breveté , Oury Barry et l’angélique Djiba Kouyaté au vocal.

Myriam Makéba, fille d’un pays kaléidoscopique comme l’Afrique du sud, passait aussi de beaux moments au bord de la Samankou et du col de Loübha. Télimélé s’est vu honoré et a exprimé toute sa joie à son fils, Amadou Oury Bageot Bah, qui a scellé cette belle union et qui a donné le nom de sa dernière née, fille de sa brave femme, Hadja Irène Sow, à Myriam Makéba. RIAM, comme on l’appelle, est la benjamine de rama, Hassimiou et Fatou Bobo.

Fils de Télimélé, j’avais eu l’immense privilège d’être invité à diner par Myriam Makéba dans sa magnifique résidence en banlieue de Johannesburg. C’était en janvier 1996, à la faveur de la Coupe d’Afrique des Nations de Football que je couvrais pour la Deutsche Welle, entendez la voix de L’Allemagne.

La dernière volonté de Myriam Makéba, qui consistait à répandre ses cendres au confluent des océans Atlantique et Indien, au Cap de Bonne Espérance en Afrique du sud, avait été accomplie.

La disparition de Myriam Makéba constitue une grande perte pour l’Afrique entière.

Puisse DIEU l’accueillir dans son paradis éternel.

Amadou Diouldé Diallo, journaliste-historien

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