Bilan de la législature, gestion du Pr. Alpha Condé… Ce qu’en dit Damaro Camara (interview)

Honorable Amadou Damaro Camara, président de la nouvelle Assemblée nationale

« L’histoire retiendra que le professeur Alpha Condé aura mis en œuvre le commencement des grandes infrastructures routières. Imaginez, du kilomètre 36 à Dabola, une route deux fois deux, ce que ça peut faire à l’économie des préfectures traversées. Et, l’histoire retiendra que malgré nos réserves de bauxites, qu’après cinquante ans d’exploitations, l’histoire retiendra que c’est sous Alpha Condé que la Guinée est devenue le premier producteur et exportateur de cette ressource nationale ».

La session budgétaire au compte de cette année a été bouclée ce lundi, 31 décembre 2018. Cette session met également fin au mandat de cette législature. Dans un entretien accordé à quelques médias dont Guineematin.com, le président du groupe parlementaire du RPG arc-en-ciel est revenu sur les grands projets qui ont été réalisés au cours de la législature actuelle. Il a aussi donné son point de vue sur l’actualité sociopolitique de notre pays, la gestion du président Alpha Condé, et les perspectives qu’il souhaite pour la Guinée en 2019.

Décryptage !

Vous venez d’achever la session ordinaire du budget. Ce qui clos les cinq (5) années de la législature actuelle. Concrètement, quelle est la leçon de cette législature ?

L’honorable Amadou Damaro Camara : je crois que le président de l’Assemblée nationale a fait un excellent discours. Un discours de rassemblement, un discours de félicitation. Je crois que la leçon qu’il faut tirer de cette législature est que nous avons l’Assemblée nationale la plus équilibrée de l’Afrique, où l’opposition a- comme le disait le président- une minorité de blocage. Mais, nous avons réussi à toujours négocier pour faire voter cinq (5) lois organiques. Parce que toutes les lois organiques qui nous ont été proposées, aucune n’a été rejetée parce qu’il fallait la majorité qualifié des deux tiers. Ça, c’est un premier aspect.

Ensuite, nous avons eu 240 textes de lois (dont le dernier est le code civil qui a été voté avant-hier et qui avait soulevé un débat national). Nous nous sommes mieux connus. Je crois que les députés ont beaucoup plus pris conscience de leur rôle, de la représentation nationale. Et, je suis sûr que les prochaines législatures feront mieux que la législature actuelle, qui a mon sens, dans un débat parlementaire, a pris un enjeu beaucoup plus important cette fois-ci que les législatures précédentes.

Justement, vous avez quand même eu des débats houleux. Concrètement, qu’est-ce qui n’a pas marché ?

Honorable Amadou Damaro Camara : vous savez, c’est le temple de la politique. Souvent, on a des positions préconçues, on a des positions données par les états-majors des partis. Souvent, on a des réactions qui ne sont pas en fonction des débats ; mais, en fonction des positions politiques. Ça, c’est regrettable. On aurait dû travailler sur beaucoup d’autres sujets et voter ensemble. Mais, même nous de la majorité, il est arrivé qu’on retourne certains textes dont l’élaboration ne nous a pas satisfait pour amener le gouvernement à une autre lecture. Comme le gouvernement nous a envoyé aussi souvent des textes, à une seconde lecture pour que les députés revoient leurs copies. Cela s’est passé. Ce qui n’a pas marché, c’est qu’il y a souvent eu des coups de gueules, il y a souvent eu des propos qui ne nous honorent pas, il y a souvent eu des accusations gratuites de certains députés à l’endroit d’autres, sans aucune base de preuve. Ça, c’est regrettable. Mais, globalement, la législature a été une bonne législature, et pour l’opposition et pour la mouvance présidentielle.

Honorable, quelques heures seulement nous séparent de 2019. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué cette année, notamment du point de vue de la gouvernance ; et, dites-nous quelles sont les recommandations pointues qui doivent orienter le gouvernement ?

Honorable Amadou Damaro Camara : vous savez que l’action gouvernementale est une œuvre humaine. On le regarde comme de l’eau dans un verre. On peut le regarder comme le verre à moitié plein ou à moitié vide. Ça dépend de ce que l’on veut faire passer comme message. Donc, c’est sûr que le professeur Alpha Condé lui-même président de la République, n’a pas pu faire tout ce qu’il a voulu faire. Et aussi, tout ce qu’il a fait n’est pas dans la perfection ou dans l’état dans lequel il aurait voulu qu’il soit. Mais, au-delà des cloisonnements politiques, l’histoire retiendra que le professeur Alpha Condé est le père de l’électrification de la Guinée. L’histoire retiendra que le professeur Alpha Condé aura mis en œuvre le commencement des grandes infrastructures routières. Imaginez, du kilomètre 36 à Dabola, une route deux fois deux, ce que ça peut faire à l’économie des préfectures traversées. Et, l’histoire retiendra que malgré nos réserves de bauxites, qu’après cinquante ans d’exploitations, l’histoire retiendra que c’est sous Alpha Condé que la Guinée est devenue le premier producteur et exportateur de cette ressource nationale. Et, dans les cinq (5) prochaines années, selon toutes les conventions que nous avons passées ici, la Guinée commencera à transformer une proportion beaucoup plus importante de cette bauxite en alumine et en aluminium. Ce qui pourrait faire du domaine des mines, le socle pour un développement du secteur agricole, du secteur infrastructurel dans le pays. Et aussi, l’histoire retiendra que chaque année, avec l’augmentation de la population, nos importation de riz, notre alimentation de base, avait atteint plus de 500 mille tonnes de riz. Alors qu’à cause de la politique agricole du professeur Alpha Condé, d’assistance agricole par les herbicides, notre importation de riz est en train de diminuer d’année en année. Et aussi, l’anacardier qui est sur le marché international, plus de 1 700 dollars la tonne, dans deux ou trois ans, serait considérée comme une production nationale. Et, le fonio qu’on a juste cultivé comme une culture vivrière derrière les cases, est en train de devenir une culture industrielle. Moi qui vous parle, j’ai récolté avec mes machines et autres cette année, presque 16 tonnes. Rien qu’en fonio que je veux mettre en sachet pour éventuellement mettre dans les supermarchés ou exporter. Ça, ce sont des choses qui n’ont rien à avoir avec mes positions politiques, qu’on peut dire globalement négative. Parce qu’on est de l’opposition. Mais, on n’éteint pas le courant parce qu’il est venu de quelqu’un qui n’est pas de ma mouvance politique.

