Le procès des présumés auteurs du meurtre du jeune Moussa Sow, pris en flagrant délit de vol dans une concession, se poursuit au tribunal criminel de Dixinn. Après les explications des accusés, c’est la famille de Moussa Sow, battu mortellement en octobre dernier, qui a comparu à la barre hier, mardi 15 janvier 2019, en qualité de témoin pour sa version des faits, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
A l’ouverture de la séance, le président Ibrahima Kalil Diakité a donné la parole à Aminata Barry, grande sœur de Moussa Sow. Elle est revenue sur les faits. « Tôt le matin, je me suis réveillée. J’étais entrain de préparer mes enfants pour l’école. C’est là que j’ai entendu les gens dire qu’ils ont ligoté et battu un jeune dans la nuit. Je suis partie pour voir. J’ai trouvé mon frère attaché dans leur salon. Mamadou Saliou avait son pied sur la tête de mon frère. Dès que Moussa m’a vue, il a dit c’est elle ma sœur. Après, le jeune Mamadou Saliou a dit, puisque c’est toi sa sœur, je vais le détacher pour t’attacher à sa place. Je lui ai répondu, puisqu’il est fort, de venir m’attacher. J’ai dit à Oumou Khairy (la mère de famille agressée à son domicile, ndlr) qu’une femme ne doit pas se comporter de la sorte. Elle m’a répondu qu’elle a bien fait et ne qu’elle ne regrette rien. Mon frère a demandé à ce qu’on lui donne de l’eau à boire. Elle a répondu qu’il ne va pas boire son eau. C’est ainsi que j’ai appelé ma marâtre, la mère de Moussa, au téléphone, pour lui dire que son fils a des problèmes, de venir. Elle était déjà au marché de Matoto pour acheter sa marchandise. Puis, j’ai décidé d’appeler mes frères. Ils sont venus nous chercher. A quatre, on a ramené mon frère à la maison, on l’a lavé. C’est en l’envoyant à l’hôpital qu’il a rendu l’âme. Ils l’ont brûlé au visage, ils ont gâté ses parties intimes. Ils disent que mon frère est entré chez eux à 3 heures. Mais, Moussa partait chez moi quand il a croisé le pic up des gendarmes à 19 heures. Pour se sauver, il est rentré dans la cour des Oumou Khairy Diallo qui l’ont ligoté et battu. C’est ça la vérité ».
De son côté, Fatoumata Barry, mère de Moussa Sow, a expliqué ce qu’elle sait de cette affaire qui a coûte la vie à son enfant. « La dernière fois que je me suis vue avec mon fils, c’est quand il partait jouer au football à 16h. Je lui ai dit de faire attention, il m’a donné son accord. Le lendemain matin, je suis partie dans sa chambre, il n’y était pas. J’ai demandé à ceux avec qui il dort, ils m’ont dit qu’il n’était pas rentré. Je suis parti au marché, parce que j’avais laissé mon téléphone à la maison. C’est quand je suis arrivé là où je revends mes marchandises que ma voisine m’a dit qu’elle a appris que mon fils a été ligoté et frappé, que même son cou a été cassé. Je me suis rendue immédiatement chez moi. J’ai trouvé mon fils couché par terre. Ce fut un choc pour moi. Cette dame (Oumou Khairy, ndlr) me dit que mon fils était parti chez elle pour voler. Mais, c’est faux. Mon fils était footballeur, il venait d’avoir son brevet. Il n’a jamais été accusé de vol ».
Dans son intervention, l’un des avocats de la défense a laissé entendre qu’il y a beaucoup de contre-vérités dans les propos des témoins. « Il y a beaucoup de contre-vérités. D’ailleurs, Moussa Sow avait dit que tout ce qu’il volait, il se partageait la part du butin avec sa sœur, Aminata Barry. Mieux, Aminata Barry n’est pas la sœur de Moussa Sow. L’un est Barry et l’autre est Sow », a fait remarquer maître Alsény Sylla.
Une position qui a fait réagir Aminata Barry, présentée comme étant la sœur de Moussa Sow. Selon elle, « Moussa Sow, c’est le fils de ma marâtre. Même si nous n’avons pas le même sang, nous vivons dans la même famille. Donc, c’est mon frère ».
Selon maître Sylla, il y a un certain doute sur les relations entre la victime et la dame. « Si Aminata Barry s’est constituée partie civile dans ce dossier, c’est qu’il y a anguille sous roche. Il y a quelque chose de louche entre les deux. Je me demande le pourquoi son acharnement dans ce dossier ? Pourquoi c’est n’est pas la mère de Moussa Sow qui s’en occupe? ».
Pour sa part, le procureur Daouda Diomandé va mettre en doute les témoignages des deux dames. « Comment est-ce que Mme Barry peut perdre de vue son fils à 16 h et ne plus le revoir, même le lendemain matin sans se soucier, étant donné que cela a coïncidé à une manifestation appelée par l’opposition ? Elle a vaqué tranquillement à ses occupations. C’est parce que Moussa Sow avait l’habitude de rester au dehors tard dans la nuit », soutient le procureur.
De son côté, maître Aissatou Bah, du collectif qui défend la famille Oumou Khairy Diallo, va relever des contradictions dans les témoignages des deux femmes. « Même au niveau des appels téléphoniques, il y a contradiction, parce que, Aminata Barry a dit avoir appelé sa marâtre. Mais, celle-ci dit avoir laissé son téléphone à la maison en partant à Matoto et que c’est sa voisine qui l’a informée sur la situation de son fils ».
L’avocat de la partie civile, maître Dianwadou Barry se dira satisfait des réponses données par ses clientes. Toutefois, il va solliciter la comparution des chefs secteur et quartier de Prince pour la manifestation de la vérité. Selon lui, « leurs déclarations ont été modifiées chez le juge d’instruction ».
Une demande qui sera appuyée par le procureur et les avocats de la défense.
L’affaire a été renvoyée au lundi prochain, 21 janvier 2019, pour la poursuite des débats et la comparution des responsables du secteur et du quartier de Prince, dans la commune de Ratoma.
Salimatou Diallo pour Guineematin.com