MÉMORANDUM A L’ATTENTION DES ACTEURS POLITIQUES ET SOCIAUX DE LA GUINÉE

La République de Guinée traverse encore une impasse politique et sociale  aggravée par des difficultés économiques qui contribuent à maintenir le pays dans une situation de tensions perpétuelles.

La mauvaise qualité de la gouvernance caractérisée par une corruption à tous les niveaux mais aussi la violation récurrente des droits de l’Homme, les crises électorales constantes nées du non-respect du calendrier républicain, de l’opacité des processus électoraux ainsi que la résurgence des violences politiques qui ne cessent de faire des victimes, dans notre pays n’a pu échapper au Forum des ONG tenue du 21 au 23 avril 2018, à Nouakchott, en prélude de la 62e session de la Commission Africaine des Droits de l’homme et des Peuples qui s’est tenue du 25 avril au 9 mai 2018 en Mauritanie.

Du point de vue du développement économique, c’est d’autant un pléonasme de soutenir que la Guinée va mal que notre pays est toujours à la traîne dans le classement du PNUD sur l’indice du Développement Humain. La République de Guinée occupe la 182e place sur 188 en dépit des annonces sur des retombées d’importants contrats miniers avec des pays dits amis.

Sur le plan de la gouvernance,la Guinée occupe la 31e sur 49 pays en Afrique et 148e sur 180 au niveau mondial, selon le Classement 2017 de Transparency Internationale.

L’accès aux services sociaux de base est toujours difficile pour les populations en situation d’appauvrissement quasi endémique qui pousse les jeunes en quête d’un meilleur devenir à emprunter les chemins dangereux et hypothétiques des migrations clandestines.

L’état de droit est toujours fragilisé par la gangrène de l’impunité. L’identification des auteurs des violences politiques consécutives aux différents processus politiques de 2012 à nos jours ainsi que la réparation des victimes y afférentes, qui sont pourtant partie intégrante des différents accords politiques, sont toujours renvoyées aux calendres grecques. 

La mise en place d’un comité de pilotage du procès du massacre du 28 septembre 2018 ne constitue pas au regard de l’évolution du dossier, la garantie que ce procès fondamental pour mettre fin à l’impunité et jeter les bases d’une réconciliation nationale aura enfin lieu. Des citoyens mis en examen dans cette affaire tragique continuent d’occuper les hautes positions dans l’appareil d’Etat et le manque de volonté politique du côté de L’Etat à mobiliser l’ensemble des ressources auxquelles il s’était engagé auprès des partenaires techniques et financiers pour la tenue de ce procès.

L’actuelle crise électorale issue des élections locales moult fois reportées pour des raisons purement de politique politicienne illustre bien les immenses efforts à fournir afin que la Guinée puisse organiser des élections crédibles, transparentes, inclusives,sans violence et à date échue. Cette situation n’honore pas ce pays et ses citoyens contraints de marcher la tête basse lors des rencontres régionales et internationales sur la gouvernance politique et institutionnelle. Elle soulève par ailleurs des interrogations sur la capacité de l’administrative électorale présente et des organes de régulation de l’Etat à créer la confiance dans note système électoral et de gouvernance des affaires publiques qui s’explique par un manque de visibilité et de lisibilité sur la tenue des élections législatives et présidentielles à date.

Face à un tel tableau peu reluisant et au moment où d’autres manifestations politiques sont en cours pour exiger le respect des accords du 08 août 2018 et la reprise des cours par les élèves, la Cellule Balai Citoyen plus que jamais soucieuse de la stabilité et de la paix dans notre pays, de la qualité de vie des populations guinéennes et de la gouvernance des affaires publiques par les différentes institutions publiques, lance un appel :

Au Gouvernement :

  • De mettre fin à ces crises par des solutions politiques et sociales respectueuses de l’intégrité des accords signés avec les différents acteurs ;
  • De respecter le calendrier républicain ;
  • De faire de la révision ordinaire des listes électorales la règle ;
  • D’assainir l’actuel fichier électoral en tenant compte des résultats de l’audit déjà disponible;
  • La recomposition de la CENI en tenant en compte de la nouvelle loi organique déjà promulguée par le chef de l’Etat,
  • D’assainir la gestion publique des fonds et biens de l’état ;
  •  De lutter contre la gabegie financière et la corruption avec toute la volonté politique et la transparence requises ;
  • De créer les conditions favorables pour un dialogue avec les différents protagonistes politiques et sociaux ;
  • De respecter ses engagements dans les différents accords dont il est signataire avec les différents protagonistes ;
  • De prendre toutes les dispositions pour le respect et la mise en œuvre des accords et ententes faites avec les structures syndicales 

Aux acteurs politiques :

  • D’éviter toutes formes de violence physique et/ou verbale à caractère ethnique et communautaire ; 
  • De privilégier le dialogue politique pour une sortie de crise politique
  • De respecter les textes de lois en vigueur ;
  •  D’éviter de recourir aux méthodes de revendication susceptibles d’entraver la liberté de mouvement des citoyens, de paralyser l’exercice des activités économiques et sociales par les citoyens de nature à entraver la paix, la stabilité sociale et les activités économiques des citoyens.

Aux acteurs sociaux :

  • Exercer leurs actions dans le strict respect des lois et règlements ainsi que leurs statuts respectifs, tout en restant neutres et indépendants vis-à-vis des positions et tentations politiques;
  • Faire constamment montre du sens très élevé de la nation et du respect des institutions de la République.
  • Continuer à préserver les valeurs positives de la nation Guinéenne, y compris l’unité nationale, la concorde nationale, l’amour du travail, l’amour de la patrie, et le civisme;
  • Résister à la manipulation politique, à la tentation politique et faire montre de maturité face aux enjeux du pays.       

Pour finir, la Cellule Balai Citoyen rappelle que :

« Les Guinéens ont besoin et veulent un avenir plein d’espoir et positif. Ceci inclut les ressources et les outils qui les aident à avoir foi en l’avenir ; qui leur permettent de construire leur conscience de soi ; et qui leur permettent de prendre en charge leur avenir en tant qu’individus ainsi que les catalyseurs du changement dans leurs communautés. Ils ont maintenant besoin d’outils qui leur permettront plus tard de naviguer dans le monde en tant qu’adultes. Toutes fois, les Guinéens ont besoin de savoir qu’ils peuvent parler, et qu’il y a des endroits où les gens les écouteront. Les Guinéens ont besoin de savoir ce qu’ils pensent et ressentent importe, que les gens se soucient de ce qu’ils disent et que ce qu’ils disent dépend de la façon dont leurs communautés sont formées et développées. »

Vive le peuple de Guinée !

Vive la Société Civile Guinéenne !

Vive la Cellule Balai Citoyen !

Que Dieu bénisse la Guinée etles Guinéens !

Administrateur Général

Sékou Koundouno

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