Justement, pour conserver ces acquis, vous avez fait des recommandations dans le sens de qualifier, dans le sens de pérenniser. Quelles sont ces recommandations non seulement du côté de l’opposition, mais aussi de la mouvance ?

Honorable Amadou Damaro Camara : j’avoue que l’opposition dans son rôle de critiques et de suggestion, est d’utilité publique. Je l’ai toujours dit. L’opposition est nécessaire à une démocratie. Ce sont des cadres qui sont dans l’opposition, ce sont des cadres qui ont géré ce pays dans des secteurs, il y a des grand commis de l’Etat parmi les députés de l’opposition, ils ont fait des propositions. Mais, malheureusement, ils critiquent beaucoup plus qu’ils ne font des propositions. Alors qu’aujourd’hui, le Chef de file de l’opposition, c’est de critiquer, faire des propositions, en rencontrant le Chef de l’Etat, bien sûr sur proposition de celui-ci, mais il n’est jamais arrivé. Sinon, le Chef de file de l’opposition devait faire des propositions dans un mémo et déposer au président de la République. Et, vous vous rendrez compte, j’oubliai cela, que la Guinée qui n’avait aucun hôtel, en a une dizaine aujourd’hui. Les recommandations, c’est d’améliorer, de qualifier la gouvernance. De lutter contre la corruption, de se doter de moyens juridiques de lutte contre la corruption, d’accélérer les procédures de passation de marché qui sont souvent des causes de corruption. De faire respecter la loi et de rehausser le respect de l’autorité de l’Etat. Parce que croyez-moi, sans autorité de l’Etat, sans un Etat fort, il n’y a pas de démocratie. Alors, ce sont des recommandations que nous nous faisons. On nous lie souvent notre rôle de législateur qui fait les lois et qui contrôle l’action gouvernementale, on croit que parce que nous sommes de la mouvance, nous devons répondre de ce qui se fait au niveau de l’exécutif. Non, nous sommes des législateurs et nous demandons nous aussi à l’exécutif ce qu’il faut souvent faire. Il est arrivé qu’on leur dise, l’année dernière par exemple, ce budget, nous n’allons pas le voter s’il n’y a pas eu ceci, s’il n’y a pas eu cela.

On rappelle que vous êtes le président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle. A votre arrivé en 2013, le budget était de 12 mille milliards. Aujourd’hui, il est de 22 mille 313 milliards. Qu’est-ce qui explique ce succès à votre niveau ?

Honorable Amadou Damaro Camara : si je dois me limiter à la dernière session budgétaire, le Premier ministre Chef du gouvernement, Kassory Fofana, a introduit quelque chose de très important. Premièrement, il a réduit le train de vie de l’Etat, en coupant 20% du budget de consommation, le budget de fonctionnement des ministères pour les réorienter vers les investissements. Deuxièmement, il a créé un fonds, pour parler en français facile, des budgets d’affectations spéciales. C’est d’envoyer à peu près 600 milliards rien que dans les communes pour leurs infrastructures, désormais selon leur importance, qui doivent aller essentiellement aux besoins sanitaires et scolaires des communes. En 2014, le premier budget que nous avons eu avec le président Alpha Condé, le budget de l’éducation était à 4,7% du budget de l’Etat. Aujourd’hui, nous sommes à peu près à 18%. Les syndicats veulent qu’on réduise ce pourcentage de l’investissement dans le secteur éducatif pour les faire en salaires. Le budget de la santé était à 1,7%. Au-delà même des institutions liées aux structures collatérales du ministère de la Santé, le budget est parti aussi de 1,7% à peu près 10% aujourd’hui du budget national. Ce sont des progrès réalisés et je disais tout à l’heure, les recettes minières ont presque triplées pendant cette période. Et, nous avons quand même eu plus de trois milliards de dollars de prêts, financés de l’extérieur, d’investissements qui sont passés chez-nous ici. Et, imaginez-vous que tout ça, c’est très peu d’appuis budgétaires ; mais, beaucoup plus d’investissements dans les infrastructures pendant cette seule législature.

Propos recueillis et décryptés par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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