Affaire farine pourrie : Thiégboro promet de traduire en justice Elhadj Bobo et « ses acolytes »

Une affaire de riz et de farine pourris défraie la chronique en ce moment dans la capitale guinéenne. Un opérateur économique, Mamadou Diouldé Diallo, plus connu sous le nom d’Elhadj Bobo, est accusé d’être propriétaire d’une importante quantité de farine pourrie, malgré toutes les dénégations du mis en cause.

Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com, le colonel Moussa Thiégboro Camara, responsable du Secrétariat à la Présidence chargé des Services Spéciaux, de la lutte contre la Drogue et les Crimes organisés, maintient ces accusations contre l’homme d’affaires et promet de le « mettre hors d’état de nuire ».

En effet, il y a quelques jours, les services du colonel Thiégboro ont découvert, au quartier Dabompa, dans la commune de Matoto, un magasin rempli de farine périmée, appartenant à Elhadj Bobo. Les proches de l’opérateur économique estiment que la farine est destinée à la fabrication de contreplaqués, de colle et de plâtres. Un argument rejeté par le colonel.

Selon cet officier supérieur, « il s’agit d’un drame alimentaire, d’un empoisonnement massif de consommateurs guinéens, opéré par Mamadou Bobo Diallo, dit Elhadj Bobo, dit riz pourri. En août 2018, après que le président de la République se soit prononcé sur le riz que monsieur Nabé avait importé dans le temps, depuis 2016, parce que la date de péremption s’approchait, le président avait dit d’incinérer ce riz sous le contrôle des services compétents, pour ne pas que ce riz soit détourné de son incinération. C’est dans cet espace de temps que ‘’Bobo riz pourri’’ a surgi pour négocier ce riz dans le but de l’orienter vers la volaille ou le bétail. C’était un argument valable ».

Cependant, ajoute le colonel Thiégboro, Bobo n’a pas respecté cet engagement. « Comme d’habitude, Bobo a pris ce riz qu’il a reconditionné pour revendre aux citoyens. Ainsi, on a ouvert une enquête administrative pour savoir où est passé ce riz-là. On a compris à un moment donné qu’une grande partie du riz a disparu. Cela a enrichi notre enquête. Bobo a été interpellé ici pour en savoir sur sa responsabilité. Finalement, on a compris que ce riz de marque VIKOR, que Nabé a importé, a changé de nom au port de Conakry. Il a importé des sacs vides sur lesquels il était écrit une partie, OK et une partie AIGLE. Il a envoyé des milliers de sacs vides dans lesquels le riz a été transvasé. De la marque VKOR, on est passé à deux marques : OK et AIGLE ».

A la question de savoir si Elhadj Bobo n’aurait pas bénéficié de complicités, le colonel Moussa Thiégboro Camara va répondre par l’affirmative. « Absolument, on ne peut pas faire ça devant tout le monde, parce qu’il était au magasin cale 2 de GETMA Guinée, au port, appartenant à monsieur Grenier. Nos infiltrés ont même pénétré à l’intérieur de ce magasin cale 2 là. Donc, les gens ont compris que Bobo, au lieu de revendre ce riz VIKOR, il a fait deux marques. Quand on l’a interrogé ici, preuves à l’appui, avec les deux marques qu’il a fabriquées, avec des dates de péremption différentes, le riz expirait ce mois-là, en novembre 2018, il a augmenté deux ans, pour mettre sur les sacs, deux dates différentes, pour mettre 2020. A partir de là, l’infraction est établie.», accuse le colonel.

Mieux, notre interlocuteur soutient que Mamadou Diouldé Diallo, communément appelé Elhadj Bobo n’a pas nié cet état de fait. « Il a reconnu les faits devant nous, les procès verbaux d’interrogatoire en font foi et ont été transmis ».

Parlant de ce riz qui était dans les entrepôts de GETMA, un document signé du directeur adjoint de l’Office Central de la Lutte Contre le Crime Organisé avait pourtant demandé de rendre le riz à Bobo, après avis favorable du service du contrôle de qualité de Matoto et de Véritas. Le colonel Thiégboro dit « qu’on ne revient pas sur ça. Celui qui a signé ce document, c’est un directeur adjoint… mais, je vais vous dire que, ces supputations-là n’ont plus de places moi dans ma tête, pénalement parlant. A partir du moment où Bobo n’a pas revendu ce riz-là pour la volaille et le bétail, A partir de là, le ministère du commerce s’est désengagé devant nous ici, parce que tout le monde a été entendu, le bureau du contrôle de qualité et Véritas se sont aussi désengagés … Véritas nous a dit enfin de compte que Bobo les a trompés. Ce monsieur trompe tout le monde, puisque c’est de la corruption à ciel ouvert ».

Pour ce qui est de la farine découverte il y a plus de dix jours dans un magasin à Dabompa, le secrétaire général à la Présidence chargé des Services Spéciaux, de la lutte contre la Drogue et les Crimes organisés dit que c’est la même chose que Bobo préparait à ce niveau.

« Il nous a fallu faire de la filature des containers de farine, la nuit. Il a mis dans un magasin isolé des containers de farine pourrie. Bobo prend ça pour stocker en haute banlieue, à Dabompa. Les gens rentraient là pour reconditionner cette farine. Il a encore importé des sacs typiques, avec un dateur. C’était dans le but de revendre encore ces sacs aux citoyens. Cela fait deux mois qu’on les suivait. Mais, on a voulu les prendre la main dans le sac », a expliqué le colonel Thiégboro Camara.

Les proches de Bobo disent pourtant que cette farine était bien pourrie, mais qu’elle appartiendrait à l’entreprise Forêt Forte qui doit s’en servir pour fabriquer des contreplaqués, de la colle et des plâtres. Des déclarations balayées du revers de la main par le colonel Thiégboro. « C’est une supputation, c’est des arguments échappatoires. Je te dis seulement, que ce riz là était destiné à la vente. Si non, vous avez 10 containers destinés à Forêt Forte, pourquoi les déballer dans un magasin à 30 kilomètres du port ? Pourquoi ne pas le faire au port ? Pourquoi ont-ils importé des sacs ? Ils ne pouvaient pas livrer directement ces containers à Forêt Forte ? »

Le Colonel Thiégboro promet de traduire Mamadou Diouldé Diallo, dit Bobo, et « tous ses acolytes. Je sais que Bobo est en Belgique avec sa famille. Mais, il reviendra répondre de ses actes ».

Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél : 628 17 99 17

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