« Seuls les habits que je porte me restent aujourd’hui », raconte un migrant rentré d’Angola


Mohamed Doumbouya de la cellule de communication de l’OIM-Guinée

Les migrants guinéens détenus en Angola commencent à regagner le pays. Une première équipe de 21 personnes est arrivée hier, jeudi, 20 décembre 2018, à Conakry. A leur descente d’avion à l’aéroport de Conakry, les migrants ont raconté le calvaire qu’ils ont vécu en Angola, a constaté Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

C’est une équipe de 30 personnes qui était attendue ce jeudi, 20 décembre à Conakry. Mais, en raison d’un problème de place dans l’avion, c’est finalement 21 personnes qui sont venues. Ces migrants, considérés comme illégaux en Angola, puisque ne disposant de papiers, étaient détenus depuis plusieurs mois dans les prisons du pays. Ils ont été rapatriés par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), en collaboration avec le gouvernement guinéen.

Selon Mohamed Doumbouya, membre de la cellule de communication de l’OIM Guinée, cette première opération devrait être suivie d’autres. « L’OIM Guinée a répondu à un appel du gouvernement guinéen qui a manifesté le besoin de venir en aide aux guinéens qui étaient en détresse dans les centres de détention en Angola. C’est la première expérience mais avec l’assistance de l’Etat guinéen et d’autres partenaires, on espère vraiment pouvoir aider plus de personnes qui sont là-bas », a-t-il indiqué.

Pour les migrants, ce retour au bercail est plus qu’un soulagement. C’est une libération après l’enfer qu’ils ont vécu en Angola, même s’ils ont tout perdu. « Ils disent qu’ils font les choses légalement mais c’est faux. Je faisais le commerce là-bas, ils m’ont suivi de ma boutique jusque dans ma chambre, ils m’ont frappé et mis en prison.

Ils ont retiré tous mes biens et ont pris tout ce que je gardais dans ma maison, même mes habits. Seuls les habits que je porte me restent aujourd’hui. Je suis resté pendant plusieurs mois en prison, mais aujourd’hui je dis Dieu merci puisque je suis rentré chez moi et je remercie l’OIM », explique Abdoulaye Fofana.

Mamady Fofana, un autre migrant rentré d’Angola, a raconté sa mésaventure avant d’exhorter les autorités guinéennes à aider tous les Guinées qui sont détenus dans les prisons angolaises à rentrer au pays. « Les Angolais nous ont maltraités, ils nous attrapent et attachent comme des animaux pour nous mettre en prison.

Et dans ces prisons, on nous frappait, même quand nos frères nous amenaient à manger ils refusaient qu’on mange. Aujourd’hui je remercie le gouvernement guinéen et l’OIM. Mais, je lance un appel au gouvernement guinéen pour qu’il aide nos compatriotes qui sont dans les prisons là-bas, même s’il faut affréter deux avions par jour pour ramener les autres qui croupissent dans les prisons angolaises », a plaidé Mamady Fofana.

Comme ses prédécesseurs, Saïkou Oumar Barry qui a passé 6 ans en Angola, rentre aujourd’hui en Guinée les mains vides. Après l’expérience qu’il a vécue, il donne un conseil à ses compatriotes guinéens. « Les Angolais ne détestent pas tous les migrants qui sont dans leur pays, mais ils détestent particulièrement ceux de l’Afrique de l’ouest. C’est comme si nous n’avions pas de gouvernants, nous ressemblons à des orphelins là-bas, ils n’ont aucun respect ni de considération pour nous.

Les gens disent que ce sont les guinéens qui s’entretuent là-bas mais c’est faux, ce sont eux qui assassinent les gens juste par jalousie et méchanceté. Si vous voyez tous les biens que nos compatriotes ont perdus là-bas, vous allez être en colère. Mais, moi ce que je vais dire à mes parents guinéens, c’est de rester en Guinée et investir ici, parce que personne ne viendra nous chasser ici », a-t-il lancé.

A l’arrivée de ces migrants à l’aéroport de Conakry, l’OIM Guinée a mis à leur disposition un téléphone portable avec une carte SIM et une somme de 500 000 francs guinéens chacun pour leur permettre de payer leur transport pour rejoindre leurs familles.

Salimatou Diallo pour Guineematin.com

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