Manifestations à Boffa : ce que les communautés reprochent à Bel-Air Mining

Comme annoncé précédemment, les jeunes des districts de Mankountan, Tougnifily et Doukourou, dans la préfecture de Boffa, ont manifesté ces derniers jours contre la société minière Bel-Air Mining/Allufer. Ils dénoncent « le refus » de la société de respecter le contenu local, a appris l’envoyé spécial de Guineematin.com à Boffa.

Rien ne va actuellement entre la société minière Bel-Air Mining/Alufer et les jeunes des localités dans lesquelles elle évolue. Plusieurs jeunes des districts de Mankountan, Tougnifily et Doukourou ont manifesté mercredi et jeudi pour dénoncer le non-respect du contenu local par la société. Les manifestants ont investi le corridor de la société, empêchant toute activité sur place.

Selon Sidibé Yaya Matou, président de la communauté de Kolissokho, (qui regroupe les sous-préfectures de Mankountan, Tougnifly et Doupourou), la jeunesse veut, à travers cette manifestation, réclamer ses droits vis-à-vis de la société Alufer. Il souligne que cette société minière n’a pas respecté les engagements qu’elle a pris à son arrivée. « Les engagements sont entre autres, l’employabilité des jeunes. Lorsque la société venait ici, elle a promis à nos parents que les 60 à 70% des enfants du terroir seront employés dans la société Alufer. Ce qui n’a pas été le cas jusqu’au jour d’aujourd’hui.

Et le plus grave, c’est que lors de la dernière visite du président de la République, la société a cherché à tromper la vigilance de toute notre administration, en montant une statistique qui n’était pas conforme à la réalité sur le terrain. Quand on nous dit que rien que dans le petit hameau de Kegnelya, ils ont recruté plus de 114 personnes, est-ce que l’ensemble des jeunes de Kegnelya atteint 114 personnes ? Quand vous prenez les petits villages tels que Kalé Kalé, Gbéréboui, Kénkélibabounyi ou Doupourou centre, vous constaterez que tout ce qui a été donné dans les statistiques est faux », a-t-il dit.

Poursuivant, Sidibé Yaya Matou indique que la société Bel-Air Mining n’a aucune considération pour les autorités de Boffa. Pour preuve dit-t-il, lors d’une réunion tenue récemment entre toutes les parties, la société s’était engagée par écrit à employer les jeunes de sa zone d’exploitation. Mais depuis, rien n’en est. « Si nos parents ont accepté de laisser les champs-là, au profil de Alufer, nous avons pensé qu’à leur arrivée, ce sont les fils du terroir qui allaient être engagés. Mais, vérifiez dans les relations communautaires d’Alufer, aucun membre de la communauté n’y est.

Maintenant ce que nous voulons, c’est qu’Alufer applique ce qu’elle a pris comme engagements. Celui d’appliquer les trois points qui ont été signés à Boffa : premièrement, l’employabilité des jeunes et la formation. Nous avons déjà, par le biais de notre maire central de Boffa, obtenu une salle où nous pourrons tenir la formation. Deuxièmement, nous voulons que les fils du terroir soient employés. Dans cet accord, Alufer a demandé à ce que les fils du terroir déposent leurs dossiers, cela a été le cas. On a déposé 1666 dossiers. Sur les 1666 dossiers, ils ont trié, ils n’ont déployés que 744 récépissés. Nous avons dit que nous sommes d’accord qu’ils prennent ces 744 personnes. Mais, vérifiez aujourd’hui, sur les 744, aucun n’a été pris », a-t-il fustigé.

Enfin, sur la manifestation organisée par la communauté, le président de la communauté de Kolissokho a dénoncé la force excessive utilisée par les forces de l’ordre à leur endroit. Il accuse les agents d’avoir fait usage de leurs armes à feu dans le maintien d’ordre. « Depuis hier, la communauté par le biais de sa jeunesse, a décidé de manifester de façon pacifique. On a dit aux jeunes que même un Bic d’Alufer, personne ne doit prendre. Mais, qu’est-ce que nous constatons ? Le matin, les gendarmes et les policiers qui étaient venus ont procédé à des tirs à balles réelles. Des tirs sur des pauvres paysans qui ne savent même pas ce que c’est qu’une arme blanche », a dénoncé le jeune homme.

A noter qu’une réunion est annoncée dans les prochaines heures entre la communauté, les autorités locales et la société minière Bel-Air Mining/Alufer. Elle vise à trouver un dénouement heureux à la crise.

A suivre !

De Gbérébou (Boffa), Ibrahima Sory Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

Facebook Comments Box