Par Amadou Diouldé Diallo : Organisateur et perdant en demi-finales contre le Congo-Brazzaville de François Mpelé, vainqueur de l’édition aux dépens du Mali en 72, le Cameroun attendra certainement 2021 pour accueillir pour la deuxième fois de son histoire, la biennale du football africain.
En effet, la CAF vient de lui retirer l’organisation de celle de 2019 qu’elle lui avait pourtant attribuée en 2014 à Addis-Abeba, en Ethiopie. Raisons invoquées : le retard accusé dans la réalisation des infrastructures devant recevoir les rencontres, l’insécurité grandissante dans le pays avec les attaques de Boko Haram et les groupes sécessionnistes des provinces anglophones.
Mais la CAF et tous les observateurs avertis s’accordent à reconnaitre que le Cameroun est l’une des places prestigieuses et fortes du football africain. Le palmarès de ses équipes en fait largement foi. Aux 5 titres des Lions indomptables en CAN avec des écuries de grand standing et auréolées de gloire sur le plan international, viennent s’ajouter l’abondante moisson des clubs, et pour finir, les 29 ans de présidence de la CAF de Issa Hayatou. Des faits éloquents pour que le pays de Roger Milla bénéficie de report sur la CAN suivante que d’un retrait définitif.
La lettre du président de la CAF, le malgache Ahmad Ahmad, adressée au président Paul Biya quelques heures seulement après la décision de retrait de l’organisation de la CAN 2019 à son pays est marquée du sceau du respect et de la considération de la panafricaine du football envers ces millions de camerounais gouvernés par la passion du football, dont certains comme Joseph Antoine Bell et Samuel Etoo, ont la proximité et l’affection du président Ahmad.
Désormais à l’abri de la pression des délais, le Cameroun, s’il acceptait la proposition de la CAF, pourra organiser en toute tranquillité sa CAN en 2021, en demeurant toujours ce pays de mythes et de légendes du football, amplificateur de l’enthousiasme et de l’ivresse dans ces temples divins ou du coup d’envoi au coup de sifflet final, des milliers de supporters et de millions de téléspectateurs en ont fait à la fois des champs d’ardeur guerrière et d’esthétique de défilé de mode.
Antérieurement attribuée à la Côte d’Ivoire, si la CAN 2021 déménageait de la Lagune Ebrié pour le Mont Fébé, il est fort à parier que c’est la Guinée qui va payer les frais. Pour la simple raison que la CAN 2023 qui lui a été attribuée à Addis-Abeba l’a été en violation flagrante des textes de la CAF, sans appel à candidature.
Or, tout porte à croire que l’on s’achemine vers ce cas de figure dans la mesure où la Côte d’Ivoire a compéti pour gagner l’organisation de la CAN 2021 et peut par conséquent, logiquement se voir attribuer la 2023 en compensation de la 2021 bien qu’elle a déjà montré sa volonté et ses capacités à tenir les délais.
Après l’organisation réussie des jeux de la francophonie, les travaux de construction du grand stade d’Abidjan ont déjà commencé tandis que la rénovation des stades existants est en cours. Et dans le cadre de la coopération chinoise, des stades flambant neuf vont sortir de terre à San-Pedro et à Korhogo.
34 ans après avoir organisé la CAN qui avait été remportée justement par les Lions indomptables du Cameroun de Théophile Abéga, le pays de Laurent Pokou et de Didier Drogba, vainqueur de l’épreuve de 92 à Dakar et de 2015 à Malabo, aura donc cinq bonnes années pour accueillir l’Afrique. C’est largement suffisant pour être à la hauteur des attentes.
Finaliste malheureux en 76 à Addis-Abeba, l’occasion rêvée d’organiser la CAN pour une fois de son histoire semble s’éloigner de la Guinée, qui, il faut avoir le courage de le dire, depuis que la CAN 2023 lui a été attribuée en 2014, n’a donné aucun signe quant à sa détermination à l’organiser. A part la mise en place d’un comité d’organisation doté d’un siège et de commissions techniques, ajoutées à des missions d’identification des sites à l’intérieur du pays.
Dans ces conditions, les Guinéens, bénéficiaires d’un cadeau royal de Issa Hayatou n’auront pas à rougir d’une décision de la CAF lui retirant ce qu’elle n’a pas obtenu dans les règles de l’art. Alors, il ne restera plus à la Guinée que de se porter candidate pour l’organisation d’une CAN, mais cette fois-ci en allant loyalement à la compétition par appel à candidature.
Mais, ne dit-on pas que impossible n’est pas guinéen ? Le temps nous dira si cela n’est pas une fierté mal placée.
Amadou Diouldé Diallo, journaliste et historien