Evasion d’un détenu à Conakry : 3 gardes pénitentiaires jugés

Le procès de trois (3) gardes pénitentiaires, poursuivis pour complicité d’évasion, a débuté hier jeudi, 03 janvier 2019, au tribunal correctionnel de Dixinn. Seydouba Bangoura, Mamadou Alpha Diallo, dit Koto, et Amara Keita ont nié les faits à la barre. Le procureur a requis 4 mois de prison pour le premier cité et 6 mois assortis de sursis pour les deux autres, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les trois compagnons d’infortune ont passé le réveillon en prison, mis sous mandat de dépôt le 28 décembre 2018. Une situation qui fait suite à l’évasion en pleine journée de Mamadou Baïlo Diallo, poursuivi dans un dossier criminel.

En effet, c’est après l’audience criminelle du lundi, 24 décembre 2018, au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la mairie de Ratoma, que Mamadou Baïlo Diallo a pris la poudre d’escampette alors que les gardes pénitentiaires le ramenaient en prison.

Mais, à la barre du tribunal, les trois prévenus ont rejeté en bloc les faits de complicité d’évasion pour lesquels ils sont poursuivis.

Seydouba Bangoura, un des gardes, est revenu sur les circonstances de la fuite du prisonnier. « Le lundi 24 décembre 2018, on a escorté 5 accusés au tribunal de Dixinn. Parmi les 5 accusés, 2 ont été acquittés ce jour. Après l’audience les 3 autres ont été escortés comme d’habitude dans la fourgonnette. Comme toujours, lorsqu’on est arrivé à Dixinn, Amara Keïta est descendu pour rentrer chez lui. Et Mamadou Alpha Diallo, dit Koto, est aussi descendu pour aller chercher le rôle chez le procureur, Bakary Camara.

Koto m’a dit d’escorter les 3 prévenus à la maison centrale. J’étais donc seul. Il y avait l’embouteillage et je faisais dos aux prévenus. Arrivé au rond-point de Donka, ils m’ont poussé avec force, ils ont ouvert la porte qui était fermée avec trois crochets, et le prévenu Mamadou Baïlo Diallo s’est évadé. J’ai fait des efforts et on a pu arrêter les deux autres », a expliqué Seydouba Bangoura.

Pour sa part, Amara Keïta a dit que lorsqu’il est descendu à Dixinn, il a laissé les prévenus avec son chef Mamadou Alpha Diallo et Seydouba Bangoura pour continuer avec eux. « C’est à 19 heures que Koto m’a appelé pour me dire qu’un prévenu s’est évadé en cours de route ».

Dans ses réquisitions, le procureur Boubacar 1 Bah dira que dans cette affaire, il y a eu une complicité passive. « Dans la fourgonnette, il y a deux places réservées aux gardes. Mais, il s’est assis et a tourné le dos pour regarder les véhicules sans faire face aux prévenus. C’est dans cette négligence qu’il a été poussé par les détenus et l’un d’eux s’est évadé. Donc, Seydouba Bangoura n’a pas pleinement joué son rôle. C’est pourquoi, je demande au tribunal de le retenir dans les liens de culpabilité de complicité d’évasion en le condamnant à 4 mois de prison ferme. Quand à Amara Keïta et Mamadou Alpha Diallo, je requiers qu’il vous plaise de les condamner à 6 mois assortis de sursis ».

De son côté, le collège d’avocats de la défense, qui comprend maitre Pépé Antoine Lamah, maitre Abou Mohamed Camara et Michel Labila Sonomou, a demandé la relaxe pure et simple des prévenus.

Au cours de sa plaidoirie, maitre Pépé Antoine Lama n’a pas caché son amertume face aux difficultés que connaissent les gardes pénitentiaires. « Vous avez devant vous trois serviteurs exploités, maltraités, mal payés. Je suis choqué de voir ces trois prévenus devant vous, qui ont un salaire en dessous de 100 euros. Ils escortent les détenus dans des conditions non sécurisées, sous le soleil et sous la pluie. Ils ne sont pas armés, ils ne sont pas formés, ils m’ont aucun équipement. Alors, je vous demande de les relaxer purement et simplement pour délit non constitué », a plaidé l’avocat.

L’affaire a été renvoyée au jeudi, 10 janvier 2019 pour la délibération.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 654 416 922/664 413 227

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