Marché d’Enco5 : les vendeuses réoccupent la chaussée au grand dam des usagers

L’occupation de la chaussée par les vendeurs dans la capitale guinéenne est plus que d’actualité. Malgré tous les risques encourus, ces vendeurs ne reculent devant rien et restreignent la liberté de mouvement des usagers de la route. Le marché de la cité ENCO 5, dans la commune de Ratoma, en est une parfaite illustration, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Après avoir été déguerpies des lieux, il y a de cela quelques mois, les femmes sont revenues sur la chaussée. Les responsables des marchés se disent impuissants devant cette déferlante. Le manque de places à l’intérieur du marché est souvent évoqué par les vendeuses pour expliquer leur installation su la chaussée.

Agnès Condé, vendeuse de poissons sur la route se dit obligée d’être là par manque de places. « Si vous voyez que nous nous asseyons sur la route, c’est parce que nous n’avons pas de places à l’intérieur du marché. C’est ici que nous gagnons de quoi de vivre. Mais, nous payons le ticket à 1000 FG par jour ».

Pour sa part, Aicha Condé se dit consciente du danger que court, sans pour autant avoir le choix. « Nous vendons sur la route, c’est vrai. Mais, ce n’est pas parce que nous n’aimons pas notre sécurité que nous vendons sous le soleil. C’est ici que nous trouvons de quoi vivre. Nos maris ne travaillent pas. Il faut donc qu’on se batte pour nourrir nos enfants ».

Cette situation n’est pas sans conséquences, sur les usagers de la route. Pour Mamadou Oury Sow, chauffeur de taxi, « les vendeuses nous fatiguent énormément. Difficilement nous parvenons à stationner. Il y a de ces policiers qui nous pourchassent et dans ça, nous sommes victimes d’accidents… Certains perdent la vie dans ça, et c’est la faute aux vendeuses sur les routes. Nous demandons de l’aide à l’autorité, pour que nos routes soient libérées, afin que les conducteurs et les piétons puissent bien circuler, sans aucun risque », implore-t-il.

L’administration du marché d’ENCO 5 n’est insensible à cet état de fait. Ismaël Diakité, comptable dudit marché, dit avoir tout mis en œuvre pour dissuader les vendeuses de s’asseoir sur la route. « Après le grand déguerpissement des femmes vendeuses au bord des routes, dans les différents marchés de la ville l’année passée, tous les autres marchés se sont installés, sauf les femmes du marché d’Enco 5. Donc, les femmes se sont mobilisées pour venir massivement fermer, cadenasser notre bureau, pour dire qu’on ne joue pas notre rôle en leur faveur. On a été dans les différents marchés avec les femmes leader du marché, pour voir effectivement et on a constaté que les autres marchés avaient installé les autres de gauche à droite, après le goudron. On a aussi débouché pour les installer après le goudron, C’est pourquoi ici nous avons une équipe de 10 personnes, de 10 heures à 12 heures, et 16 heures à 20 heures, ils sont sur les routes pour empêcher les femmes vendeuses de déborder sur la route. Nous avons mis des blocs à chaque 10 mètres sur la route pour empêcher les femmes de dépasser cette limite. Toutes celles qui dépassent ces limites sont en infraction. Et là, nous confisquons leurs bagages, sous l’ordre du gouverneur de la ville ».

En outre, monsieur Diakité a faut savoir que « les femmes qui sont installées par le bureau du marché, s’acquittent de leur droit. Elles payent 1000 FG par jour. Le billet vert est à 500 FG, ça c’est le droit de marché c’est ce nous gérons. Et le billet blanc, gérer par le service hygiène aussi à 500 FG. Par contre, les flottants ne s’acquittent de rien ».

Selon monsieur Ismaël Diakité, les raisons qui poussent les femmes à vendre sur les routes sont le manque d’aménagement du marché et le manque de clients. « Le marché d’Enco5 est l’un des plus grands marchés qui n’est pas bien aménagé. Et, les femmes refusent catégoriquement de descendre. La moitié des tables est vide. Elles sont toutes au dehors pour un problème de clientèles. Le marché est impraticable pendant la saison pluvieuse à cause de la boue. Pendant la saison sèche, elles sont sous le soleil. C’est pourquoi elles préfèrent rester sur la route ».

Pour finir, le comptable du marché d’Enco5 lance un appel « non seulement à l’Etat, au gouverneur de la ville, Mathurin Bangoura, mais aussi aux bailleurs de fonds, de nous aider à aménager le marché ».

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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