Instabilité sociale en Guinée : l’ancien maire de Labé parle de la naïveté de la classe politique

Elhadj Ibrahima Sampiring DIALLO

L’ancien maire UPR (Union pour le Progrès et le Renouveau) de Labé, Elhadj Ibrahima Sampiring DIALLO, impute la responsabilité de la situation sociopolitique actuelle de la Guinée, empreinte d’ethno stratégie, au rejet systématique, en 1990, du bipartisme par l’élite du pays, dans sa quête de démocratie vraie, rapporte un correspondant de Guineematin.com en Moyenne Guinée.

Selon l’ancien maire UPR de Labé, Elhadj Ibrahima Sampiring DIALLO le rejet du bipartisme par l’élite de la Guinée, en 1990, dans sa quête de démocratie vraie, fut un grand rendez-vous manqué avec l’histoire.

Pour lui, il n’est pas superflu de rappeler que « le tournant décisif du 3 avril 1984 intervenu dans l’évolution politico-sociale de la Guinée avait suscité beaucoup d’espoirs au sein des masses guinéennes qui aspiraient légitimement à une vie meilleure. Mais, depuis ces espoirs se perdent chaque jour qui passe au regard de la mauvaise gouvernance politique, économique, sociale et culturelle.»

Que la violation permanente des libertés fondamentales, l’insécurité galopante, l’injustice et l’impunité face aux dérapages, aux exactions de toutes sortes, sont des réalités fortement préjudiciables aux intérêts supérieurs de la nation que ne cessent d’affaiblir des pratiques ethnocentriques de la mouvance présidentielle et de l’opposition.

Il ajoute par ailleurs que devant tant d’incertitudes et d’interrogation sur l’avenir de la Guinée, les propos du Général Lansana Conté résonnent encore dans ses oreilles : « Dieu a tout donné à la Guinée pour qu’elle soit heureuse, mais les guinéens font tout pour la rendre malheureuse.»

Il explique aussi que la nouvelle Constitution guinéenne de 1990 qui marque la rupture avec la gestion de la Première République avait institué le bipartisme pour consolider l’unité nationale et donner le temps au peuple de Guinée de se familiariser avec l’exercice de la Démocratie. Même si celle-ci revêt un caractère universel, elle ne doit cependant pas se construire au mépris du passé des hommes, de leur culture, de leurs traditions et mœurs, surtout après une longue période de gestion autocratique et dictatoriale du pays par un parti unique.

« Malheureusement la passion aveugle d’accéder au pouvoir d’Etat a poussé l’élite intellectuelle et politique à rejeter systématiquement le bipartisme et à réclamer de toutes ses forces l’institution d’un multipartisme intégral. Et c’est pourquoi, sous la pression, une loi organique de décembre 1991 va inscrire le pluralisme politique dans une Guinée de moins de 7 millions d’habitants. Cette loi entrera en vigueur en avril 1992. Une quarantaine de partis va être agréé, et aujourd’hui on enregistre environ plus de 150 formations politiques.»

En vérité , « si le bipartisme avait été maintenu comme proposé initialement pour une Guinée comprenant 4 régions naturelles, aucun parti politique n’aurait imaginé ou prévu à s’identifier dans son combat à une région ou à une ethnie. L’alternance politique et le changement tant réclamés par l’opposition auraient été facilités, grâce à un jeu démocratique sans heurt et sans violence » affirme l’ancien maire UPR de Labé.

C’est pourquoi, dit-il, le rejet du bipartisme au profit d’un multipartisme intégral par l’élite guinéenne fut un grand rendez-vous manqué avec l’histoire. « C’est bien là l’origine de tous les maux dont souffre le peuple de Guinée.»

Aujourd’hui à quoi ont servi tant de partis politiques, sans programme clair pour la plupart d’entre eux, sans vision nette de développement pour bâtir une nation guinéenne forte et prospère ?, s’interroge-t-il.

« A rien ! Sinon à avoir constamment le mot démocratie au bout des lèvres et non dans le cœur. Ces partis usent de l’ethno stratégie pour atteindre leurs objectifs, conquérir ou se maintenir au pouvoir. Voilà pourquoi ces partis servent beaucoup plus à nous désunir, à nous faire oublier ce que doit être notre devoir impérieux envers la patrie ‘’Guinée’’» insiste l’ancien maire de Labé qui enfonce également le clou : « la population se souvient sans doute que l’extérieur avait taxé l’opposition guinéenne du temps du Général Lansana Conté d’être la plus sage d’Afrique. De cette flatterie, l’opposition s’en était beaucoup réjouit. Alors qu’en réalité ce superlatif absolu « la plus sage » n’était qu’une figure de style signifiant « la plus naïve ». Au regard de nombreuses opportunités qu’elle a perdues pour accéder au pouvoir.

Comme solution pour sortir la Guinée de l’impasse, Elhadj Ibrahima Sampiring DIALLO préconise la création et l’organisation d’un observatoire politique national pour suivre le fonctionnement des partis dans le respect des dispositions de la Constitution, de la Charte des partis politiques et du Code des collectivités locales.

A cela, il ajoute l’impérieuse nécessité d’organiser une refonte systématique du paysage politique actuel en tenant compte des dérapages que le multipartisme intégral a occasionnés, ainsi que celle d’assurer véritablement une indépendance de la Justice pour mettre fin à l’impunité.

De Labé, Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 622 269 551 & 657 269 551 & 660 901 334

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