Corruption, grève des enseignants, vol des élections : Sidya Touré flingue le pouvoir d’Alpha Condé

Après avoir démissionné de son poste de Haut-Représentant du chef de l’Etat, Sidya Touré reprend sa casquette d’opposant et tire sur le pouvoir actuel. Le président de l’UFR qui a présidé l’assemblée générale hebdomadaire de son parti, ce samedi, 15 décembre 2018, s’est montré amer à l’égard des autorités guinéennes. Il a dénoncé la corruption qui gangrène l’administration, la gestion de la grève des enseignants en cours et le fichier électoral, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

C’est la première rencontre entre Sidya Touré et ses militants depuis sa récente démission de son poste de Haut-Représentant du président Alpha Condé. Et, le président de l’UFR peut se féliciter d’avoir pris cette décision. Car ses partisans ont bien apprécié sa démission, et ils ont tenu à le lui exprimer. Sidya Touré en a profité pour expliquer les raisons qui l’ont poussé à jeter l’éponge. Ce sont, selon lui, un certain nombre de dysfonctionnements qu’il a constatés dans la gouvernance actuelle et le refus du président de la République d’écouter ses conseils.

Parmi les problèmes que dénonce le président de l’UFR, figure « la corruption qui gangrène l’administration et le manque de volonté du gouvernement d’aller de l’avant ». Pour lui, l’actuel gouvernement ne peut pas amener la Guinée vers le développement souhaité. « Ce gouvernement ne peut pas faire avancer un pays, parce qu’il y a pas une feuille de route précise et il n’y a pas de volonté. L’administration est gâtée, tout le monde cherche l’argent. La corruption est telle qu’on ne peut plus rien faire.

Dans l’administration, chacun cherche des marchés. C’est leur travail durant toute la journée, uniquement pour faire sortir de l’argent et mettre dans ses poches. On ne peut pas travailler avec ça. Regardez comment Conakry est sale aujourd’hui. Est-ce qu’on peut dire à un étranger qui vient nous trouver dans cette situation, 60 ans après notre accession à l’indépendance, qu’on est fier de notre dignité ? Est-ce que c’est une dignité ça ? La dignité commence par la propreté », a-t-il dit.

Sidya Touré a fustigé aussi la gestion de la grève des enseignants qui paralyse le secteur éducatif guinéen depuis plus de deux mois. Une situation extrêmement grave, estime le président de l’UFR : « Les enfants qu’on prive d’éducation aujourd’hui, que deviendront-ils dans 10 ans ou dans 20 ans ? Rien du tout. Dans le monde entier, tous les gouvernements sérieux font de l’éducation leur programme numéro 1, leur première priorité c’est l’école. C’est l’éducation qui peut nous préserver de tous les maux. Mais quand on n’étudie pas, on ne peut rien faire aujourd’hui. On ne peut pas ignorer ce problème pendant plus de deux mois comme si de rien n’était ou en faire un problème de personnes.

Est-ce que ce pays appartient au père de quelqu’un ? On est tous guinéens ici et c’est notre pays à nous tous. Donc on ne peut considérer que la crise qui secoue le secteur éducatif est un problème de personnes, c’est un problème guinéen. Aujourd’hui, on entend certains dire que les enseignants ne sont pas bien formés. Mais, cela fait 8 ans depuis qu’ils sont au pouvoir, pourquoi ils ne les ont pas formés pendant tout ce temps ? Il faut qu’ils s’asseyent pour discuter et trouver une solution afin de permettre à nos enfants d’étudier.

Quelqu’un peut te demander 10 millions, tu lui dis que tu n’as pas la possibilité de lui donner ça. Tu lui dis de prendre 100 mille en attendant d’avoir un peu plus de moyens. S’il y a la confiance entre vous, vous allez vous entendre. Mais si vous prenez tous problèmes des guerres de personnes. Vous êtes en guerre avec l’opposition, en guerre avec les syndicats, en guerre avec les travailleurs, ça veut dire que c’est un gouvernement qui ne veut pas aller de l’avant. Parce que vous ne pouvez pas travailler sans les Guinéens, et si vous êtes en guerre avec tout le monde, ça veut dire que vous ne voulez pas travailler ».

L’ancien Haut-Représentant du chef de l’Etat guinéen décide donc, au vu de toutes ces situations, de s’éloigner de cette gouvernance actuelle pour se consacrer à son parti et chercher à conquérir le pouvoir en 2020 afin d’inverser la tendance actuelle. Mais, avant les élections à venir, le président de l’UFR veut que le fichier électoral soit complètement assaini. Car, dit-il, l’actuel fichier ne permet pas d’aller à une élection transparente. « Il y a 1.574.000 personnes inscrites sur le fichier électoral qui n’ont pas leurs empreintes. Ce sont des noms fabriqués pour pouvoir voler. Donc le fichier électoral n’est pas bon.

C’est soit on fait un nouveau fichier ou alors on demande à tous ceux qui sont inscrits d’aller mettre leur empreinte pour qu’on sache que c’est effectivement eux qui sont inscrits sur le fichier. Parce que ces 1.574.000 personnes, on ne sait pas d’où viennent-elles. Est-ce que ce sont des anges ? Est-ce que ce sont des diables ? On ne sait pas. Donc qu’ils viennent mettre leurs empreintes pour qu’on puisse les voir. A ce moment, on verra s’il y a des diables qui ont des empreintes. Parce que quiconque obtient 1.574.000 voix comme ça personne ne peut le battre à une élection. On ne l’acceptera jamais. Ce fichier sera totalement assaini avant qu’on aille aux prochaines élections », a indiqué Sidya Touré.

Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628124362

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